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Une alternative au Métro 3.

Décidé in extremis par le gouvernement Vervoort 2, le chantier du Métro 3 s’enlise – au sens propre – sous le Palais du Midi, comme le qualifie l’ARAU. La reprise des travaux pourrait faire exploser le budget et allonger les délais jusqu’à 8 ans à Stalingrad. Cependant, la ministre Elke Van den Brandt (Groen)  confirme: « le point de non-retour a été atteint », « il faut continuer l’extension jusqu’à Bordet ». Décision du gouvernement: fin avril.

Pour les habitants et commerçants du quartier Lemonnier/Stalingrad et pour les nombreux utilisateurs du Palais du Midi – qui ont déjà beaucoup souffert de ce chantier – 8 années de plus est tout simplement exclu. Plusieurs associations de la société civile dénoncent un tel dépassement de budget. Il serait insupportable pour la Région, qui serait contrainte d’abandonner tous ses autres projets urbanistiques destinés à améliorer la qualité de vie des Bruxellois.

Se voulant constructives, 21 associations et comités d’habitants regroupés sur la plateforme “Avanti !”, viennent de proposer une alternative. Elle tire parti des infrastructures existantes et des travaux déjà en cours: le Prémétro +. Cette réorganisation du réseau offrirait plus de lignes directes entre quartiers et renforcerait les fréquences sur l’axe prémétro Albert-Gare du Nord. Leur projet est très détaillé ICI et est aussi abordé par BX1. La STIB a promis d’y jeter un coup d’oeil.

Tour et Taxis plus aquatique.

Le site de Tour et Taxis ne cesse de se développer. Après la rénovation de l’entrepôt royal, des halls d’exposition, de parckfarm et de la gare maritime avec son foodmarket et ses événements, voilà des photos des plans d’eau de plus de 3.500 m2 qui viennent d’être inaugurés. Ils ont pour vocation de devenir un nouveau lieu de rencontre au cœur de la remarquable coulée verte qui relie désormais le quartier Bockstael au canal.

En quelques années, Tour et Taxis est devenu une nouvelle vitrine pour Bruxelles et les nouveaux étangs, aménagés par le groupe immobilier Nextensa, ne peuvent qu’augmenter son attractivité, en attendant que les nouvelles liaisons prévues avec le centre-ville en rendent l’accès plus aisé.

Si cette collaboration exemplaire entre acteurs publics et privés est saluée par les mandataires de la Région, des associations estiment la part de logement moyen construits par le privé trop importante et elle ne correspond pas aux attentes des Bruxellois aux revenus modestes. Ils épinglent l’absence de tout logement social sur le site alors que le « logement abordable » reste une priorité de la Région.

 

Ecouter les citoyens.

Tout projet nécessitant un Permis d’Urbanisme (anciennement permis de bâtir) ou un Permis d’Environnement est soumis à une enquête publique, annoncée par des affiches rouges. Cela ne se négocie plus entre quatre yeux dans le bureau de l’échevin de l’Urbanisme. Toute personne qui a des remarques à émettre peut le faire par courrier, par téléphone ou par internet. Elle peut même demander à être entendue par la Commission de Concertation. C’est un acquis important au niveau de la transparence et de la démocratie, même si cette procédure consomme du temps et n’est pas sans défauts.

La Commission Régionale de Développement (CRD) s’interroge actuellement sur l’efficacité de ce processus de participation. Elle a invité toute une série d’associations de la société civile, ainsi que des académiques, des échevins, des administrations et des cabinets à s’interroger à ce sujet. D’autres sujets seront abordés ICI et les conclusions seront livrées le 30 mai, à l’occasion du 30ème anniversaire de la CRD au parlement bruxellois.

Dès à présent, se pose la question de l’objectif de cette participation, mais aussi celle du nom de la Commission de concertation qui est plutôt une Commission d’avis, de nécessaires réunions en amont de la Commission et d’un suivi des décisions, du jargon juridique utilisé sur les affiches rouges, des horaires des réunions programmées durant les heures de travail, … Si tout commentaire doit être entendu et analysé, in fine, doit se poser la question de l’intérêt général qui doit primer. Tout le monde veut plus de trams … mais personne ne le veut dans sa rue !

Le co-living en question.

Vous vous souviendrez du billet annonçant que l’échevine de l’Urbanisme de la Ville – Ans Persoons – partait en guerre idéologique contre les personnes qui louent une chambre dans un ensemble Coliving & Coworking. Trop cher. Trop chic. Trop jeune. Trop bruyant. Pas accessible aux familles. Pour mettre fin à cela, elle voulait imposer une charge annuelle de 1.520€ par chambre … ce qui les rendrait encore plus chères, mais n’en diminuera pas le nombre. Où voulait-elle en venir, alors que la Ville peine à retenir la classe moyenne ?

Coup de théâtre, cet article de La Capitale révèle que la Région a pris un arrêté de suspension de ce règlement-taxe. La Tutelle estime que cela créerait une différence de traitement entre les titulaires d’un droit réel de jouissance sur l’immeuble dédié au co-living (ayant confié la gestion de ce dernier à un tiers) et les titulaires d’un droit réel de jouissance sur l’immeuble dédié au co-living n’ayant pas confié la gestion à tiers. La Ville viole ainsi le principe d’égalité de traitement.

C’est parce qu’elle ne démontre pas en quoi la différence de traitement ainsi opérée repose sur un critère susceptible de justification objective et raisonnable que la Ville est condamnée à retirer son règlement-taxe. Mais déjà, Etterbeek – qui est dans la même situation – envisage de modifier cette motivation en espérant ainsi maintenir la mesure. De nouveaux modes de vie émergent en ville, faut-il les encourager ou les dissuader ? Affaire à suivre.

Des résistants à l’oeuvre.

Progressivement, mais sans volonté affirmée, le canal est devenu une véritable frontière entre sa rive droite – riche et prospère appréciée des expats – et sa rive gauche – essentiellement peuplée de personnes issues de l’immigration. Une véritable « ghettoïsation » de la ville. Un “ghetto européen” côté droit du canal qui traverse Bruxelles du sud-ouest au nord-est et un “ghetto d’immigrés” côté gauche.

La Région dispose de peu de moyens pour lutter contre cette évolution, qui semble irrésistible et a conduit à l’actuel apartheid de fait, en contradiction avec nos idéaux de ville mixte et équilibrée. L’implantation des logements sociaux figure cependant dans les compétences de la Région et des Communes. En les construisant volontairement du côté droit du canal, une certaine mixité pourrait se développer dans les quartiers et les écoles. Du côté gauche, on pourrait se limiter à la rénovation (urgente) des logements sociaux existants.

Avez-vous remarqué que toutes le écoles européennes se trouvent du côté droit du canal ? Le choix de l’emplacement d’une école est pourtant l’un des rares instruments à disposition de la Région pour rendre la ville plus mixte. Le combat militant et abouti pour l’installation de la nouvelle école européenne sur la rive gauche –  à Laeken – est exemplaire. Philippe Van Parijs le raconte fort bien dans cet article du  Brussels Times, traduit ICI pour vous.

photo Régie des Bâtiments