Archives de catégorie : Europe

La performance énergétique.

C’est ce que le certificat PEB est supposé mesurer pour chaque bâtiment de manière théorique. Beaucoup de Bruxellois ne se sont pas encore payé un tel certificat, bien qu’il sera obligatoire pour tous les bâtiments à partir de 2025. Il comprendra aussi un estimatif du coût des travaux nécessaires pour améliorer sa performance et limiter la consommation d’énergie, dans le cadre d’une directive européenne et d’un projet de calendrier environnement établi par le gouvernement en début de mandat.

Alors qu’il est devenu la pierre angulaire de plusieurs politiques, le certificat Performance Energétique du Bâtiment ne serait cependant pas un outil suffisamment fiable. Différences entre Régions, mais aussi entre certificateurs. Un même logement peut être coté différemment par deux préposés différents. DéFI plaide pour une révision profonde avant son caractère obligatoire. Le cabinet Maron annonce une révision pour 2024.

C’est déjà sur base de leur PEB que les biens classés F ou G, n’ont pas pu indexer leurs loyers. Une incitation en vue d’encourager les propriétaires à faire des travaux d’isolation. Par contre, le député libéral David Weytsman, s’étonne et s’indigne dans un article de L’Echo de constater que les 38% de logements sociaux de la Région sont des passoires énergétiques avec un score F ou G, mais  se trouvent néanmoins indexés.

Fin des voitures thermiques.

C’est en vue de limiter les émissions de gaz à effet de serre – qu’à partir de 2035 – il sera interdit de vendre des voitures neuves à moteur thermique. Cette décision à l’échelle européenne commence à se heurter à des oppositions de plus en plus grandes. De la part de l’Italie, de la Pologne et de la Bulgarie. Mais en Allemagne la question est même devenue un sujet de discorde au sein de la coalition gouvernementale.

Pour l’hebdomadaire Der Spiegel, il s’agit ni plus ni moins que d’un « combat de civilisation ». Les Allemands considèrent que la voiture individuelle est «sacrée». Ils y voient un «symbole du miracle économique» allemand et aussi une importante source d’emplois qualifiés et bien rémunérés. L’Italie qualifie le passage au tout électrique de «suicide» et de «cadeau» fait à l’industrie chinoise. D’autres pays ont émis des doutes et pourraient s’abstenir lors d’un vote, toujours en suspens, au Conseil de l’Union

Comme les choix politiques de l’Europe ne s’imposent évidemment pas aux autres continents, ce serait aussi renoncer à améliorer les qualités des moteurs thermiques et à abandonner les marchés aux constructeurs automobiles d’Asie et d’Amérique. Transitions Energies en dit plus, mais dans De Standaard – traduit ICI par DaarDaar – Kris Peeters va beaucoup plus loin et estime que “celui qui sème des bornes électriques récolte des voitures”. Affaire à suivre.

Des résistants à l’oeuvre.

Progressivement, mais sans volonté affirmée, le canal est devenu une véritable frontière entre sa rive droite – riche et prospère appréciée des expats – et sa rive gauche – essentiellement peuplée de personnes issues de l’immigration. Une véritable « ghettoïsation » de la ville. Un “ghetto européen” côté droit du canal qui traverse Bruxelles du sud-ouest au nord-est et un “ghetto d’immigrés” côté gauche.

La Région dispose de peu de moyens pour lutter contre cette évolution, qui semble irrésistible et a conduit à l’actuel apartheid de fait, en contradiction avec nos idéaux de ville mixte et équilibrée. L’implantation des logements sociaux figure cependant dans les compétences de la Région et des Communes. En les construisant volontairement du côté droit du canal, une certaine mixité pourrait se développer dans les quartiers et les écoles. Du côté gauche, on pourrait se limiter à la rénovation (urgente) des logements sociaux existants.

Avez-vous remarqué que toutes le écoles européennes se trouvent du côté droit du canal ? Le choix de l’emplacement d’une école est pourtant l’un des rares instruments à disposition de la Région pour rendre la ville plus mixte. Le combat militant et abouti pour l’installation de la nouvelle école européenne sur la rive gauche –  à Laeken – est exemplaire. Philippe Van Parijs le raconte fort bien dans cet article du  Brussels Times, traduit ICI pour vous.

photo Régie des Bâtiments

Aviation: Politiques et Académiques à l’œuvre.

« Un voyage en avion pèse sept à onze fois plus sur l’environnement que le même trajet en train. C’est sur les distances inférieures à 700 kilomètres que cette différence est la plus grande », affirme ICI l’Université d’Anvers. C’est pourquoi, elle vient d’interdire à son personnel d’utiliser l’avion pour des voyages de moins de 8 heures. Elle prendra les coûts supplémentaires en charge. Il semblerait que les Cliniques universitaires Saint-Luc appliqueront une décision similaire.

Sachant que la pollution générée par les avions ne se limite pas au seul kérosène brûlé, la France vient d’interdire toute connexion aérienne quand il existe une alternative en train de moins de 2h30. Cette décision a été validée par la Commission européenne. Les Pays-Bas veulent supprimer les vols Amsterdam/Bruxelles. Une certaine logique climatique commence à s’imposer. On passe à l’acte pour les courts courriers. Les Bruxellois survolés inutilement ne peuvent que s’en réjouir.

Cependant, dans le même temps, toujours à Anvers, l’aéroport subsidié par le fédéral vient de décider de relancer pour la quatrième fois une liaison aérienne directe avec Londres, alors qu’il existe l’Eurostar. A Davos, plus de mille vols supplémentaires – dont de nombreux jets privés – auraient contribué au transport des invités au Forum économique. Personne ne demande comment Philippe et Mathilde s’y sont rendus …  

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Soyons sur nos gardes.

Aucun parti d’extrême droite n’a survécu à Bruxelles et les partis francophones ont encore réaffirmé le cordon sanitaire qu’ils dressent contre cette droite extrême. Les partis extrémistes constituent cependant une composante dominante dans plusieurs pays européens, dont récemment le gouvernement italien et aussi comme soutien indispensable de l’exécutif suédois. L’extrême droite poursuit manifestement son évolution à travers l’Europe et voit sa place légitimée dans l’exercice du pouvoir.

Dans un article du VIF, le CRISP interroge Benjamin Biard (UCL) sur le caractère irrésistible (?) de cette progression et de cette banalisation. Il rappelle que Marine Le Pen, Éric Zemmour et d’autres figures d’extrême droite en Europe ont adressé des messages de félicitations et d’espoir à la Première ministre Giorgia Meloni. Son accession à la tête du gouvernement à Rome pourrait remotiver l’extrême droite au-delà des frontières italiennes.

La question est aussi de savoir quelle incidence ces partis peuvent avoir sur le fonctionnement des institutions européennes. Viktor Orban et les autres membres du groupe de Visegrad (République tchèque, Slovaquie et Pologne) ont déjà l’habitude de challenger les institutions européennes. Avoir un allié supplémentaire dans le chef de l’Italie peut contribuer à rendre le processus décisionnel plus complexe à l’échelon européen par rapport à certains grands enjeux. La vigilance s’impose.

Benjamin BIARD (interviewé par Gérald PAPY), « Irrésistible, la progression de l’extrême droite ? », Les @nalyses du CRISP en ligne, 27 octobre 2022 , http://www.crisp.be