Archives de catégorie : Europe

Des résistants à l’oeuvre.

Progressivement, mais sans volonté affirmée, le canal est devenu une véritable frontière entre sa rive droite – riche et prospère appréciée des expats – et sa rive gauche – essentiellement peuplée de personnes issues de l’immigration. Une véritable « ghettoïsation » de la ville. Un “ghetto européen” côté droit du canal qui traverse Bruxelles du sud-ouest au nord-est et un “ghetto d’immigrés” côté gauche.

La Région dispose de peu de moyens pour lutter contre cette évolution, qui semble irrésistible et a conduit à l’actuel apartheid de fait, en contradiction avec nos idéaux de ville mixte et équilibrée. L’implantation des logements sociaux figure cependant dans les compétences de la Région et des Communes. En les construisant volontairement du côté droit du canal, une certaine mixité pourrait se développer dans les quartiers et les écoles. Du côté gauche, on pourrait se limiter à la rénovation (urgente) des logements sociaux existants.

Avez-vous remarqué que toutes le écoles européennes se trouvent du côté droit du canal ? Le choix de l’emplacement d’une école est pourtant l’un des rares instruments à disposition de la Région pour rendre la ville plus mixte. Le combat militant et abouti pour l’installation de la nouvelle école européenne sur la rive gauche –  à Laeken – est exemplaire. Philippe Van Parijs le raconte fort bien dans cet article du  Brussels Times, traduit ICI pour vous.

photo Régie des Bâtiments

Aviation: Politiques et Académiques à l’œuvre.

« Un voyage en avion pèse sept à onze fois plus sur l’environnement que le même trajet en train. C’est sur les distances inférieures à 700 kilomètres que cette différence est la plus grande », affirme ICI l’Université d’Anvers. C’est pourquoi, elle vient d’interdire à son personnel d’utiliser l’avion pour des voyages de moins de 8 heures. Elle prendra les coûts supplémentaires en charge. Il semblerait que les Cliniques universitaires Saint-Luc appliqueront une décision similaire.

Sachant que la pollution générée par les avions ne se limite pas au seul kérosène brûlé, la France vient d’interdire toute connexion aérienne quand il existe une alternative en train de moins de 2h30. Cette décision a été validée par la Commission européenne. Les Pays-Bas veulent supprimer les vols Amsterdam/Bruxelles. Une certaine logique climatique commence à s’imposer. On passe à l’acte pour les courts courriers. Les Bruxellois survolés inutilement ne peuvent que s’en réjouir.

Cependant, dans le même temps, toujours à Anvers, l’aéroport subsidié par le fédéral vient de décider de relancer pour la quatrième fois une liaison aérienne directe avec Londres, alors qu’il existe l’Eurostar. A Davos, plus de mille vols supplémentaires – dont de nombreux jets privés – auraient contribué au transport des invités au Forum économique. Personne ne demande comment Philippe et Mathilde s’y sont rendus …  

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Soyons sur nos gardes.

Aucun parti d’extrême droite n’a survécu à Bruxelles et les partis francophones ont encore réaffirmé le cordon sanitaire qu’ils dressent contre cette droite extrême. Les partis extrémistes constituent cependant une composante dominante dans plusieurs pays européens, dont récemment le gouvernement italien et aussi comme soutien indispensable de l’exécutif suédois. L’extrême droite poursuit manifestement son évolution à travers l’Europe et voit sa place légitimée dans l’exercice du pouvoir.

Dans un article du VIF, le CRISP interroge Benjamin Biard (UCL) sur le caractère irrésistible (?) de cette progression et de cette banalisation. Il rappelle que Marine Le Pen, Éric Zemmour et d’autres figures d’extrême droite en Europe ont adressé des messages de félicitations et d’espoir à la Première ministre Giorgia Meloni. Son accession à la tête du gouvernement à Rome pourrait remotiver l’extrême droite au-delà des frontières italiennes.

La question est aussi de savoir quelle incidence ces partis peuvent avoir sur le fonctionnement des institutions européennes. Viktor Orban et les autres membres du groupe de Visegrad (République tchèque, Slovaquie et Pologne) ont déjà l’habitude de challenger les institutions européennes. Avoir un allié supplémentaire dans le chef de l’Italie peut contribuer à rendre le processus décisionnel plus complexe à l’échelon européen par rapport à certains grands enjeux. La vigilance s’impose.

Benjamin BIARD (interviewé par Gérald PAPY), « Irrésistible, la progression de l’extrême droite ? », Les @nalyses du CRISP en ligne, 27 octobre 2022 , http://www.crisp.be

Tous en voiture électrique ?

En 2035, les voitures à essence et diesel neuves ne pourront plus être vendues dans l’Union Européenne. Les hybrides non plus. La fin des moteurs thermiques approche. L’UE ouvre grand la voie aux véhicules 100% électriques. Tous les Bruxellois passeront-ils à la voiture électrique ? Dans l’article de L’Echo, Patrick Hendrick, professeur à l’école polytechnique de l’ULB, affirme qu’on n’est pas prêt et que les problèmes sont totalement sous-estimés.

“Il faut démultiplier les usines de batteries, il faut du courant, des bornes, des places de parking. Il faut repenser nos villes, nos campagnes, nos zonings. Comment règlementer l’utilisation des bornes pour que chaque utilisateur ne reprenne sa voiture huit heures plus tard, après son travail, en ayant monopolisé la borne ? Il est temps qu’on se bouge, parce que 10 ans, ça passe vite ».

Si on limite la puissance du réseau électrique, la recharge prendra des heures et le propriétaire devra descendre dans la rue la nuit pour débrancher sa voiture. Patrick Hendrick rappelle que la technologie électrique ne doit pas se limiter aux seules batteries. La voiture à pile à combustible fonctionnant à l’hydrogène doit aussi se développer. « Ces véhicules offrent jusqu’à 800 kilomètres d’autonomie, et on les recharge en 2 ou 3 minutes ». Faudra voir jusqu’où le prix de ces voitures à hydrogène va baisser et si les Bruxellois disposeront d’une ou de plusieurs stations de remplissage d’hydrogène ?

En quête de vérité

Non, nous ne sommes pas les lobbyistes de l’hydrogène. C’est évidement d’abord notre mobilité qui va devoir évoluer. Il ne s’agit pas simplement de substituer aux véhicules thermiques des véhicules électriques, qu’ils soient à batteries ou hydrogène. L’hydrogène aura un rôle à jouer pour certains usagers et vu l’incertitude des mutations en cours, il est essentiel de rendre disponibles toutes les pistes qui répondent à la contrainte environnementale. On en reparlera encore.

L’hydrogène ne résoudra pas tout, mais lorsqu’il est produit à partir d’énergies renouvelables, il peut produire simultanément de l’électricité et de la chaleur avec un rendement élevé et sans émissions de CO2. Toujours bien mieux que le diesel, le gaz ou le charbon. Et avec de nombreux avantages par rapport à la batterie.

Pour la production d’hydrogène propre, il faut se réjouir de plusieurs progrès récents. La découverte de réservoirs naturels d’hydrogène dont l’extraction est envisagée. La production d’hydrogène à partir des panneaux solaires Solhyd de la KULeuven. La production locale d’hydrogène à l’aide de systèmes photovoltaïques de quartier. Pour le stockage de l’hydrogène, sa transformation sous forme poudreuse semble prometteuse. L’Europe va créer une banque de l’hydrogène et l’Amérique a pris des mesures qui vont diminuer le prix de production d’hydrogène vert.