Archives de catégorie : Gouvernance

Logement touristique.

Nous y revoilà. Traditionnellement, c’était la fonction des hôtels d’héberger les touristes. Si le développement du Homestay – logement chez l’habitant – fut une expérience nouvelle intéressante, sa « marchandisation » par l’arrivée de plateformes comme Airbnb a changé la donne. Un certain nombre de propriétaires ont vite compris qu’il pourrait être plus rentable de louer à la journée plutôt que de signer un bail à long terme avec un vrai locataire.

Des entreprises ont parfois aménagé des immeubles entiers en hébergements de courte durée. On ne loge plus chez l’habitant, on ne partage plus rien avec lui, on est dans une sorte d’hôtel pas cher avec peu de services. Pourquoi pas ? malgré une forme de concurrence avec l’hôtellerie, qui a plus d’obligations. C’est que des milliers de logements échappent ainsi à un parc immobilier bruxellois, déjà incapable de répondre à la demande. Dans certains quartiers, la cohabitation des habitants avec ces personnes de passage – souvent venues faire la fête – est devenue problématique.

C’est pourquoi la Région a fini par édicter des règles à la hâte. Règles qu’elle doit d’ailleurs revoir. Pour resserrer la vis, elle compte sur les communes qui ont des moyens pour agir à la fois contre les logements vides et les nombreux hébergements touristiques illégaux. Airbnb se montre peu collaborant et les communes manquent d’inspecteurs proactifs pour détecter les nombreux  abus. Elles attendent trop de la délation par les riverains, dont ce n’est pas la tâche. L’Europe vient aussi de s’en mêler. Cet article du Soir en dit plus.

Happy Monday:  suspension par le Conseil d’Etat.

Voilà tout un temps que la secrétaire d’État de Moor (CD&V) et son prédécesseur ne respectent plus leur obligation d’héberger dignement les personnes demandeuses d’asile dans la (longue) attente d’une décision. Cela malgré plusieurs milliers de condamnations. S’agirait-il ainsi de plaire à un certain électorat en créant une image inhospitalière de la Belgique pour éviter « un appel d’air » ?

Avec sa décision de ne plus héberger les candidats masculins isolés, Madame de Moor s’est lancée dans une discrimination que rien ne justifie, si ce n’est son manque de prévoyance pour libérer suffisamment de logements temporaires. Le Conseil d’État vient de suspendre cette décision. La secrétaire d’État n’a pas tardé à affirmer qu’elle ne la respecterait pas et le gouvernement l’a suivie. « C’est la mort de l’État de droit et de la démocratie, c’est gravissime. Oui cela peut valoir une crise gouvernementale » écrit Françoise Tulkens.

C’est dans les rues de Bruxelles et autour des gares que se retrouveront la grande majorité de ces hommes sans-abri tout au long de cet hiver. C’est insupportable pour les demandeurs d’asile et impossible à gérer pour la Région, dont ce n’est pas la compétence. Il faut se réjouir de la décision du Conseil d’État de suspendre cette mesure. Reste à voir s’il va la casser et comment contraindre l’exécutif à l’appliquer ?

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Des comités d’habitants en colère.

Ce qui se passe à la gare du Midi se passe également la gare du Nord et dans d’autres quartiers du bas de la ville. 40 comités de quartier se sont réunis pour interpeler le ministre-président et exiger que la Région passe à l’action pour mettre fin à la violence et au tapage, générés essentiellement par la mafia des drogues dures qui fait la loi dans certains quartiers. Le reportage vidéo de Terzake repris ICI par la VRT est hallucinant.

Le mouvement créé par les 40 comités pointe aussi un sans-abrisme et une pauvreté croissante. Il ne vise  cependant pas à stigmatiser les personnes. Il exprime même plutôt de la compréhension et de l’empathie. Il estime que c’est au gouvernement de prendre enfin la situation en main. Il n’est pas question d’un agenda (d’extrême) droite. Il s’agit de la sécurité en tant que besoin fondamental, avec une vision positive de la ville et de son habitabilité.

Dans Bruzz, Steven Van Garsse fait une analyse intéressante de la situation, traduite pour vous ICI. Il épingle particulièrement Rudi Vervoort « qui a toujours une réponse toute prête, mais qui va devoir sortir du bois. S’il a reçu vendredi des représentants du mouvement citoyen, il a complètement raté le coche le jour même dans les médias en en faisant une affaire communautaire. L’accent mis sur la sécurité servirait, selon lui, l’agenda de la Flandre, qui veut éroder le niveau fédéral». Le thème de la sécurité a été balayé sous le tapis par la Région pendant cinq ans.

Les partis en campagne.

On est encore à 9 mois des élections fédérales et régionales – qui se tiendront le 9 juin en même temps que les européennes – et voilà tous les partis politiques déjà en campagne. Le Soir a convié les présidents des partis francophones à un grand déballage pour exposer « leur » dossier prioritaire pour la prochaine législature. Dossier sans lequel ils ne participeront pas au pouvoir. Six engagements bien différents et cela sans avoir entendu les dossiers prioritaires des partis flamands …

Nous avons été voir du côté de la VRT, qui publie un article en français d’Ivan De Vadder. Il révèle les rêves de la classe politique flamande pour 2024. Le rêve de devenir le plus grand parti, le rêve d’un renouveau politique, le rêve du Premier ministre … En attendant, la Vivaldi risque bien de se trouver quasi en affaires courantes ,face à des positions aussi tranchées de ses membres.

Pour les élections régionales, Défi est un des premiers partis à annoncer un plan: Rendre un avenir à Bruxelles. Il s’agit de simplifier les structures, de réduire le nombre d’élus régionaux, d’assurer un juste retour financier de la richesse procurée par Bruxelles au pays par une meilleure prise en compte du lieu de travail dans la répartition des recettes d’impôts aux Régions et  de sécuriser la ville, notamment par un refinancement de la Justice.

 

Gare du Midi: la honte !

La gare du Midi accueille 50.000 voyageurs par jour, dont des visiteurs de Paris, de Londres, d’Amsterdam, d’Allemagne, … C’est la gare la plus fréquentée du pays, mais aussi la plus mal famée, la plus sale et la plus insécurisante. Les Bruxellois sont gênés d’y accueillir des amis et des visiteurs de la capitale de l’Europe. Même les organisations humanitaires la fuient. Les plans se suivent sans aboutir et toujours pas de commissariat. Comment en est-on arrivé là ?

Située à cheval sur Anderlecht et Saint-Gilles et à proximité immédiate de la ville de Bruxelles, sa sécurité dépend de la zone de police Midi, de la police fédérale, du service Sécurail de la SNCB et des agents de sécurité de la STIB. Sa propreté dépend du sous-traitant de la SNCB Kose Cleaning et de Bruxelles Propreté pour ses abords. Ses aménagements dépendent principalement de la SNCB mais pas seulement. Chacun de ces acteurs dispose de compétences limitées et aucune coordination n’a jamais été mise en place.

Qu’attend notre ministre-président pour désigner un Commissaire du gouvernement qui aurait tous pouvoirs pour mettre fin à cette situation désastreuse que tout le monde déplore ? Rudi Vervoort est en charge de la Prévention et de la Sécurité ainsi que de la Promotion de l’Image de Bruxelles. Il dispose aussi des larges compétences d’un Gouverneur de province. Qui d’autre que lui devrait s’y atteler dès demain ?

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