Archives de catégorie : Langues

Brusseleir ou Vloms ?

Jean-Jacques De Gheyndt a une conception assez personnelle du fait dialectal bruxellois. Docteur ès Sciences et professeur de brusseleir et de vloms, il a toujours eu le souci d’associer rigueur scientifique et plaisir de l’esprit. Comme il n’a trouvé aucun livre consacré au fait dialectal bruxellois, il a décidé d’écrire ce livre lui-même.

Les dialectes sont souvent présentés comme vulgaires et populaires (dans le sens péjoratif du terme) en comparaison des langues officielles, censées seules capables de traduire un esprit élevé et d’exprimer science, poésie ou philosophie. Les parlers de Bruxelles n’y échappent pas.

Jean-Jacques a toujours été sensible à la convivialité humaine qui anime la faculté d’autodérision des Bruxellois. Son site « Pour la Science et pour la Zwanze » en est la confirmation et en fera rire plus d’un et plus d’une, même lorsqu’il aborde les sujets les plus sérieux.

Happy Monday: Bruxelles se réveille.

Bien avant la naissance de ce blog, des Bruxellois engagés – et fort peu de Bruxelloises faut-il le dire – se réunissaient déjà depuis 1999 à La Tentation, rue de Laeken. Ils y discutaient de l’avenir de Bruxelles, au-delà des barrières linguistiques qui minaient la vie politique et la société civile depuis de très nombreuses années.

” Si une véritable conscience bruxelloise était déjà en train de naître du côté flamand, la sauce n’avait pas encore pris du côté francophone tant était toujours dominante l’idéologie du Bruxelles français. Ce courant disposait alors d’un puissant moniteur: le quotidien Le Soir qui incarnait sans faiblir l’identité francophone de la ville ” avec le FDF comme maître à penser.

Alors que d’un côté « les Flamingants menaçaient d’annexer « Brüssel » sur fond de bruits de bottes » de l’autre côté « des francophonissimes prétendaient représenter 95% de la population et méprisaient le néerlandais ». Le Club de la Tentation, mais aussi Les Vendredis de la ville vont adopter un autre ton et préfigurer ce qui deviendra bien plus tard le « Nouveau mouvement bruxellois » avec Manifesto, L’Appel des Bruxellois, Les Etats Généraux de Bruxelles repris ICI et puis la publication de « Demain Bruxsels ».

Le Blog Cosmopolite vous en dit plus sur cette longue évolution.

Catholiques minoritaires ?

La diminution de la pratique religieuse catholique en Belgique est telle que Caroline Sägesser s’autorise cette question: les catholiques sont-ils devenus une minorité en Belgique ?  C’est sur base du rapport annuel 2021 de l’Eglise catholique qu’elle se livre pour le CRISP à une analyse détaillée des chiffres et de leur signification.

Si en 1977, on comptait encore 77,7% de mariages à l’église à la suite du mariage civil, ils tombent à 9,9% en 2021. Pour les baptêmes, ils passent de 85,2% en 1977 à 31,2% en 2021. Pour ce qui est des prêtres,  71,3 % d’entre eux sont aujourd’hui âgés de plus de 65 ans et l’Église de Belgique  se voit contrainte de faire appel à l’étranger, notamment au Congo. Il n’y a pas de chiffres spécifiques pour Bruxelles, mais tout porte à croire que la baisse y est encore plus sensible.

La crise Covid-19 n’y est sans doute par pour rien non plus, mais n’explique pas une baisse continue depuis la fin du siècle passé. Toutefois la vitalité du monde catholique reste manifeste dans le monde culturel: organisations caritatives, éducation permanente, coopération internationale et, surtout, enseignement – une majorité d’enfants fréquentent l’enseignement catholique.

Happy Monday: fini les clichés.

“Elle a bâti des ponts entre les communautés de Belgique, alors qu’ici et ailleurs, ils sont si nombreux et obstinés à ériger des murs et des bunkers, creuser des tranchées et « barbeliser » des ghettos”. C’est par ces mots que Joyce Azar a été accueillie par l’ambassadeur de France qui l’a fait Chevalier (sic) des Arts et des Lettres … reconnaissance sans doute longtemps réservée aux seuls hommes ?

C’est Thierry Fiorilli, journaliste et chroniqueur au Vif, qui a relevé cette distinction et a rédigé « C’est beau comme la Pearl de l’Orient ». Un article qui a laissé Joyce Azar sans mots. « Déconstruire les idées reçues, les clichés, qui marquent nos sociétés, pour décrypter, décoder, surpasser ». « Développer le dialogue interculturel », démontrant que le « multilinguisme est le support, la condition et le premier résultat de la diversité culturelle et de son acceptation ». Incarnant la nécessité « d’apprendre autres langues que celle que l’histoire, le hasard, vous a donnée à votre naissance”.

Je vous invite à lire cet article, qui peut être agrandi. Au-delà de l’hommage mérité, il ouvre des portes et des fenêtres pour notre ville – Rendez-vous du monde – et pour notre démocratie, qui s’interroge et souffre d’inégalités sans cesse croissantes.

illustration extraite d’une vidéo de la RTBF

Une culture bruxelloise ?

« Deux jeunes poissons nagent ensemble dans la mer. Ils croisent un poisson plus âgé qui les salue: Salut, les jeunes. L’eau est bonne, aujourd’hui ?  Les deux poissons poursuivent leur route. L’un des deux finit par demander à l’autre: C’est quoi, au juste, “l’eau” ? ». Difficile, quand on baigne dans Bruxelles de définir une culture bruxelloise au-delà des cultures des différentes populations qui habitent la ville. Ce qui est certain, c’est qu’elle ne se limite plus au savant mélange des cultures latine et germanique.

Suffit déjà de se rendre à Anvers ou à Liège pour se sentir ailleurs, pour débarquer dans d’autres cultures. A Paris ou à Amsterdam c’est encore plus frappant. Oui, il existe donc une indéfinissable culture bruxelloise et elle est aujourd’hui résolument multiculturelle. Brussels Studies aborde la question ICI. Bruxelles est un véritable laboratoire culturel et la qualité de ses multiples productions est de plus en plus reconnue à l’international.

Plus près de notre quotidien, voilà le point de vue d’un expat, celui de Bruxellois néerlandophones bien éloignés des Flamands d’Anvers, celui d’un dramaturge aujourd’hui cogestionnaire de Bruxelles 2030 et pour qui la ville est un sanctuaire. Bruxelles, ce “laboratoire culturel européen” est l’objet d’une enquête approfondie de L’Echo, à laquelle vous aurez accès en vous inscrivant au journal gratuitement et sans engagement. Un article de Cairn Info aborde aussi la question des droits culturels repris dans Déclaration de Fribourg, dont s’est même inspiré le décret de reconnaissance des centres culturels de la Fédération Wallonie Bruxelles.