Archives de catégorie : Justice

Happy Monday:  suspension par le Conseil d’Etat.

Voilà tout un temps que la secrétaire d’État de Moor (CD&V) et son prédécesseur ne respectent plus leur obligation d’héberger dignement les personnes demandeuses d’asile dans la (longue) attente d’une décision. Cela malgré plusieurs milliers de condamnations. S’agirait-il ainsi de plaire à un certain électorat en créant une image inhospitalière de la Belgique pour éviter « un appel d’air » ?

Avec sa décision de ne plus héberger les candidats masculins isolés, Madame de Moor s’est lancée dans une discrimination que rien ne justifie, si ce n’est son manque de prévoyance pour libérer suffisamment de logements temporaires. Le Conseil d’État vient de suspendre cette décision. La secrétaire d’État n’a pas tardé à affirmer qu’elle ne la respecterait pas et le gouvernement l’a suivie. « C’est la mort de l’État de droit et de la démocratie, c’est gravissime. Oui cela peut valoir une crise gouvernementale » écrit Françoise Tulkens.

C’est dans les rues de Bruxelles et autour des gares que se retrouveront la grande majorité de ces hommes sans-abri tout au long de cet hiver. C’est insupportable pour les demandeurs d’asile et impossible à gérer pour la Région, dont ce n’est pas la compétence. Il faut se réjouir de la décision du Conseil d’État de suspendre cette mesure. Reste à voir s’il va la casser et comment contraindre l’exécutif à l’appliquer ?

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Des comités d’habitants en colère.

Ce qui se passe à la gare du Midi se passe également la gare du Nord et dans d’autres quartiers du bas de la ville. 40 comités de quartier se sont réunis pour interpeler le ministre-président et exiger que la Région passe à l’action pour mettre fin à la violence et au tapage, générés essentiellement par la mafia des drogues dures qui fait la loi dans certains quartiers. Le reportage vidéo de Terzake repris ICI par la VRT est hallucinant.

Le mouvement créé par les 40 comités pointe aussi un sans-abrisme et une pauvreté croissante. Il ne vise  cependant pas à stigmatiser les personnes. Il exprime même plutôt de la compréhension et de l’empathie. Il estime que c’est au gouvernement de prendre enfin la situation en main. Il n’est pas question d’un agenda (d’extrême) droite. Il s’agit de la sécurité en tant que besoin fondamental, avec une vision positive de la ville et de son habitabilité.

Dans Bruzz, Steven Van Garsse fait une analyse intéressante de la situation, traduite pour vous ICI. Il épingle particulièrement Rudi Vervoort « qui a toujours une réponse toute prête, mais qui va devoir sortir du bois. S’il a reçu vendredi des représentants du mouvement citoyen, il a complètement raté le coche le jour même dans les médias en en faisant une affaire communautaire. L’accent mis sur la sécurité servirait, selon lui, l’agenda de la Flandre, qui veut éroder le niveau fédéral». Le thème de la sécurité a été balayé sous le tapis par la Région pendant cinq ans.

Changer de prénom.

Ce n’est plus le fédéral qui est compétent pour les demandes de changement de prénom, il ne faut plus passer par le juge. Ce sont les 19 communes qui s’en chargent … avec bien évidemment des modalités et des prix différents.

Si la plupart des communes offrent la gratuité en cas de changement de genre, elles appliquent le plus souvent un tarif réduit de 50€, mais cela peut monter jusqu’à 500 euros, s’il n’y a pas de motivation particulière ou lors d’une deuxième demande de changement. A Etterbeek, si Mohamed veut s’appeler Eric, il paiera moins cher que si Eric veut s’appeler Mohamed, nom à « consonance étrangère … ».

Le député Ecolo Ahmed Mouhssin estime que c’est discriminatoire et qu’il faut revoir le règlement. Il s’en explique dans cet article de la RTBF, qui relève aussi une autre incohérence dans la loi pour les personnes étrangères. A Etterbeek y aura finalement un tarif réduit pour tout le monde pour un premier changement.

Happy Rooftops ?

De nouvelles terrasses en plein ciel s’ouvrent un peu partout dans la ville et révèlent souvent des panoramas bruxellois inédits. La plupart sont accessibles au public. Une des dernières en date – et la plus grande de Belgique – Rooftop 58 se trouve au 9ème étage de Brucity rue des Halles et bientôt aussi au Continental place De Brouckère, à l’AB rue des Pierres, à Fédéral Assurances place Saint-Jean, …

Il y a tout lieu de se réjouir du développement de ce concept quand l’entrée est libre pour tous, si ce n’était la diffusion de musique amplifiée … Celle-ci accompagne ces terrasses dans la plupart des cas. Même à volume limité respectueux des règles, cette musique incessante et les basses qui les accompagnent deviennent rapidement insupportables pour les riverains, parfois aussi privés de leur intimité. Le silence deviendrait-il un luxe ?

Comme pour Airbnb ou les trottinettes, on n’a rien vu venir. S’il faut bien obtenir un permis de bâtir pour ce type de transformation, rien n’est précisé à propos de la diffusion de musique. On s’en remet au Code civil et aux troubles de voisinage en cas d’abus manifestes. Même sans être en infraction, quand cette musique s’ajoute aux terrasses des cafés, aux événements musicaux publics, aux sirènes, aux avions et aux musiciens de rue, ce n’est plus tolérable pour les riverains, dont certains travaillent désormais à domicile. Alors ? des Rooftops sans musique ? avec des écouteurs ?

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Grabuge et violence.

« Une bande de mal élevés ! ». Mal élevés ? à qui la responsabilité ? qui en charge de l’éducation des jeunes ? mais aussi des adultes désignés par ces propos ? On pense aux parents, à l’école, à la société, chargés de transmettre les codes et les valeurs en usage à Bruxelles. Ici, comme ailleurs, l’éducation est-elle la cause de violences ? qu’en est-il des logements exigus ? de l’absence de départ en vacances ? de l’entre soi et du risque de ne pas être à l’aise avec des codes qui ne sont pas le siens ?

Les troubles provoqués par des « jeunes bruxellois » en ville et sur les plages des zones de loisirs ont fait abondamment la une de la presse. Je n’en donnerai ici qu’un seul exemple. Souvent, l’ensemble des jeunes bruxellois est assimilé à une minorité délinquante, dont les actes ne peuvent effectivement être tolérés. Clôtures, contrôles d’identité ciblés, enregistrements, listes noires en sont la résultante. La justice, qui n’arrive plus à sanctionner les petits délits, faute de personnel, renforce chez certains un certain sentiment d’impunité. Les ministres présents à la plage de Gand prétendent vouloir favoriser le dialogue.

Avec plus de la moitié de sa population venue d’ailleurs, Bruxelles se doit d’assumer une responsabilité particulière dans la transmission des droits et devoirs qui régissent le vivre ensemble dans la cité. En ayant tardé infiniment à mettre en place un parcours d’accueil, dont un enseignement obligatoire du français ou du néerlandais – qui n’est pas une punition – Bruxelles ne doit-elle pas multiplier d’autres initiatives pour combler ce fossé au plus vite ?

Grillages et contrôles à Gand Blaarmeersen – Het Laaste Nieuws  © Wannes Nimmegeers