Plusieurs commentaires, que vous pouvez lire sous le billet d’hier, mais aussi des e-mails reçus pour remettre en question le contenu de la neutralité et son application discutable. La tenue vestimentaire ne suffit pas à garantir l’égalité de traitement de la part des agents du service public. « Ni obligation, ni interdiction » devrait être la règle, sauf pour ceux qui représentent l’Etat, qui se doit d’être neutre et impartial. Mais le conducteur du bus de la STIB ou le concierge de l’école représentent-ils l’Etat ? Ne faut-il pas le réduire aux « fonctions d’autorité » ? Sur l’exigence de neutralité des apparences, il y a encore eu récemment une carte blanche sur l’affaire Haouach synthétisée ICI.
L’Etat doit être neutre, mais dans le même temps, il privatise de plus en plus de services publics, qui échappent à cette obligation de neutralité et concurrencent le service public. Pour ce qui est de l’école, certains commencent par dire qu’il faut un réseau unique et pluraliste accessible à tous, pour en finir avec le quasi-marché scolaire. On ne peut se satisfaire d’une situation où la majorité des enfants sont scolarisés dans des écoles privées, qui font ce qu’elles veulent. Tant que le foulard est interdit pour les élèves mineures, il est difficile de le défendre pour les enseignants. C’est un compromis culturel provisoire.
Une sévérité laïque pour les seuls services publics poussera vers le privé les personnes qui veulent afficher leur appartenance, en l’occurrence vers le réseau libre. Nous devons regarder ailleurs que vers la France, qui est très loin d’être un modèle en matière de « vivre-ensemble » et qui a une conception de la laïcité – “religion d’Etat” – qui n’est pas la nôtre. Il ne faudrait pas s’efforcer de trouver de quoi se mettre sous la dent – maintenant qu’il n’y a plus guère de curés à manger – de laisser libre cours à une impulsion machiste ou xénophobe. Finalement qu’est-ce qui constitue l’interprétation la plus cohérente d’une société libérale ?