Archives de catégorie : Culture

Un Happy Monday vigilant.

« L’indifférence tue » affichait un manifestant pour la paix au Moyen-Orient à Schuman. Ce WE, les Bruxelloises, les Bruxellois et leurs enfants ne sont pas restés devant leur poste de télé, ils sont sortis dans les rues pour manifester à la fois leur solidarité et leurs exigences dans des domaines fort différents, mais avec autant de détermination.

Plusieurs centaines de personnes – de Bruxelles et du Brabant – se sont entendues pour marcher ensemble vers l’aéroport de Zaventem et exiger la fin des vols de nuit, une limitation des mouvements et le refus des avions les plus bruyants. Une question de santé publique, qui se pose au moment où l’aéroport va demander un nouveau Permis d’Environnement. BX1, Bruzz, la RTBF et la VRT y consacrent de beaux reportages.

Lors de l’imposante manifestation pour la paix de ce samedi, des dizaines de Juifs se sont joints au défilé, parfois kippa sur la tête et drapeau palestinien à la main. “La liberté et la justice pour les Palestiniens, maintenant” a affirmé à Bruzz, l’Union Progressiste des Juifs de Belgique, dont le délégué avait injustement été privé de parole à Schuman. Rue des Bogards c’est une chorale de femmes blanches qui ont tenu à soutenir la marche. Des manifestants tombent dans leurs bras émus aux larmes. « Il n’est pas nécessaire d’être arabe ou juif pour s’indigner, il suffit d’être humain ».

Nouvelle déclaration universelle ?

Les données scientifiques sont sans appel: notre planète a atteint un « point de basculement ». Nous nous approchons dangereusement des « frontières planétaires » – dont certaines ont déjà été franchies – au-delà desquelles un espace sûr pour l’épanouissement de l’humanité ne pourra plus être garanti. Face à cette crise écologique sans précédent, notre rapport à la nature est questionné par les philosophes, anthropologues ou encore par certains économistes.

Et les juristes ? Quelle est la réponse du droit face à ces enjeux ? Sous la pression de l’urgence écologique, le droit ne peut pas fuir sa responsabilité et doit répondre de ses propres échecs. L’environnement est dans un état plus dégradé qu’il ne l’était au moment de l’adoption des premières lois environnementales. Une conclusion s’impose : « le droit a échoué, les écosystèmes ont clairement perdu la guerre ». C’est un article de Cairn Info qui affirme tout cela et le démontre longuement.

Faut-il reconnaître la nature comme sujet de droit ? interroge cet autre article, cette fois de Natagora. Passer d’un objet que l’on s’approprie à un sujet de droit ? Mais que pèsent les droits de la nature face aux intérêts économiques ? Les arbres doivent-ils plaider ? Dans notre droit, la nature n’est pas considérée comme une personne, mais comme une chose, qui ne peut posséder de droits et de devoirs. Et pourtant on peut penser que l’air et l’eau sont des biens communs qui doivent pouvoir être défendus. Sujet de réflexion pour un autre modèle de société ?

Des expositions bouleversantes.

Avec l’Expo 58 et son « style atome », Bruxelles entrait de plain-pied dans la modernité et bouleversait sans états d’âme ses grandes avenues arborées, pour faire place aux tunnels et voies rapides exigés par la multiplication des voitures individuelles. Porteurs d’une vision d’avenir, les projets des expositions universelles se sont incarnés dans la vie quotidienne des cités pour le meilleur et parfois pour le pire, qu’il nous faut aujourd’hui réparer.

Première exposition universelle de l’après guerre guerre, l’Expo 58 se voulait un « Bilan du monde pour un monde plus humain ». Témoin emblématique de cette exposition, l’Atomium fait partie des privilégiés parmi les vestiges de ces expositions temporaires. Grâce à une prise de conscience patrimoniale et à un financement par tous les niveaux de pouvoir belges, il a ainsi évité une démolition programmée, caractéristique de ce type d’événement. Il a été profondément rénové en 2006.

C’est dans une sphère de l’Atomium que l’artiste québécoise Ève Cadieux a choisi d’implanter « J’ai vu le futur* »: une installation photographique temporaire, qui se veut miroir d’un avenir idéalisé projeté par les expositions universelles. Elles ont marqué de leur empreinte tant Amérique du Nord que l’Europe. L’exposition photo se concentre à la fois sur des objets porteurs de mémoire et sur les lieux en transition, voués à être démantelés une fois les lumières éteintes.

 

Escapade chez les riches.

Cette escapade bruxelloise de 72′, filmée par le Centre Vidéo de Bruxelles, va sortir à la fin du mois de novembre. Ils visitent les beaux quartiers de Bruxelles. « Ils » ce sont les pauvres et les sans domicile. “Concernés au premier chef par l’implacable crise du logement, ils offrent leur regard. Leur vécu perce la fragilité des couches sociales, transcende notre peur de dégringoler.”

“Ces sans-chez-soi débusquent ce qu’en fait tous et toutes savent: la ville est pauvre mais bordée d’îlots de privilégiés à l’orée de la Forêt de Soignes. Héritage historique certes, égoïsme urbanistique surtout.” Dans un récit poétique et poignant, ces « immenses » (1) interrogent les cloisons sociales entre nos territoires respectifs.

La bande-annonce vous en dira plus sur ce film inédit et vous poussera peut-être à demander une invitation à la première du film le 22 novembre à 18:30 au cinéma Galeries, ou à la deuxième séance au cinéma Aventure le 27 novembre à 19h.

(1) acronyme d’Individu dans une Merde Matérielle Énorme mais Non Sans Exigences

images extraites de la bande-annonce du CVB

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Happy Monday très citoyen.

Il veut ouvrir les horizons, créer des liens, sortir les jeunes d’eux-mêmes et de leurs murs. Adil El Arbi, le Spielberg de Molenbeek, n’est pas seulement un cinéaste belge qui a conquis Hollywood, il se veut aussi un constructeur de ponts, un passeur et un inspirateur. Il vient de recevoir le Prix P&V de la Citoyenneté, centré cette année sur le barrage contre l’extrême droite. Il impose une autre image de nos sociétés, qui « met l’accent sur un message positif vers les jeunes de la diversité afin de s’en rapprocher et de les atteindre ».

Bruxelles est son port d’attache, l’endroit où il retrouve la liberté de créer, là où il vient se ressourcer entre deux plongeons hollywoodiens. A travers son cinéma engagé, à 35 ans, il est devenu le modèle d’une génération. Il leur dit: « Soyez les ambassadeurs et pas les guerriers de votre origine ou de votre culture ». Ses films et ses séries ne craignent pas d’être populaires. Ils touchent énormément de monde. Les jeunes issus de la diversité s’y reconnaissent, ils leur donnent de l’espoir.

“Si vous avez un message, les gens vous écouteront plus si vous l’exprimez à travers un projet artistique ou par le sport plutôt que par la seule agressivité”. Parfait trilingue et marié à une femme journaliste, il est exigeant et se méfie d’Internet et des réseaux sociaux qui  deviennent de plus en plus trash: un appareil de guerre redoutable. Adil en dit bien plus sur ses intentions et de ses projets, dans cette interview de Béatrice Delvaux et Gaëlle Moury, envoyée par une lectrice du blog