Quelle lingua franca ?

Un certain nombre de lecteurs de ce blog n’ont pas le français pour langue maternelle et il faut les remercier pour les efforts qu’ils consacrent à sa lecture. C’est parce que nous pensons que le français reste la langue véhiculaire la mieux comprise par une majorité de Bruxellois, que ce blog – ouvert à tous les habitants de la ville – est rédigé en français, même si Philippe Van Parijs estime ICI que c’est l’anglais qui domine.

Être et demeurer la lingua franca d’une ville aussi cosmopolite se mérite chaque jour. Quand on n’est pas uniquement entre francophones, ne faudrait-il pas parler plus lentement ? adopter un langage simple, compris par une majorité ? accepter que la langue évolue et continue à faire des emprunts ?  comme elle l’a fait de tout temps.

Ce serait pour ne favoriser – ni les néerlandophones ni les francophones – qu’on assiste à un recours à l’anglais de plus en plus systématique et discutable. Elitaire, cette attitude néglige manifestement toute une partie de la population, qui ne maîtrise pas l’anglais. N’en déplaise à tous les Good Move, be Brussels, Beyond Klimt Bozar et autres communications in English only, dont Kanal tente de se justifier ICI

Bruzz cite Jean-Paul Nassaux: « Puisque les Flamands ne parviennent pas à flamandiser Bruxelles, ils tentent alors de l’anglo-saxonner ». Bruzz en dit cependant plus dans l’article traduit ICI.

4 réflexions sur « Quelle lingua franca ? »

  1. brigittevermaelen

    C’est marrant d’écrire « tâche » comme une tâche à remplir plutôt que « tache », mais bon, sans commentaire.

    Pas du tout d’accord avec ce propos : il ne s’agit pas d’avoir peur d’une tache d’huile mais il s’agit de défendre ici-maintenant nos langues FR et NL face à l’anglais qui envahit tout, à tous niveaux.
    Je ne vois pas quelle est la plus-value par ex. au cinéma d’intituler le film « The first man » au lieu du premier homme. C’est du soft power agressif, c’est un « grand remplacement » de fait. La tache d’huile est déjà là, et je n’en veux pas personnellement.
    Ceci sans aucun débat démocratique, à aucun niveau.

    Mais que nos autorités s’y mettent aussi avec leur Good move, Good living, Heritage days et toute la clique dépasse l’entendement.
    Quand la population NL et FR a-t-elle été consultée ? Est-elle d’accord avec ce grand remplacement au profit de l’anglais ?
    Mieux : est-ce que tout le monde comprend de quoi on parle avec ces expressions « modernes » ? Evidemment non : « good living » est une expression incroyablement creuse qui ne signifie rien, si ce n’est que l’on affirme que l’on va vers du « good » – tu parles !- : c’est de la méthode Coué.
    Bref : halte à l’anglais officiel et officialisé sauf quand nous voulons parler avec des étrangers et parce que c’est le seul moyen de nous comprendre : cela, c’est un choix individuel et je m’y plie volontiers.

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  2. Francois Carton

    C’est amusant. En fait, nous autres francophones bruxellois avons la même frilosité que celle des néerlandophones par rapport au français : la crainte de la tâche d’huile ..

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  3. brigittevermaelen

    C’est un coup de force de nos autorités d’imposer verticalement les expressions « Good Move », « Good living » et autres idioties du genre.
    Il n’y a eu aucun débat démocratique pour examiner la plus-value de l’apport de ces expressions en anglais par rapport à l’expression FR-NL précédente que tout le monde comprenait.
    Je rappelle que nombre d’habitants provenant d’Europe de l’Est en comprennent rien à l’anglais. Ils doivent d’abord apprendre le FR pour pouvoir travailler à Bxl, et je n’en connais pas qui soient arrivé-e-s au bout de leur parcours d’apprentissage en NL et maintenant ils doivent apprendre l’anglais. Où cela s’arrêtera-t-il ?
    Soit « iedereen spreekt zijn eigen taal » entre NL et FR, soit nous parlons anglais mais entre adultes consentants. Actuellement cela nous est imposé par le haut sans aucun débat préalable et personne ne comprend rien à ce que les expressions veulent dire. « Good living » n’a rien à voir avec la spécificité terminologique du règlement régional d’urbanisme.
    De plus, est-ce que, sur le terrain, un Ukrainien ou une personne originaire de l’Afrique de l’Est fraîchement arrivée va s’intéresser à Bxl à « Good moving » ou « Good living » ? Cela paraît complètement idiot comme objectif, ils ont d’autres priorités, mais pas les autochtones qu’on ne consulte pas.

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  4. potteve

    Perso, je ne trouve pas que l’usage de l’anglais soit élitaire/élitiste. Comme nous sommes inondés de films américains et de musique en anglais, beaucoup de gens (en particulier les jeunes) de tous les milieux ont appris l’anglais (parfois approximatif) sur le tas.
    La seconde langue dans les écoles en Flandre et en Wallonie est de plus en plus l’anglais et de moins en moins le français/néerlandais.
    Animant comme bénévole une table de conversation en français pour primo-arrivants, force m’est de constater qu’une bonne partie des migrants actuels, qu’ils viennent des pays de l’Est, du Proche- ou Moyen-Orient ou d’Afrique de l’Est (anciennes colonies britanniques) et du Sud, se débrouillent déjà en anglais, et pas en français (raison pour laquelle tant de migrants souhaitent gagner le Royaume-Uni), même s’ils sont de bonne volonté pour apprendre et pratiquer le français.
    Plus récemment, je constate que les secours locaux et internationaux en Turquie et en Syrie après les séismes communiquent entre eux en anglais quand il n’y a pas d’interprètes disponibles pour le turc ou l’arabe…
    Cela n’empêche nullement de continuer à défendre le français qui est quand même une langue véhiculaire commune à la France, à la Belgique francophone, au Luxembourg, à la Suisse francophone, au Québec et à une partie de l’Afrique… ce qui fait quand même pas mal de monde.

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