Billet d’humeur
J’ai travaillé quatre ans aux Etangs Noirs, voilà pourquoi ce reportage molenbeekois de La Libre m’interpelle. Il relate l’expérience vécue par un certain nombre de jeunes flamands, qui ont fait choix de s’installer à Molenbeek. Ils y vivent et souhaitent co-habiter avec la population existante. Ils organisent parfois des activités festives ouvertes à tous, avec plus ou moins de succès. La plupart s’accrochent. Certains pensent qu’ils ne restent que parce que les loyers y sont moins chers …
On peut sans doute leur reprocher de préférer traverser le canal le soir pour aller boire un verre au Walvis. Mais que faut-il penser des salons de thés sombres de Molenbeek, où ils ne sont généralement pas bien accueillis pour un bière avec leur copine ? Les habitants de Molenbeek – qui y ont remplacé les travailleurs italiens et espagnols – considèrent-ils être aujourd’hui chez eux à Marokebeek de manière immuable ? Pensent-ils pouvoir imposer leur mode de vie à tous ? Répéteraient-ils le genre d’exclusion dont ils ont eux-mêmes été victimes ?
“Les jeunes flamands chassent les locaux”. Les locaux ne chassent-ils pas les nouveaux venus qui ne partagent pas leurs habitudes ? Sauf à considérer que le vieux Molenbeek ou Anneessens doivent rester des enclaves marocaines, ne faudrait-il pas y favoriser une mixité active et joyeuse ? N’est-ce pas plutôt à Woluwe ou à Ixelles qu’il faudrait construire de nombreux petits logements à prix sociaux, si là aussi on souhaite une mixité active ? Ce n’est pas le clientélisme politique actuel qui y poussera. Moi j’y crois, malgré une opposition tenace et argumentée à coups de “gentrification” et du confort de tous les “entre-soi”.