Happy Monday: un chien dans le jeu de quilles

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Isabelle Ferreras est une bruxelloise, professeur de sociologie à l’UCL et ce n’est pas tout (1). Avec deux collègues, elle a pris l’initiative de rassembler des chercheurs et des professeurs de tous horizons autour d’un véritable manifeste en faveur d’une reprise post confinement, sur de nouvelles bases. Le texte a rapidement recueilli plus de 3.000 signatures « académiques », et non des moindres. C’est un exploit. Il a été publié dans 30 grands journaux de 23 pays de cinq continents. Un autre exploit.

Démocratiser l’entreprise, démarchandiser le travail et dépolluer la planète, c’est un résumé de leur credo pour « le monde d’après ». Rien de vraiment neuf pour la mouvance associative bruxelloise – qui vient d’exiger la mise sur pied d’ un Conseil de la Transition – mais, repris par ces signatures de poids, on en vient à espérer que ce manifeste pèsera suffisamment, lorsque des arbitrages devront être effectués, face aux exigences de soutien de tous les acteurs économiques. Soutien qui ne devrait être accordé sans critères et sans conditions, comme en 2008 avec les banques ou comme déjà manigancé par le conglomérat Blackstone.

L’exemple de Brussels Airlines illustre parfaitement le chantage à l’emploi qui planera sur les négociations. Ici, avec Lufthansa, qui a distribué des bénéfices à ses actionnaires allemands, mais réclame des centaines de millions à L’Etat belge pour essuyer une partie de ses pertes corona. Il faudra y mettre de sérieuses conditions et sans accord, les bons créneaux horaires laissés libres par Brussels Airlines ne tarderont pas à être repris par d’autres compagnies. Et quand FN armes de guerre demandera de l’aide pour conserver l’emploi liégeois que fera l’Etat ? Et les low cost de Ryanair pour l’emploi carolo ? Et les industries pétrolières pour la Flandre ? Et l’industrie des plastiques pour la Campine ?

Des critères d’abord, des aides sélectives ensuite, pour ceux et celles qui veulent voir émerger un nouveau monde.

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(1) Isabelle Ferreras dispose d’un master science politique de Harvard, est actuellement chercheur senior associée à la faculté de droit de Harvard dans le programme sur Labor and worklife program, est membre de l’académie royale classe technologie et société … excusez du peu .

1 réflexion sur « Happy Monday: un chien dans le jeu de quilles »

  1. Jean-Marc Sparenberg

    Avec une sécurité sociale de qualité, dont le fondement serait un revenu universel inconditionnel, automatique et sans tracasserie administrative, ce chantage à l’emploi perdrait en grande partie prise. L’indemnité de chômage, qui s’ajouterait à ce revenu universel, aurait alors pour seul rôle d' »arrondir les angles », en garantissant un revenu total inchangé à celleux qui ont perdu leur emploi, pendant le temps nécessaire à une réorientation ou à de nouveaux choix de vie… Pour que perdre son emploi devienne, à l’échelle individuelle aussi, une opportunité de remise en question, sans stress matériel paralysant.

    Merci pour le partage!

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