Archives de catégorie : Finances

A l’assaut du train de Liège.

Le fameux Gang des Vieux en Colère fait à nouveau parler de lui, suite à la prochaine suppression du billet SNCB senior à prix unique de 7,8 €, valable pour un A/R à travers toute la Belgique hors heure de pointe du matin. Les seniors remplissent ainsi les trains pendant les heures creuses et peuvent se permettre une petite sortie à un prix abordable. C’est une situation qualifiée de “gagnant-gagnant”.

Avec l’accord du ministre Gilkinet (Ecolo), la direction de la SNCB veut remplacer ce ticket par une réduction de 40% sur le prix du billet standard. Pour un A/R Bruxelles-Ostende, cela fera encore 23,88 euros, soit trois fois le prix actuel ! « Être en mesure de se déplacer est un droit essentiel pour la santé physique et mentale des seniors. Visiter leurs enfants et petits-enfants, rencontrer leurs amis, entretenir leur curiosité intellectuelle, sortir de chez eux, bref: vivre une retraite active et heureuse ».

Dans la grande tradition des hors-la-loi redresseurs de torts, les Bruxellois du Gang des Vieux en Colère prendront d’assaut le train de Liège de 10h55 ce jeudi 26 octobre à la gare du Midi voie 8. Fleur au chapeau, ils seront accueillis aux Guillemins par leurs amis liégeois. J’y serai et ils seraient enchantés si vous pouviez vous joindre à eux pour en faire un grand événement. Ils vous livrent tous les détails ICI.

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Recettes de la STIB en baisse.

La gratuité des transports en commun se retrouve régulièrement sur la table. L’objectif principal de ce cadeau serait de réduire le recours à la voiture et ainsi diminuer les émissions de gaz à effet de serre, les polluants et les nuisances sonores. Reste à s’assurer que c’est bien le prix qui dissuade les automobilistes de prendre les transports en commun ?

Gratuité ? Si l’usager ne paie pas ou peu, c’est la collectivité qui financerait cette gratuité via l’impôt. Autrement dit, l’effort serait supporté par tous, y compris par ceux qui prennent leur voiture et ceux qui ne se déplacent pas souvent. Les recettes propres de la STIB ne représentaient qu’environ un tiers de son budget, le reste était déjà couvert par la Région. Entre 2019 et 2022, ce taux de couverture est passé de 45 à 25%. Les recettes propres de la STIB ne couvrent donc plus qu’un quart de ses dépenses.

La crise du Covid est passée par là et les tarifs ne sont plus indexés depuis longtemps. De plus, s’ajoute l’énorme chantier du Métro 3 et la multiplication des tarifs préférentiels imposés à la STIB par le gouvernement. Quels que soient leurs revenus, aujourd’hui les jeunes de moins de 25 ans et les seniors de plus de 64 ne paient plus que 12€ par an. C’est donc déjà la quasi gratuité pour une bonne part des Bruxellois. Doit-on aller plus loin ?

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Vivre au-dessus de nos moyens.

Le futur de Bruxelles est tributaire de ses moyens financiers. Si la Région affichait encore un solde de financement en boni de 33 millions d’euros en 2016, sous le précédent gouvernement, l’année 2017 s’était déjà soldée par un déficit de 129 millions. Une dette qui – selon La Libre – aurait presque triplé en moins de 10 ans pour atteindre près de 13 milliards. À politique inchangée, Bruxelles pourrait même accuser une dette de 19 milliards d’euros en 2028 !

Les aides Covid et l’accueil des réfugiés ukrainiens furent des imprévus, mais c’est surtout le Métro 3 et les réductions de tarifs imposées à la STIB  qui plombent les comptes. Sven Gatz (Open VLD), notre grand argentier, avait déjà annoncé que c’est le prochain gouvernement qui devrait faire des économies. Maintenant, avec un endettement de 198% des recettes, il veut des économies dès 2024, pour rester en dessous des 205 %, qui provoqueraient une dégradation de notre cotation et donc des intérêts plus élevés.

Sven Gatz veut donc dès à présent des économies de 5% dans tous les ministères. Ses collègues n’en veulent pas à la veille des élections. C’est le blocage. L’article de La Libre en dit plus, mais on peut s’étonner que la Région ait ainsi pu dépenser tant d’argent qu’elle n’avait pas. Des économies supplémentaires ou de nouvelles taxes devront donc nécessairement être mises en place par le gouvernement issu des élections du mois de juin.

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Le péage urbain à la rescousse ?

Maintenir la dette de Bruxelles à un niveau raisonnable tout en réalisant des investissements, y compris le Métro 3 ? Le ministre du Budget compte sur les recettes d’un futur système de péage routier bruxellois, qui remplacerait les autres taxes auto. La Flandre et la Wallonie, jadis favorables à la taxe kilométrique, ont abandonné l’idée et menacent la capitale de boycott. Sans ces rentrées, notre dette risque cependant d’atteindre 17 milliards d’euros en 2028, soit 286 % de nos recettes !

Sven Gatz veut maintenir la dette sous les 205%, pour éviter la dégradation de notre note de cotation, ce qui entraînerait des charges d’intérêt plus lourdes. Ce n’est pas seulement de l’extérieur que le plan du ministre Open VLD est combattu. Au sein même du gouvernement bruxellois, le PS ne ménage pas ses critiques et s’oppose à la mise en place de cette taxe au kilomètre parcouru, que les Belges sont pourtant nombreux à souhaiter.

“On ne va pas résoudre les embouteillages à Bruxelles causés par les navetteurs avec une taxe peste, d’autant plus inacceptable qu’elle toucherait aussi les Bruxellois qui, pour des raisons familiales ou professionnelles, n’ont pas d’autre choix que de prendre la voiture”, a déclaré Ahmed Laaouej, président du PS bruxellois. Le projet devrait cependant se retrouver sur la table du gouvernement en fin de mois. Ambiance.

Des villes concurrentes.

Avez-vous déjà vu cette pub surprenante et impérative sur certains véhicules de la STIB ? dont le budget dépend pourtant largement de la Région bruxelloise. La ville de Mons y fait les yeux doux aux Bruxellois pour qu’ils déménagent ! Les deux Brabant attirent déjà discrètement un grand nombre de Bruxellois sur leur territoire et se réjouissent d’encaisser leurs contributions. Ottignies ou Malines ne sont jamais qu’à un bon quart d’heure de Bruxelles en train. Mons débauche plus ouvertement.

Le prix des logements à Bruxelles – tant à l’achat qu’à la location – n’est pas pour rien dans la tentation de l’exode. Les deux Brabant étant à leur tour devenus inaccessibles à une partie de la classe moyenne bruxelloise, c’est le Hainaut qui semble avoir le vent en poupe. La mise en service  prochaine (?) du RER pourrait encore amplifier le phénomène.

Bruxelles manque de logements publics pour contrebalancer les prix des promoteurs privés. Des programmes comme ceux de Citydev, du Fonds du Logement ou de Community Land Trust doivent absolument être amplifiés pour  pouvoir retenir à Bruxelles une classe moyenne incapable de se tourner vers le privé. Bruxelles manque aussi cruellement de logements sociaux (50.000 personnes en attente). Rénover le parc de logements sociaux énergivores existants s’impose, tout comme en construire de nouveaux dans les communes qui en comptent peu ou même pas du tout. La mixité de la ville n’est elle pas aussi à ce prix ?