Archives de catégorie : Commerce

En voie d’ubérisation

Ces silhouettes à vélo, avec leurs colis ou ces sacs à dos carré sont devenues des figures familières dans la ville. « Nul ne s’étonne de les voir faire le pied de grue devant les restaurants, avant de partir livrer la commande sur ordre de leur smartphone. Ces « plates-formes de travail numérique » concentrent les demandes de clients puis répartissent le travail grâce à leurs algorithmes. Elles ont la capacité de mobiliser de manière instantanée une main-d’œuvre ultraflexible » affirme Alternatives Economiques dans un article très fouillé.

Pas seulement à Bruxelles. « Partout en Europe, les actifs adoptent de plus en plus souvent le statut d’indépendant en recourant à des plates-formes en ligne afin d’obtenir des missions de livraison, transport, services aux entreprises…  Peut-être en faites-vous usage ? Une forme du futur du travail, reconfiguré d’un côté par les innovations numériques et, de l’autre, par des individus travaillant hors du salariat, du cadre collectif de l’entreprise et de ses hiérarchies, par choix ou par contrainte.

En France, un travailleur sur dix exerce déjà son activité via internet. Pas de chiffres aussi précis pour Bruxelles, mais l’ubérisation y progresse également. L’article a été réalisé à l’occasion d’une enquête collaborative entre plusieurs médias européens dont vous ne trouverez ICI que quelques extraits. La revue Politique a aussi consacré un article à une forme d’ubérisation historique.

Un bruit nuisible et couteux.

Les nuisances sonores générées par l’aéroport urbain de Zaventem affectent 220.000 personnes et coûtent très cher à la collectivité. C’est la conclusion chiffrée d’une étude ENVISA réalisée à l’initiative du Bond Beter Leefmilieu, le réseau des associations environnementales de Flandre. Etude concernant toutes les personnes impactées quel que soit leur domicile ou leur langue. Cet article du Soir détaille l’étude.

Outre les personnes « fortement incommodés » par le bruit, 109.000 voient leur sommeil gravement perturbé, 51.000 sont exposés à un risque accru d’hypertension et 2.000 risquent « fortement de développer une maladie cardiaque ischémique (crise cardiaque, angine de poitrine…) ». Cette étude est d’autant plus précieuse que le permis d’environnement de Brussels Airport Company doit être renouvelé et que cet aéroport privé souhaite encore développer ses activités et que les associations bruxelloises IEB et ARAU se sont peu impliquées dans ce combat. Il ne reste des associations locales et Bruxelles Air Libre Brussel pour défendre les intérêts des Bruxellois survolés.

A un moment où il s’avère indispensable de limiter le trafic aérien, où Amsterdam supprime les vols de nuit et refuse les jets privé, et où on taxe les vols de moins de 500 km, Zaventem ne songe qu’à la croissance au mépris des nombreux citoyens qui subissent les nuisances sonores de cet aéroport mal situé. On en reparle très prochainement.

Une révolte naissante ?

« N… les riches, casse-toi, trop cher… », pouvait-on lire mercredi passé dans Bruzz, dans 7/7 et dans Sudinfo. Des vitrines de quatre boutiques ont été taguées à la rue Dansaert. Les réactions n’ont pas tardé.

Pour la police ce sont des faits de vandalisme et il s’agit d’ouvrir une enquête pour retrouver les auteurs. Pour Frederik Ceulemans, porte-parole de l’Open-VLD, la « gentrification » ne doit pas être un argument pour chasser les entrepreneurs et laisser notre ville à l’abandon. Pour le ministre des Finances Sven Gatz (Open VLD) c’est une atteinte inacceptable à la liberté d’entreprise. Une intimidation répugnante. Notre ville doit pouvoir vivre, se développer et entreprendre.

Sur les réseaux sociaux ce qui frappe certains, c’est la nature des messages: hostiles aux boutiques huppées et aux riches. D’autres y voient plutôt les prémices d’une révolte qui commence à se manifester contre les inégalités qui ne cessent de croître dans une ville de plus en plus duale.  

Le co-living en question.

Vous vous souviendrez du billet annonçant que l’échevine de l’Urbanisme de la Ville – Ans Persoons – partait en guerre idéologique contre les personnes qui louent une chambre dans un ensemble Coliving & Coworking. Trop cher. Trop chic. Trop jeune. Trop bruyant. Pas accessible aux familles. Pour mettre fin à cela, elle voulait imposer une charge annuelle de 1.520€ par chambre … ce qui les rendrait encore plus chères, mais n’en diminuera pas le nombre. Où voulait-elle en venir, alors que la Ville peine à retenir la classe moyenne ?

Coup de théâtre, cet article de La Capitale révèle que la Région a pris un arrêté de suspension de ce règlement-taxe. La Tutelle estime que cela créerait une différence de traitement entre les titulaires d’un droit réel de jouissance sur l’immeuble dédié au co-living (ayant confié la gestion de ce dernier à un tiers) et les titulaires d’un droit réel de jouissance sur l’immeuble dédié au co-living n’ayant pas confié la gestion à tiers. La Ville viole ainsi le principe d’égalité de traitement.

C’est parce qu’elle ne démontre pas en quoi la différence de traitement ainsi opérée repose sur un critère susceptible de justification objective et raisonnable que la Ville est condamnée à retirer son règlement-taxe. Mais déjà, Etterbeek – qui est dans la même situation – envisage de modifier cette motivation en espérant ainsi maintenir la mesure. De nouveaux modes de vie émergent en ville, faut-il les encourager ou les dissuader ? Affaire à suivre.

Fin des voitures thermiques.

C’est en vue de limiter les émissions de gaz à effet de serre – qu’à partir de 2035 – il sera interdit de vendre des voitures neuves à moteur thermique. Cette décision à l’échelle européenne commence à se heurter à des oppositions de plus en plus grandes. De la part de l’Italie, de la Pologne et de la Bulgarie. Mais en Allemagne la question est même devenue un sujet de discorde au sein de la coalition gouvernementale.

Pour l’hebdomadaire Der Spiegel, il s’agit ni plus ni moins que d’un « combat de civilisation ». Les Allemands considèrent que la voiture individuelle est «sacrée». Ils y voient un «symbole du miracle économique» allemand et aussi une importante source d’emplois qualifiés et bien rémunérés. L’Italie qualifie le passage au tout électrique de «suicide» et de «cadeau» fait à l’industrie chinoise. D’autres pays ont émis des doutes et pourraient s’abstenir lors d’un vote, toujours en suspens, au Conseil de l’Union

Comme les choix politiques de l’Europe ne s’imposent évidemment pas aux autres continents, ce serait aussi renoncer à améliorer les qualités des moteurs thermiques et à abandonner les marchés aux constructeurs automobiles d’Asie et d’Amérique. Transitions Energies en dit plus, mais dans De Standaard – traduit ICI par DaarDaar – Kris Peeters va beaucoup plus loin et estime que “celui qui sème des bornes électriques récolte des voitures”. Affaire à suivre.