Et si les maires nous gouvernaient ?

Lorsque les autorités fédérales ou régionales n’agissent pas, au bout du compte, c’est aux bourgmestres qu’il incombe de prendre l’initiative. Ils en ont le devoir et les moyens. Ils ont l’habitude de rechercher des solutions pragmatiques. C’est Gazet Van Antwerpentraduit par DaarDaar – qui l’affirme. Les bourgmestres d’Anvers et de Rotterdam l’ont encore démontré, par leur visite de travail en Amérique du Sud, à propos de l’importation de stupéfiants et de la violence urbaine qu’elle engendre.

Pour le politologue américain Benjamin Barber, «  les États-nations n’ont plus la capacité de résoudre les grands problèmes de ce monde ». Les bourgmestres font mieux que leur gouvernement. Ils sont pratiques et efficaces. C’est ce qu’il avait écrit dans son ouvrage Et si les maires gouvernaient le monde ? Une centaine de maires de grandes ville du monde se réunissent déjà régulièrement au sein du C40. Ils se sont encore rencontrés en 2019 en vue de lutter pour une justice climatique.

Londres et New-York sont gouvernés par un maire. Paris par une maire. Bruxelles par 19 bourgmestres et un ministre-président … et n’est pas présente au C40. Une occasion de revenir sur l’indispensable simplification des institutions bruxelloises. Si certaines dépendent de la prochaine réforme de l’Etat, d’autres sont de la compétence de la Région et de son parlement. Un bourgmestre pour gérer la Ville-Région et 19 « mairies d’arrondissements » pour les affaires locales, une formule souvent présentée comme une solution d’avenir. Les réticences se marquent évidemment du côté des élus locaux, mais aussi dans une partie non négligeable de l’opinion publique bruxelloise francophone.

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5 réflexions sur « Et si les maires nous gouvernaient ? »

  1. brigittevermaelen

    Question : l’efficacité – terme à définir – se résumerait-elle à une question d’échelle du territoire ou surtout à la manière d’exercer le pouvoir, normalement dans l’intérêt général ?

    Un cas concret : un projet de lotissement d’un parking dans ma rue, mes voisins et nous ne sommes pas opposés à un lotissement raisonnable, mais les fonctionnaires de l’urbanisme ont accordé 11 dérogations à ce projet pour 240 m2 au sol pour faire passer un projet surdimensionné destiné à configurer à terme tout ce côté de la rue (ils revendiquent explicitement cet objectif).

    Les normes du règlement régional d’urbanisme (RRU), prévues pour la jouissance paisible du voisinage sont ainsi bafouées à force de dérogations.

    Fait particulièrement choquant : la nouvelle construction déroge au RRU en interdisant l’accès du bâtiment projeté aux personnes à mobilité réduite – PMR – (obligatoire) au prétexte notamment que la rue est en pente – le projet se situe tout au bas de la pente, au n° 5, alors que le n° 27 est accessible aux PMR.

    Non seulement l’échevin de l’Urbanisme Jonathan Biermann (MR) et le Collège ucclois (MR- Ecolo-cdh, en charge des PMR) n’ont répondu à aucun des dossiers de contestation, dûment étayés – notamment par un gros cabinet d’avocats (3.500 euros), que nous lui avons envoyés, mais il n’a pas versé un dossier collectif (version papier doublée d’un courriel à chaque échevin) au dossier administratif, comme s’il ne l’avait pas reçu.

    Et évidemment, le Collège a approuvé ce projet bafouant les normes notamment du RRU, sa déclaration vertueuse de politique générale, etc.

    Il y a ici de telles connivences entre les fonctionnaires de l’urbanisme et les architectes en charge du projet, issus des mêmes milieux, que les normes ne sont pas du tout respectées, fait endossé par le Collège, d’où notre recours au Conseil d’Etat contre ce projet : 10 à 20.000 euros pour tout simplement tenter de faire appliquer la réglementation.

    Trouvez-vous que cet exercice du pouvoir est sain ? Voudriez-vous le retrouver dans votre commune voire à l’échelle de la Région ? L’application de la réglementation est-elle réservée aux riches ?

    Ne serait-il pas plus sain de repenser l’exercice du pouvoir, notamment en donnant davantage de pouvoir au citoyen qui pour le moment peut se retrouver face à un vide monumental et un abus de pouvoir de la part de l’autorité à qui il n’a que délégué son pouvoir, mais sur lequel en fait il ne peut exercer aucun contrôle jusqu’aux prochaines élections ?
    Ne serait-ce pas plus efficace, plutôt que d’encombrer un Conseil d’Etat déjà surchargé ?

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    1. Yvan Vandenbergh Auteur de l’article

      Comme c’est une exigence flamande, beaucoup de francophones se méfient. Les collèges communaux sont très majoritairement aux mains des francophones, alors qu’à la Région les Bruxellois néerlandophones ont des sièges garantis au parlement et des postes de ministres et de secrétaires d’Etat au gouvernement régional.

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  2. Eric Corijn

    Malheureusement Benjamin Barber est décédé en 2017 à l’age de 77 d’un cancer. Mais son initiative Global Parliament of Mayors existe toujours: une initiative mondiale pour positionner les villes entre les Etats-nations et les organismes mondiales dans le concert des décisions mondiales. Lisez aussi: Corijn,E. : Une ville n’est pas un pays. Plaidoyer pour la révolution urbaine (SAMSA).

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