Tous bilingues ?

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Ce n’est pas la première fois que nous abordons la question de la maîtrise des langues à Bruxelles. Cette fois c’est L’Echo qui y consacre un éditorial. Selon la journaliste, parmi les chercheurs d’emploi, seuls 7% maîtrisent l’autre langue nationale, alors que la moitié des offres d’emplois disponibles à Bruxelles exigent la connaissance d’une autre langue – et de préférence le néerlandais. La navette a encore de beaux jours devant elle pour occuper une part importante les 700.000 emplois générés par Bruxelles.

Bruxelles, capitale d’un pays d’un pays bilingue – et même quadrilingue si on y ajoute l’allemand et l’anglais – se doit de faire de l’apprentissage des langues une priorité absolue. L’enseignement dispensé à Bruxelles par les deux Communautés n’a jamais été à la hauteur de ce défi. Les jeunes Bruxellois, qui ont passé obligatoirement 9 ans à apprendre la seconde langue nationale, en sortent rarement bilingues. Où sont les classes d’immersion ? Où sont les « native speakers » pour les cours de néerlandais et de français ? Reste aux parents francophones d’inscrire leurs enfants dans des écoles néerlandophones, avec tous les problèmes que cela commence à poser dans des classes où les enfants néerlandophones finissent par se retrouver en minorité.

Le pacte d’excellence avait laissé entrevoir une solution, mais selon L’Echo,  » les ambitions affichées ont été revues à la baisse, faute de moyens, et sous la pression des syndicats craignant de voir la charge de travail augmentée. L’apprentissage de deux langues en parallèle sera repoussé d’un an ». Va falloir agiter la sonnette d’alarme.

1 réflexion sur « Tous bilingues ? »

  1. Antonio Ponte

    Bonjour Yvan,
    Votre article me semble nimbé du « Yaka »…

    Il est déjà extrêmement difficile de trouver des professeurs de néerlandais pour les cours ordinaires, particulièrement à Bruxelles, sans parler des classes en immersion…
    Certaines classes de fin de secondaire comptent jusqu’à 30, voire 32 élèves pour le cours de néerlandais…
    En primaire, il existe des écoles qui ne trouvent tout simplement pas de professeurs habilités à assumer les cours de seconde langue (voire tout simplement d’instituteurs, la pénurie d’enseignants, cela vous parle?). Il y a donc des enfants qui terminent la 6e primaire sans pratiquement jamais avoir eu une seule leçon de néerlandais (même si celles-ci figurent dans les journaux de classe des professeurs vu que ces leçons sont obligatoires). Sans parler du fait que pour beaucoup d’élèves « francophones », le français n’est que la deuxième ou la troisième langue qu’ils utilisent. Ajoutons-y les primo-arrivants dont beaucoup n’ont jamais été scolarisés et vous découvrirez qu’il est très agréable de donner cours de néerlandais dans bon nombre d’établissements bruxellois.
    Sachant qu’un enseignant travaillant dans l’enseignement néerlandophone gagne un peu plus que dans l’enseignement francophone, difficile d’aller le débaucher.
    Les communautés ne facilitent en rien l’échange d’enseignants.
    Oui, il y a beaucoup à faire, mais les écoles n’ont que les moyens qu’on leur donne et n’ont guère de pouvoir de décision. Une école qui souhaite se lancer dans l’immersion doit appeler le Père Noël pour trouver les enseignants autorisés à y enseigner.
    Je connais plusieurs professeurs de néerlandais qui ont opté pour le travail dans le privé. Les raisons sont multiples:
    * marre d’un salaire irrégulier dépendant des intérims;
    * incapacité à donner cours dans des classes « sensibles »;
    * possibilités de promotions;
    * meilleur salaire (payé régulièrement);
    * fatigue de voyager entre plusieurs écoles pour obtenir un « temps-plein »;

    Il ne suffit donc pas de décréter qu’il est obligatoire de suivre le cours de seconde langue pendant 10 ans (et non 9, car le néerlandais démarre en 3e primaire à Bruxelles).

    Les instituteurs au Grand-Duché du Luxembourg doivent faire la preuve de la connaissance de trois langues : luxembourgeois, français et allemand… Mais ils sont autrement mieux rémunérés.

    Quand au Pacte d’Excellence, il a déjà subi tellement de modifications (Et non ! non ! ce ne sont pas les syndicats qui le modifient !) que je suis curieux de découvrir la « bête » à la rentrée de septembre. La seule chose dont je suis sûr, c’est que le nombre d’heures passées en concertations et en travail bureaucratique va exploser. Je ne suis pas certain que les élèves y gagneront ni que cela créera plus de vocations à devenir enseignant. Les intentions étaient louables, mais pour rappel, la Communauté française ne dispose que d’une enveloppe « fermée ».
    Quand la ministre annonce fièrement qu’il y a 300 institutrices maternelles en plus, elle n’a pas précisé d’où elle sortait l’argent. Bizarrement, beaucoup d’écoles bruxelloises (peut-être qu’en Wallonie aussi) ont vu leur niveau socio-économique augmenter : par exemple, passer de 1 à 2 sur 20, ou de 2 à 7 (1 désignant les écoles accueillant les enfants des milieux les plus démunis, 20 celles accueillant les enfants des milieux les plus favorisés). Ce petit tour de passe-passe permet de diminuer les moyens en enseignants et en finances supplémentaires octroyés aux écoles en enseignement « différencié ». Les écoles en enseignement « différencié » sont celles se trouvant dans les classes 1 à 5 et bénéficient de quelques moyens supplémentaires. Pour vous donner une exemple plus parlant, une école bruxelloise passée cette année scolaire-ci du niveau 2 au niveau 7 perd 94 heures de cours, soit environ 4 emplois. C’est bizarre parce que les enfants sont toujours les mêmes et que leurs parents n’ont guère vu leurs revenus augmenter…
    Les moyens financiers de cette école ont aussi été affectés. Il a suffi à la Ministre de faire appel à un brillant universitaire qui a changé le mode de calcul et le tour est joué.

    Je vous parie que dans dix ans, on parlera encore de ce problème de bilinguisme…

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