Un devoir d’intervention de l’école

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Nos écoles pas toujours à la hauteur lorsque des conflits culturels émergent. C’est Johan Leman – anthropologue et président de la vzw Le Foyer à Molenbeek –  qui l’affirme, face à des propos d’élèves comme: « Tu n’es pas circoncis, tu es sale »  ou « Ta tartine au jambon c’est un péché ». Propos d’enfants qui ne font que répéter ce qu’ils entendent à la maison, mais propos qui peuvent dégénérer et ont même été la cause de changement d’école. N’est-ce pas à juste titre que Johan Leman dit dans De Morgen ne pas comprendre comment de telles « onnozelheden » peuvent devenir un problème ?

Pourquoi certains enseignants ne réagissent pas et ne profitent pas de telles occasions pour faire le point avec les enfants ? Différentes origines, différentes cultures, différentes coutumes, tant pour l’alimentation que pour l’hygiène ou le sens de la vie sur terre. Les enfants ont le droit d’être informés de l’origine et des raisons d’être de ces différentes croyances et usages. C’est un devoir de l’école pluraliste. Oui, on peut être propre sans être circoncis.  Non, on n’est pas dégoûtant parce qu’on mange de la viande de porc.

Certes, cela doit faire partie de la formation ou du recyclage des maîtres. Certes les enseignants doivent être soutenus par leur direction, qui doit les inciter à profiter de ces propos d’enfants – qui ne sont pas anodins – pour fournir des explications et des réflexions à leurs élèves. En effet, il y a ce que l’on pense et dit à la maison ou dans les lieux de culte et il y a ce que l’école d’un état démocratique et pluraliste précise sur le plan historique et scientifique, par-delà les croyances de chacun, qui elles relèvent de la sphère privée. N’est-ce pas essentiel pour la cohabitation harmonieuse d’une nouvelle génération de citoyens bruxellois ?

3 réflexions sur « Un devoir d’intervention de l’école »

  1. Pierre Motyl

    Mon cher Yvan,
    Je crains que tu ne rêves tout haut ici: si la majorité des élèves d’une classe sont musulmans croyants et que l’école est dans un quartier chaud, seuls des profs dotés de super pouvoirs ont une nano-chance de les influencer. Lorsque l’on sait (i) que la majorité des profs sont des femmes sans super pouvoirs et que (ii) ils et elles ont énormément de mal à faire leur travail dans des écoles ‘ordinaires’ et que les résultats PISA le prouvent bien je pense qu’il faut chercher ailleurs…
    J’en profite pour inviter nos amis intéressés à lire le livre ‘La Nouvelle Autorité: Parents, Enseignants, Communautés’ de Haïm Omer publié chez Fabert. (Full Disclosure: j’en ai commis la traduction en FR).

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    1. Yvan Vandenbergh

      Merci Pierre d’attirer notre attention sur le difficile travail du corps d’enseignant.e.s, jadis essentiellement masculin et aujourd’hui essentiellement féminin, alors qu’il devrait être mixte.
      Si quelqu’un rêve tout haut c’est Johan Leman, qui a pourtant de très nombreuses années de travail à Molenbeek dans la vzw Le Foyer. Je partage cependant son point de vue. Si l’enseignement subventionné par un Etat neutre (ou pluraliste ?) ne peut pas expliquer le pourquoi et le comment des différents mode de vie et des croyances qui cohabitent sur son territoire, qui le fera ?
      On s’est débarrassé de l’obscurantisme qui a sévi pendant les décades dominées par une église catholique omniprésente, ce n’est pas pour se résigner à accepter comme vérité les dogmes d’autres croyances. Des cours d’histoire des religions doivent éclairer les jeunes, doivent développer leur curiosité, leur esprit de tolérance et leur respect pour les convictions des autres. C’est le rôle de notre enseignement subventionné et ses enseignants doivent être formés et soutenus pour cette tâche essentielle. Je ne vois aucune autre « autorité » pour jouer ce rôle. Je lirai le livre de Haïm Omer avec intérêt.

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