Archives de catégorie : Urbanisme

Bruxelles mégalomane ?

Un vent favorable nous a permis d’accéder à une note de juin 2014, qui conclut que Néo et Kanal ont pour points communs d’être deux projets mégalomanes, sensés booster notre attractivité internationale, mais sans études de marché ni business plan sérieux. Leur direction confiée, non pas à des professionnels choisis sur concours, mais à des proches du Ministre Président. Le PS n’a pas le monopole de ces parachutages, mais en semble coutumier. Cette analyse financière annonçait déjà ce que le magazine Investigation vient de révéler.

Luckas Vander Taelen s’avère encore plus féroce dans l’analyse du projet Kanal, à laquelle il s’est livré dans deux articles, traduits pour vous ICI. Pour lui, Rudi Vervoort a profité d’une nouvelle possibilité lui permettant de soutenir des projets culturels qui favorisent le rayonnement de la Région, pour justifier l’achat du garage Citroën. Jusqu’ici les initiatives culturelles étaient de la seule compétence des deux Communautés. Le Centre Pompidou en fera une juteuse affaire.

Un projet de prestige enthousiasmant, dont Bruxelles pourrait sans doute s’enorgueillir, mais dont la faisabilité financière est loin d’être garantie. L’achat, la « rénovation » et le fonctionnement de cet immense paquebot semble, pour Luckas Vander Taelen, aussi irresponsables que la décision inattendue de construire une troisième ligne de métro, désormais à l’arrêt dans le sous-sol marécageux de Bruxelles. Au futur gouvernement à se livrer à des arbitrages difficiles mais indispensables.

Santé publique demain.

21% des jeunes belges sont en surpoids depuis 20 ans, l’obésité a même légèrement augmenté. A Bruxelles la situation doit être encore plus inquiétante, face à l’offre de fast food en pleine croissance. Avec 257 établissements, les chaînes de restauration rapide de Bruxelles affichent 24,64% des fast food du pays, sans compter les friteries et les snacks indépendants.

Les aliments ultra-transformés remplacent les fruits, les légumes et les protéines à une période cruciale de la croissance des jeunes. Riches en sucres, sel et matières grasses, ils sont conçus pour séduire par leur goût, leur praticité et un marketing agressif. Le phénomène est mondial selon l’UNICEF, mais voilà les habitudes alimentaires des jeunes bruxellois.

Le piétonnier est devenu le boulevard de la malbouffe et malgré tout, un KFC va encore venir élargir l’offre dans les prochains jours. Face à l’inévitable liberté du commerce, ne devrait-on pas pouvoir compter sur les communes pour refuser de nouvelles affectations horeca pour ce type d’établissements ? et ne pas leur accorder de nouveaux baux quand elles sont propriétaires des lieux ? Et quel rôle pour l’école ?

Un futur à construire.

Christian Vandermotten* jette un regard sur le passé de Bruxelles pour évoquer son avenir. Mal aimée par les Flamands comme par les Wallons, Bruxelles aura de la peine à trouver une majorité suffisante à la Chambre pour modifier un statut, qui la prive des ressources et des pouvoirs qui lui manquent pour se réformer au profit de sa population et de son rôle de capitale multiple.

Vieille méfiance envers tout pouvoir centralisé, Bruxelles a toujours souffert d’un manque de solidarité de la part des deux autres Régions. Elle n’a jamais été pensée comme la capitale du pays autour de laquelle une solidarité devait s’organiser. Il serait pourtant juste que chacun paye des impôts là où il travaille. Voit-on Wallons et Flamands soutenir une telle réforme qui les appauvrirait ? L’absence prolongée de gouvernement contribue à l’image négative que les Régions voisines lui attribuent et conforte leur volonté de tutelle.

Vous en lirez plus ICI dans son interview. Si son analyse s’avère parfois décourageante, il évoque aussi des solutions pour en sortir à l’exemple de villes comme Hambourg, Berlin ou Brême, qui bénéficient d’une dotation importante pour compenser le fait qu’une partie de leur population y travaille mais habite à l’extérieur de la ville. Il a aussi comparé Bruxelles à d’autres villes lors des Nuits du Savoir.

* Christian Vandermotten, urbaniste et géographe, professeur émérite à l’ULB et auteur d’un ouvrage de référence – Bruxelles, une lecture de la ville.

 

Des bancs en ville.

Les bancs se font rares en ville. Souvent remplacés par des terrasses de café, où il faut consommer pour pouvoir s’asseoir. L’espace public ne doit-il pas mériter son nom: l’espace du public. ? C’est avec les contributions de nous tous que l’espace public est aménagé et entretenu. Le voir privatisé  est une tendance qui mérite réflexion. Les diverses fonctions des bancs publics sont bien illustrées ICI et résumées .

Les personnes âgées ou porteuses d’un handicap doivent pouvoir s’asseoir à intervalle régulier lors de leurs déplacements. Les bancs sont aussi des lieux de rencontre informels où les citoyens échangent quelques mots ou entament des conversations avec des inconnus. Leur disposition peut favoriser ces échanges. Nos communes sont-elles attentives à ces aspects de la vie en commun ?

Place Sainte-Catherine une série de bancs ont été enlevés pour permettre aux établissements privés d’agrandir leurs terrasses. Une action citoyenne menée à l’AB a conduit à la fabrication des bancs en bois. Certains sont toujours en place malgré la rafle de la Ville. Sur le piétonnier, les marelles, pétanques et autres sculptures ludiques ont disparu au profit des terrasses. L’espace public est notre salon à tous, ne mérite-t-il pas d’être bien aménagé et entretenu ?

Une initiative citoyenne largement démontée par la Ville et des bancs publics bienvenus

 

 

Une Ville Éponge.

Toutes les villes finissent par largement imperméabiliser leur sol en construisant partout et en asphaltant leurs voiries. Quand de très fortes pluies deviennent plus courantes, le sol n’est plus en mesure d’absorber cette eau. Elle se déverse alors dans les canalisations des égouts, qui n’ont pas été conçus pour de tels afflux et ils débordent. Comment Bruxelles, ses collines et ses vallées peuvent se préparer à cette situation ?

On parle de bassins d’orage comme à Flagey. On préconise des toitures vertes qui peuvent retenir les eaux. C’est insuffisant aujourd’hui. Finalement les excès d’eau de nos égouts finissent par se retrouver dans le canal et dans la Senne avec les eaux usées. Ils n’auront pas  eu le temps de passer par les deux stations d’épuration. Une situation qui ne peut perdurer. Bruxelles doit se préparer à la multiplication de fortes pluies.

Copenhague pourrait détenir la solution. La ville a réuni ses meilleurs urbanistes, paysagistes et architectes, afin de transformer la cité en une première « ville éponge ». Ce système de défense combine des zones humides, des parcs et des jardins de poche avec d’énormes tuyaux de stockage et des bassins de rétention. La ville éponge offre également des avantages en période de sécheresse. Cet article en dit plus et pourrait inspirer la politique à long terme de Bruxelles.

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