Archives de catégorie : Logement

Pour qui rénove-t-on ?

Le passé industriel révolu des berges du canal a permis le maintien d’un habitat abordable. Le canal est notre seule « rivière ». Il est aujourd’hui l’objet de toutes les attentions. On fait mine le découvrir et on spécule. Les affectations du sol, les appels à projets, les plans, les visions, les projets immobiliers, s’accumulent et parfois se contredisent. Pour qui rénove-t-on cet espace ? se demandent les habitants actuels du quartier, inquiets et méfiants.

Si les divers projets immobiliers pourraient déboucher sur une réelle mixité, il faut bien constater qu’ils ciblent tous une clientèle aisée et sont inabordables pour les habitants actuels. Un pourcentage de logements conventionnés et de logements sociaux  importants ne devrait-il pas être imposé dans les permis délivrés aux promoteurs ? Sans cela, ne va-t-on pas assister à un excès de gentrification, au détriment de la mixité souhaitée ?

Préserver l’âme du quartier se retrouve parmi les demandes des jeunes que des photographes – hors du commun – ont longuement rencontrés le long du canal. Ils ne peuvent pas croire que c’est pour eux que tous ces changements sont en cours, pas même la piscine de Flow. Ils craignent de perdre les espaces de liberté que le délabrement actuel leur avait octroyés. Leurs témoignages sont émouvants et révélateurs dans cette traduction de l’article avec photos de Bruzz.

Le « rand » se bruxellise.

Limitée à ses 19 communes, l’étalement de la Région de Bruxelles se développe inexorablement dans les communes flamandes qui l’entourent. A la fois à cause des prix inabordables des logements bruxellois et par un désir de campagne, de calme et de villas. Selon le rapport de l’Agentschap Binnenlands Bestuurtraduit ICI – cela fait du Vlaamse Rand la région la plus jeune d’une Flandre vieillissante: un quart des habitants du rand a désormais moins de 20 ans.

À Vilvorde et Machelen, le nombre de jeunes constitue déjà la moitié de la population en âge de travailler. Dans la périphérie, 48 % des habitants ont des racines étrangères. En 10 ans le nombre de personnes d’origine non européenne a cru de 71%. Certaines communes craignent que leurs écoles, leurs garde d’enfants et leurs maisons de jeunes soient sous pression par ce rajeunissement.

L’exode des Bruxellois de classe moyenne vers la périphérie se poursuit. La plupart d’entre eux continuent de travailler à Bruxelles, à s’y distraire, à s’y soigner… mais payent leurs impôts en Flandre. Si ces départs sont compensés par de nouvelles arrivées, ce sont généralement des primo-arrivants, avec peu de ressources et avec des demandes de soutien, de langue et de soins, à charge de la Région. Ceci explique – une fois de plus –  une partie de la dette bruxelloise.

Vivons-nous trop grand ?

Pas tout le monde. A Bruxelles, il y a à la fois des problèmes de sur-occupation du logemenr dans les quartiers les plus pauvres et de sous-occupation dans les quartiers les plus aisés. Selon Eurostat, 42,6%  des habitants des grandes villes vivraient dans un logement sous-occupé. Un grand nombre de maisons deviennent inutilement spacieuses pour leurs occupants seniors actuels (un couple de retraités, une personne veuve, une séparation, …).

Même à Bruxelles – où la natalité était la plus forte – la taille des ménages affiche une baisse depuis 2020. En cause, non seulement la chute de la natalité, mais aussi le vieillissement et l’éclatement des familles, lié aux séparations. Les gardes partagées supposent souvent deux logements avec plusieurs chambres. Suite à un incessant exode urbain – que la réduction des droits d’enregistrement wallons pourrait doper – l’exode de Bruxelles pourrait se poursuivre. En périphérie, la situation est pire. Cet article du Viif le relève. Il épingle le cas de Grez Doiceau et propose des solutions pour en sortir.

« La sous-occupation tire aussi les prix de l’immobilier vers le haut au détriment du droit à un logement décent pour tous. Elle accentue l’élargissement du centre-ville et l’urbanisation de la périphérie, avec pour conséquences une imperméabilisation croissante des sols, une dépendance accrue à la voiture et une hausse des coûts dédiés aux services et aux équipements collectifs en tout genre ». La densification de la ville est la seule réponse. Elle fait peur, alors qu’elle pourrait être harmonieuse et payable.

Des lotissement de ce type sont-ils encore adaptés en périphérie de la ville ? © Capture Google Earth

Être propriétaire à Bruxelles.

Le PS tente de faire adopter un projet de loi Loyers avec une majorité de gauche alternative au parlement bruxellois. En effet, des générations de locataires ont eu bien du mal à résister au pouvoir d’un certain nombre de gros propriétaires immobiliers parfois très gourmands. Dans le passé, le gouvernement régional a déjà voulu y mettre fin, en garantissant davantage de droits aux locataires. Trop de droits aujourd’hui  Certains propriétaires estiment ne plus être maîtres de leurs biens et menacent de désinvestir.

A Bruxelles, le marché locatif se trouve dependant largement dans les mains de petits propriétaires, investissant pour s’assurer un complément de retraite. Pour des raisons environnementales, de PEB et de sécurité, ils sont obligés de financer de nouveaux investissements souvent considérables. Simplement pour maintenir le niveau de leurs revenus, ils sont obligés d’augmenter les loyers. Une protection excessive des locataires finit donc parfois par se retourner contre eux.

Une population qui augmente et une offre de logement insuffisante – souvent peu adaptée à la situation financière d’un grand nombre d’entre eux – explique pourquoi plus de 50.000 ménages sont demandeurs reconnus d’un logement social. De multiples réglementations d’urbanisme et des délais scandaleusement longs pour délivrer des permis, freinent aussi la création de nouveaux logements. Une professeur de l’ULB prend ici manifestement la défense des propriétaires, trop généralement présentés comme des monstres sans âme. Un autre point de vue.

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Bruxelles est-elle prête ?

Après Valence, Bruxelles ? Des événements climatiques extrêmes, provoqués par le dérèglement climatique ont causé la mort de 308 morts et disparus dans la région de Valence et des dégâts encore inestimables. Sans gouvernement, que se passerait-il si des pluies aussi abondantes venaient à tomber sur Bruxelles ? Le territoire bruxellois est-il en mesure d’absorber de telles quantités d’eau d’un coup ? Qu’est-ce qui est mis en place pour éviter le pire ? 

Il n’y a pas qu’à Valence et Malaga que s’abattent des trombes d’eau. La Flandre et la Wallonie ont déjà connu des inondations dramatiques et onéreuses. Jusque-là, Bruxelles semble à l’abri. Pourtant ses profondes vallées sont inondables, vu leur sol  largement imperméabilisé et vu les véritables torrents qui pourraient s’y déverser. A Bruxelles, un habitant sur trois vit dans une zone inondable. La VRT y consacre un article en français et Le Soir démontre qu’on n’est pas prêts à y faire face.

L’administration de l’Environnement a établi des cartes très précises et affirme qu’un plan bruxellois peut être attendu pour septembre 2025. Si la Région doit absolument anticiper sur une telle situation, il est aussi vital d’impliquer le citoyen dans ce processus. Des initiatives locales auront aussi toute leur importance. Bruxelles Environnement donne plusieurs conseils aux particuliers

Valence après le drame. photo philomag