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Ne pas tirer sur le pianiste.

Oui, le MR a gagné les élections à Bruxelles. Non, il n’a pas été capable de constituer une majorité autour de lui en 550 jours. Ce n’est pas l’arrivée d’un montois comme formateur qui a arrangé les choses. A propos de l’initiative prise par Yvan Verougstraete (Les Engagés), Béatrice Delvaux publie un éditorial louangeur et se demande qui peut se permettre de tirer sur celui qui ose se lancer ainsi dans le vide ?

Extraits. Ce n’est qu’après avoir mis en garde son homologue et partenaire du MR sur les couacs de sa méthode de travail, que le bruxellois Verougstraete s’est présenté comme un homme de bonne volonté, là où tant d’autres – PS et Open VLD – ne le sont pas. Un homme prêt aussi à se mouiller dans différentes configurations pourvu qu’au final, les Bruxellois, au bord du gouffre financier, aient un gouvernement et un budget.

L’agacement généralisé suscité par le président du MR auprès des autres partis francophones bruxellois pourrait même servir de ciment à une coalition aujourd’hui improbable. Son projet de coalition n’est pas forcément antidémocratique: nombre de gouvernements se sont formés sans prendre à leur bord le parti qui a gagné les élections. Et puis, après 18 mois de crise et de vide, comment lui reprocher d’essayer ce qui est possible ?

Deux cartes sur la table.

On n’ose même plus imaginer un gouvernement avant la fin de l’année. Plus personne autour de la table. Les mots manquent pour qualifier la situation qui perdure depuis près de 550 jours. Nos représentants (?) élus pour gouverner la Région semblent vaquer à leurs occupations courantes, sans plus rien déposer sur la table des négociations. Le respect de l’électeur ne semble plus une priorité. Juste quelques petites phrases assassines pour tente de remonter dans les sondages. La honte pour la capitale de l’Europe.

Elk Van den Brandt (Groen), cheffe de file de la majorité néerlandophone, voit en Yvan Verougstraete (Les Engagés) un possible formateur, qui dispose des clés. Il avait donné dix jours au MR pour proposer une solution qui suscite l’adhésion d’une majorité. La deadline, c’est aujourd’hui. L’alternative Verougstraete, c’est un gouvernement de centre gauche sans le MR. Pas facile à mettre en place, puisqu’il n’a aucune majorité garantie. C’est cependant celle qui s’en rapproche le plus.

Dans Bruzz, Kris Hendrickx lance une autre carte. Il se demande si les citoyens ne devraient pas prendre le relais des négociateurs défaillants ? Des personnalités de tous les secteurs de la société bruxelloise se sont regroupés dans Respect Brussels. Ils ont appelé à une nouvelle approche. Faute du conclave – qu’ils ont appelé de leurs vœux – ils ont lancé un Appel en faveur d’un comité d’experts et d’une convention citoyenne. Plus vite dit que fait, mais une échappée. Tous les lundis midi ils seront présents face au parlement.

Le prix du succès.

Bruxelles paie le prix de son succès. C’est le titre paradoxal d’un nouvel article que le philosophe Philippe Van Parijs vient de publier dans The Brussels Times. A en croire la plupart des médias, la Région bruxelloise s’avère malade. Absence de gouvernement, hémorragie financière, travaux routiers et ferroviaires interminables., … Les défis auxquels Bruxelles est confrontée seraient cependant le prix à payer pour le succès qu’elle connaît.

Pour l’économiste Edward Glaeser, il n’y a pas d’indicateur plus fiable de la santé d’une ville que son évolution démographique. Depuis l’an 2000, Bruxelles a vu sa population augmenter de 31 %, contre 16 % en Flandre et 11 % en Wallonie. Et si Bruxelles est plus pauvre qu’avant, ceux qui l’ont quittée l’ont souvent fait avec des revenus et un capital humain nettement plus élevés qu’à leur arrivée. Bruxelles instruit et enrichit les gens et peut en être fière.

Philippe Van Parijs aborde aussi la tragédie de nos écoles, le difficile recrutement des enseignants, la question de l’apprentissage des langues, la mobilité enrayée, la sécurité en berne et le système électoral d’un autre temps. Il ne se contente pas d’épingler les problèmes, il propose aussi des solutions avec un certain optimisme rafraîchissant. Avec ses collègues de Re-Bel il propose également un nouveau système électoral destiné à éviter de futurs blocages.

Yvan Verougstraete ministre-président ?

Après l’échec du formateur G-L Bouchez (MR), un rassemblement de partis de centre gauche pourrait bien être la dernière carte à jouer pour tenter de constituer un gouvernement de plein exercice. Comme plus grand parti de ce rassemblement, le PS pourrait en exiger le poste de ministre-président, mais il semble qu’il ait proposé la ministre-présidence à Yvan Verougstraete (Les Engagés), afin qu’il se détache de son alliance avec le MR à Bruxelles.

Verougstraete a fait la preuve de son talent de rassembleur lorsqu’il a temporairement occupé la fonction de médiateur à la place de David Leisterh. Il sait écouter et comme – entrepreneur qui a réussi – certains pensent qu’il pourrait assumer cette fonction et redorer l’image de Bruxelles, qui a beaucoup pâti de l’absence de leadership. Cela supposerait qu’il renonce à son mandat européen et à la présidence de son parti. Une lumière au bout du long tunnel ?

Fin stratège, Ahmed Laaouej (PS) a-t-il compris que ce serait la seule manière de déscotcher Les Engagés du MR ? Compris qu’il peut être clivant et peu rassembleur (même Vooruit n’a pas voulu le suivre dans son projet de gouvernement de gauche). Compris qu’il  pourrait mieux continuer à se montrer radical en n’étant pas ministre-président ? Tout cela demanderait encore de pouvoir récolter une majorité tant du côté francophone que néerlandophone. Avec l’appui d’élus indépendants ?

 

 

 

 

541 jours de temps perdu.

Plusieurs centaines de Bruxelloises et de Bruxellois se sont retrouvés hier midi face au parlement, pour clamer leur impatience et leur détermination. « L’inaction politique a désormais des conséquences sur nos vies, sur nos quotidiens. Nous n’en pouvons plus, nous méritons mieux que cela et ne voulons plus attendre. Nous avons laissé assez de temps aux responsables politiques pour s’entendre. »

 Ils poursuivent: « Nous exigeons que les responsables politiques se réunissent en conclave dès le 2 décembre et s’entendent enfin sur un accord de gouvernement et une trajectoire budgétaire. Qu’ils se donnent un cap qui débouche sur une vision pour Bruxelles, à la veille de ses 40 ans d’existence. »  Respect Brussels souhaite aussi organiser une Convention citoyenne pour penser l’avenir politique et institutionnel de Bruxelles, au-delà de la crise actuelle.

Ils en disent plus sur BX1. Voilà un petit reportage révélateur de la RTBF et un billet de la VRT. Deux articles de presse ICI, avec des commentaires intéressants. Même la France s’inquiète pour nous. Et LA , l’entièreté de l’Appel de Respect Brussels 

« Ensemble, on continue et on ne lâche rien ! »

images extraites de la RTBF