Billet d’humeur
Nous n’allons pas jouer au Calimero pleurnichard, mais il semble de plus en plus évident que le statut de la troisième Région du pays et la loi spéciale qui l’institue, nous mènent à un naufrage institutionnel. Bien sûr, les femmes et hommes politiques des 30 dernières années avaient réussi à surmonter ces obstacles, mais une nouvelle génération plus radicale et moins soucieuse du bien commun n’y arrive plus.
Bientôt 500 jours sans gouvernement. Bruxelles ressemble de plus en plus à un paquebot à la dérive, incapable de se fixer un cap. Si d’aucun y voient une belle occasion de rêver de mettre la capitale sous tutelle, la société civile bruxelloise exige de ses élus de redonner priorité au bien commun et de démontrer notre capacité à gérer notre cité au profit de tout le pays.
Une récente carte blanche attribue les causes de l’échec de Molenbeek 2030 au titre de Capitale européenne de la Culture au naufrage institutionnel et politique belgo-bruxellois. Molenbeek n’a pas bénéficié du même soutien de la part des deux Communautés que Namur et que le lauréat Leuven. Bruxelles a été le parent pauvre des politiques culturelles, victime de son extrême complexité. L’analyse des causes de cet échec est intéressante parce qu’elle dépasse la seule situation de Molenbeek2030.

Les tendances lourdes de la Belgique ne sont pas en faveur de notre région :
– une petite majorité flamande riche, institutionnellement arrogande, ayant la main sur les principaux leviers fédéraux;
– une mini région historiquement flamando-brabançonne, financièrement en coupe réglée depuis la fin de la Belgique unitaire et politiquement représentée par des partis francophones plus wallon que bruxellois.
a) Si le contexte national et notre attitude restent les mêmes , les carottes d’une Bruxelles maîtresse de son destin sont cuites : ce sera l’assimilation par la Flandre ou sa version soft, la (re)mise sous tutelle fédérale.
b) Un changement de posture politique reste cependant potentiellement porteur à savoir une affirmation forte et remuante de notre identité.
S’opposer, proposer, nouer des alliances à géométrie variable, regrouper nos forces politiques sur des thèmes extra-régionaux et sur des initiatives fortes sans se référer aux « tuteurs ».
En un mot : EXISTER.
Le respect et l’écoute des autres régions et communautés couleront alors de source ou le pays éclatera sous notre pression. Dans tous les cas, ce sera la fin de cette grisaille institutionnelle devenue insupportable.
Pfffhhh – trés intéressant – comme tout cela est compliqué – comment s’en sortir ?
Je pense qu’une mise sous tutelle serait encore pire que la situation actuelle. Il suffit de se rappeler du mal qui a été fait à cette Région avant qu’elle ne sorte du frigo institutionnel (en gros entre 1978 & 1990): Service minimum garanti.
Je crains une autre solution : une annexion de Bruxelles à la Flandre, un genre de grande commune à facilités (lesquelles, c’est évident, seront érodées au fil des années). Vous ne le croyez pas ? Il me semble pourtant que la commune d’Uccle a évoqué récemment un possible rattachement à la région flamande !
Bruxelles est une belle poule aux œufs d’or bien dodue actuellement soigneusement plumée par les deux autres Régions mais qui, pourquoi pas, pourrait bien ne l’être que par une seule : la Flandre !
Du seul côté des emplois, quelle aubaine se serait pour elle :
En 2022, la Région de Bruxelles- capitale , seconde ou troisième région générant le plus de richesses en Europe, accueillait 267 423 navetteurs flamands et 146 000 navetteurs wallons. Plus de 400.000 postes sur un total de 835.000 et seulement 32% attribués à des flamands ? Inacceptable à terme pour une Flandre qui se montre toujours plus impériale et avide de puissance et de reconnaissance. Inacceptable et diablement alléchant…
En cas d’annexion, quels seraient les risques pour la Flandre ? La Wallonie qui voyant s’envoler l’essentiel des revenus de 150.000 rapidement flamandisés, ferait-elle sécession ? Bon vent ! Aurait-elle la puissance économico-politique de s’opposer à une annexion bien amenée ? Elle n’en prend pas le chemin et elle n’a rien fait ni proposé pour sauver Bruxelles de la faillite.
Les instances internationales déménageraient-elles ? Ce serait fort étonnant.
La langue française est la langue véhiculaire de la majorité laquelle risquerait de se révolter à devoir apprendre et utiliser une langue certes respectable mais si peu utilisée à l’international ? Pas grave, les facilités seraient là pour calmer les foules et seraient de toutes façons destinées à un gommage en règle. Sa population deviendrait flamande avec tous les bénéfices de la chose, de quoi calmer les ardeurs contestataires !
Et puis tout compte fait, ce ne serait jamais que la fin d’une parenthèse ouverte par Napoléon et entretenue par la Wallonie du temps de sa domination.
Allez, vendu !
Ok je comprends Quelle serait alors la meilleure solution selon vous ?
Tout ceci n’est que la démonstration de l’incapacité de cette Région d’être à la hauteur de sa mission.
Tandis qu’on exclut à la pelle les chômeurs de longue durée, les mandataires bruxellois sont payés à ne quasiment rien faire
On avance vers un sorte de république bananière dans laquelle on se paye la tête du peuple. Au-dessus du plafond de verre, ils font ce qu’ils veulent. Causez toujours …
Mais ce n’est pas neuf : Rudi Vervoord a manié la langue de bois (il faut dire que les communiquant du PS sont expert en la matière), avec un zèle irremplaçable mais incapable de fédérer ses troupes.
Lamentable, vous avez dit lamentable ?
Je pense que cela va durer longtemps encore : on il y a de la gêne il n’y a pas de plaisir.
Une mise sous-tutelle du fédéral ou un district européen doit arriver de toute urgence car nous avons bien la preuve que le reste ne marche plus.
Les politiques Bruxellois se disqualifient eux même. Le fédéral et les communautés envisagent la capitale comme un mal nécessaire – mais trop peu de votants pour s’y intéresser vraiment (ou y investir). A défaut d’une mise sous tutelle du fédéral, que pensez vous d’un système à la « Washington DC » – Un « Bruxsel ED » (European District) : gouvernement unique multilingue (anglophone?) avec un budget distinct (impots bases sur les travailleurs locaux, sous contrôle d’une gouvernance unique élus, isole du budget belge). Ah les élus locaux n’aimeraient pas. Mais méritent ils encore des postes?