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Longévité bruxelloise

En 2020, selon les données brutes de l’Institut de la Statistique IBSA, l’espérance de vie des Bruxelloises était de 82 ans et celle des Bruxellois de 77 ans. Il faut s’en réjouir, même si par rapport à 2010, il y a un (très) léger recul. Cette longévité a bien évidemment un impact important sur le budget de l’Etat, qui doit assumer le coût des pensions et des soins de santé de séniors de plus en plus nombreux.

Cette longévité a aussi un impact sur l’héritage. Les jeunes héritent de plus en plus tard de leurs parents. Pas au moment où ils en ont le plus besoin. Vu la hausse des prix constante du logement à Bruxelles, ils n’arrivent plus à acheter leur logement et l’héritage arrive trop tard pour les y aider. Ils héritent souvent lorsqu’ils sont eux-mêmes déjà âgés et n’ont plus les mêmes besoins et participent moins à l’économie.

Il semble que le contexte sanitaire aurait incité de nombreux citoyens à réfléchir davantage à leur succession. De plus en plus de Bruxelloises et de Bruxellois donnent des biens immobiliers et mobiliers de leur vivant à leurs proches. Entre le 1er janvier et le 30 novembre 202021, le nombre de donations immobilières a augmenté de +19% à Bruxelles et pas moins de 1.210 biens mobiliers ont été donnés en 2021, soit une augmentation de +21% par rapport à 2020

Une dette qui inquiète

Selon des propos du gouverneur de la Banque nationale, Pierre Wunsch, « la situation budgétaire de la Région de Bruxelles-Capitale est alarmante ». Ces dernières années, le solde de financement n’a cessé de se détériorer et la Région bruxelloise est désormais celle dont le taux d’endettement est le plus élevé: 280% de ses revenus. A titre de comparaison: en Flandre, les dettes ne s’élèvent qu’à un peu plus de 50% des revenus.

C’est avec un certain étonnement, que l’on apprend que contre toute attente la viabilité de la dette de la Communauté française (fédération Wallonie-Bruxelles pour certaines compétences comme l’éducation et la culture) semblerait moins problématique à 80 % des recettes. Il sera intéressant d’entendre les commentaires de notre grand argentier régional Sven Gatz et des économistes qui nous lisent.

Les soutiens, qui ont été nécessaires pour permettre aux commerçants et aux entreprises de rester à flot durant la crise du Covid, ne sont certainement pas pour rien dans cet important déficit, mais on peut  aussi s’interroger à propos des énormes investissements relevés par Michel Hubert pour la réalisation du Métro 3. D’autant plus, que les taux d’intérêt bas, qui financent la dette, ne seront pas éternels. Quelle ardoise allons-nous laisser à la nouvelle génération, qui aura à faire face aux conséquences du changement climatique ?

Salaires trop bas

Achats trop chers

Nos entreprises se portent bien et les faillites sont en baisse. Tant mieux. La progression des marges bénéficiaires des entreprises indique cependant  que nous payons nos achats trop cher, voilà ce que l’on peut lire dans un article du journal économique L’Echo. Il précise : qu’une part croissante de la richesse créée par ces entreprises va dans la poche des actionnaires et non pas des salariés. Une opportunité pour relever les salaires au-delà de l’indexation et particulièrement les salaires les plus bas. ?

Le phénomène semble être mondial. En cause: le déficit de concurrence dû à la montée en puissance de grands groupes qui réussissent à expulser du marché les plus petits acteurs, ce qui leur permet de relever leurs prix sans crainte de perdre des clients. Mais pourquoi cette évolution est-elle bien plus prononcée en Belgique que dans le reste de l’Europe, comme vous le voyez dans le tableau en annexe ?

« Le gonflement des marges bénéficiaires de ces dernières années nous interpelle assurément, mais pour bien l’interpréter, une analyse plus approfondie serait nécessaire », déclare le patron de l’Autorité belge de la concurrence (ABC), Jacques Steenbergen. Mais, faute de moyens, nous n’avons plus effectué de recherches sectorielles ciblées depuis de nombreuses années. » Et les résultats d’une analyse de la Banque nationale ne sont pas attendus de sitôt.

Changer de mode de vie ?

Le futur de Bruxelles ne ressemblera pas à la vie que nous menons aujourd’hui. C’est déjà une certitude. Si nous voulons léguer une planète habitable à la nouvelle génération, serons-nous prêts à revoir bon nombre de nos comportements ? Changer d’habitudes ? Rien de plus difficile. C’est sortir de sa zone de confort. Le changement climatique nous interpelle, après les inondations catastrophiques vécues par des milliers de concitoyens, il ne peut plus être nié. Sommes-nous prêts pour autant à modifier considérablement notre mode de vie ?

Une nouvelle étude internationale de Kantar Public est intéressante à feuilleter. Elle est résumée en français ICI. Elle souligne l’écart important entre la prise de conscience et l’action. Elle montre qu’il y a peu de volonté de prendre moins l’avion, de mettre de côté la voiture ou de manger moins de viande. Les tableaux de l’étude sont très révélateurs des freins à l’action individuelle, souvent jugée insuffisante pour régler la question climatique. Un certain nombre de personnes pensent que c’est plutôt au niveau politique que des décisions doivent être prises.

Le débat politique nécessaire aujourd’hui, porte évidemment sur la définition de notre futur modèle de production et de consommation et sur ses implications. Se concentrer sur les solutions et les changements, y compris les plus difficiles, et accepter la répartition équitable des efforts nécessaires entre tous les acteurs de la société. Alors qu’ils génèrent le moins de gaz à effet de serre, ce sont les moins nantis qui paient déjà le plus lourd tribu aux conséquences des changements climatiques en cours. Cela devient désormais une question de solidarité entre êtres humains. La COP 26 ne semble pas y être arrivée.

photos unplash et oxfam international

Six changements profonds

L’aggravation des problèmes climatiques et la crise sanitaire ont provoqué des changements radicaux dans la société. Bien que l’emploi, la production et la situation financière des entreprises de la plupart des pays de l’OCDE soient revenus à leur niveau d’avant la pandémie, l’économie actuelle semble très différente de celle de janvier 2020. C’est Business AM qui l’affirme, mais n’aborde pas l’évolution de la pauvreté.

La situation des Bruxellois n’est plus la même non plus, si les entreprises ont reçu d’indispensables aides de l’Etat et de la Région, pour certains indépendants, pour le monde de la nuit et pour le secteur culturel, cela s’est avéré insuffisant. Pour les personnes les plus démunies, la situation c’est encore détériorée, notamment à cause de l’inflation, de l’augmentation rapide du prix de l’énergie, qui pèse lourdement sur leur logement, souvent mal isolé.

Business AM relève l’impact de deux ans de Covid:
1. Les gouvernements sont plus endettés que jamais, la Belgique en tête – tableau ICI
2. Il y a plus d’argent dans le monde que jamais auparavant
3. La demande de services a été remplacée par la demande de biens
4. L’employé, et non plus l’employeur, dicte les lois
5. Une attention accrue pour l’innovation, la numérisation et l’efficacité
6. Accélération de la transition énergétique
Dominique Dewitte s’en explique ICI, tableaux à l’appui.