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Le prix du succès.

Bruxelles paie le prix de son succès. C’est le titre paradoxal d’un nouvel article que le philosophe Philippe Van Parijs vient de publier dans The Brussels Times. A en croire la plupart des médias, la Région bruxelloise s’avère malade. Absence de gouvernement, hémorragie financière, travaux routiers et ferroviaires interminables., … Les défis auxquels Bruxelles est confrontée seraient cependant le prix à payer pour le succès qu’elle connaît.

Pour l’économiste Edward Glaeser, il n’y a pas d’indicateur plus fiable de la santé d’une ville que son évolution démographique. Depuis l’an 2000, Bruxelles a vu sa population augmenter de 31 %, contre 16 % en Flandre et 11 % en Wallonie. Et si Bruxelles est plus pauvre qu’avant, ceux qui l’ont quittée l’ont souvent fait avec des revenus et un capital humain nettement plus élevés qu’à leur arrivée. Bruxelles instruit et enrichit les gens et peut en être fière.

Philippe Van Parijs aborde aussi la tragédie de nos écoles, le difficile recrutement des enseignants, la question de l’apprentissage des langues, la mobilité enrayée, la sécurité en berne et le système électoral d’un autre temps. Il ne se contente pas d’épingler les problèmes, il propose aussi des solutions avec un certain optimisme rafraîchissant. Avec ses collègues de Re-Bel il propose également un nouveau système électoral destiné à éviter de futurs blocages.

Laisser tomber Bruxelles ?

DaarDaar a traduit un article de l’économiste Jan Wostyn, qui est aussi coprésident de Vista, un nouveau parti flamand social-libéral, qui milite pour un accroissement de l’autonomie de la Flandre et un renforcement de ses liens avec Bruxelles. Certains Flandriens voient toujours Bruxelles comme un boulet que traîne la Flandre et se trouvent dès lors face à un dilemme : flamandiser Bruxelles ou y renoncer totalement. Ce n’est pas le point de vue de Jan Wostyn.

Lui, il va même jusqu’à souhaiter la création d’un fonds « Flandris », auquel serait reversée une petite fraction des impôts payés par les navetteurs flamands et qui serait cogéré par les gouvernements flamand et bruxellois. Ces crédits pourraient ensuite être alloués à des projets touchant aux infrastructures et à la sécurité, dans l’intérêt des navetteurs flamands et de l’économie de la Flandre. Même chose avec les Wallons ?

Jan Wostyn aborde aussi d’autres sujets, comme le succès de l’enseignement néerlandophone à Bruxelles, le vote d’un certain nombre de francophones pour des partis néerlandophones ou encore la nécessité d’une nouvelle réforme de l’État, suite au blocage de la Région de Bruxelles Capitale. Il serait intéressant de connaître la réaction des Bruxellois francophones face à ses diverses propositions pour une ville plus équilibrée entre les deux communautés.

A propos de notre richesse.

Le billet à propos de la « richesse » de Bruxelles et son complément cité par la RTBF, ont suscité bien des commentaires. Des lectrices et des lecteurs soulignent l’usage souvent caricatural des chiffres avancés. S’il y a accord sur un juste financement pour prendre en compte les charges spécifiques que Bruxelles doit supporter, il y aurait d’autres manières d’y parvenir que l’attribution d’une partie des impôts.

Deux lecteurs néerlandophones,  Jan Wostyn et Luckas Vander Taelen réagissent aux conclusions de la Banque Nationale et à ses perspectives. Magali Verdonck se dit d’accord avec certains éléments mais absolument pas avec d’autres. Le débat est amorcé. “Quelque chose” ne devrait-il pas se passer qui sorte du cadre habituel ? Les institutions bruxelloises méritent une discussion qui dépasse les acteurs politiques en perdition, et des idées innovantes solidement étayées.

Faute de gouvernement de plein exercice, il est aussi question d’un gouvernement de salut public, composé d’experts retenus par le parlement, pour établir un budget qui permette de réduire la dette et d’assurer le bon fonctionnement de la Région. Ce serait une première.

Une transition positive.

A quoi ressemblera la Belgique en 2050 ? A cette échéance, l’Europe devrait avoir atteint la neutralité carbone. Un objectif qui implique de modifier la manière de produire et de consommer, et qui va impacter le marché du travail. Des métiers vont disparaître, d’autres vont émerger. Quel sera l’impact sur le marché du travail, sur l’offre de formation ?

Selon une étude de Climact et Idea Consult, trois scénarios peuvent être retenus: celui d’un changement majeur des comportements (moins de recours à la voiture au profit des transports publics et alternatifs), un changement technologique (solutions techniques pour réduire l’impact humain sur les émissions carbone) et un mélange de ces deux options. Dans tous les cas de figure, l’impact sur l’économie, la fiscalité, l’emploi, la formation est bien réel mais positif.

45 % du marché du travail et 58 % de la valeur ajoutée créée en Belgique seront impactés par cette évolution. Particulièrement dans sept sous-secteurs différents : le transport, la santé, l’agriculture et l’alimentation, la construction, l’économie circulaire, la recherche et développement, l’enseignement, qui devra être renforcé et sensibilisé aux enjeux du climat et du développement durable. Tout cela est détaillé ICI.

10 milliards sans austérité.

Selon une analyse récente d’Eric Dor – directeur des études économiques – 10,8 milliards d’euros seraient à portée de main, sans devoir pratiquer une politique d’austérité. La solution: mettre plus de citoyens au travail. Plus le taux d’emploi est élevé, plus les recettes fiscales sont importantes. Les Régions et Communautés en bénéficient, puisqu’elles dépendent partiellement des impôts collectés sur leur territoire,

Dans la tranche des 25-54 ans, Bruxelles se trouve en queue de peloton avec 78,3% de taux d’emploi pour 89,8% en Flandre et 80,50 en Wallonie. Avec une moyenne de 75,8%, la Belgique affiche le cinquième chiffre le plus bas de l’UE. Seuls la Grèce, l’Espagne, la Roumanie et l’Italie font moins bien. Bruxelles a donc à mettre en œuvre une politique de mise à l’emploi efficace. Il y a trois défis à relever. Ils sont ICI.

Eric Dor est catégorique : “Aussi longtemps que le taux d’emploi en Wallonie et à Bruxelles est inférieur aux taux d’emploi de la Flandre, il est illusoire d’espérer que leurs habitants puissent se payer les mêmes services publics et d’enseignement que ceux de la Flandre.” Voilà qui sonne comme un avertissement. L’apprentissage des langues et la poursuite de la scolarité seront essentiels, ainsi que la régularisation du travail en noir.