Saint-Jacques bord de Senne, un petit quartier du centre de Bruxelles qui a gardé une âme,
où les habitants se connaissent,
se parlent et s’entraident. Comme au Moyen-âge, toujours regroupés autour de
l’église de Bon-Secours.
Cette site n’a pas la prétention d’être un ouvrage scientifique , même si tous les faits cités sont exacts , et est destiné aux habitants du Quartier Saint-Jacques /Sint-Jacobswijk, aux écoliers, aux étudiants, qui ne connaissent pas encore les petites histoires de leur ville, ainsi qu’à tous les amoureux de ce petit coin de Bruxelles , de sa vie de quartier jusqu’en 1870 et plus, lors de la disparition de la Senne et des maisons la bordant, englouties sous les nouveaux boulevards .
Certaines allées sont toutes droites : ce sont celles que l’on a faites .
D’autres sont tortueuses : ce sont celles qui se sont faites elles-mêmes .
Et ces dernières sont beaucoup plus agréables , parce que vous ne savez jamais à l’avance où elles vous conduiront . Elles ont été tracées petit à petit par les enfants , les chiens , et tous ces gens qui ne se soucient guère qu’un chemin soit fait de telle ou telle manière. J.M. Barrie in « Peter Pan »1902.
Collection GS
Détail du plan de Braun et Hogenberg 1572
1 . Porte de Saint-Jacques ou du Moulin-Supérieur . 2 . Chapelle St. Jacques .
3 . Rue du Marché au Charbon . 4 & 5 . Coin des Teinturiers . 6 . Rue de la
Petite-Île . 7 . Rue de la Gouttière . 8 . Couvent des Grands Carmes .
9 . Rue des Teinturiers . 10 . Guichet du Lion .
copyright AGR
Saint-Jacques / Sint-Jacobs bord de Senne c’est :
le Coin des Teinturiers / Ververshoek , Bon Secours / Bijstand , Jardin des Olives / Olivetenhof , la Petite-Île / Klein-Eiland et rue de la Gouttière / Gootstraat .
copyright IRPA-KIK Bruxelles
La Senne à hauteur de la première enceinte .
Léopold Speekaert Hôtel de Ville de Saint-Gilles .
La Senne .
Depuis sa source , la rivière Senne peu profonde serpente à travers le bucolique paysage du Brabant wallon . Au futur emplacement de Bruxelles – dans ses parties les plus basses – la Senne crée de nombreux marécages et quelques îles où fleurissent jonquilles et iris .
Dans la plus grande île , la Chapelle Saint-Géry est érigée dès le VIIème siècle . En 977 un castrum y sera construit . Déjà à la même époque le premier port est aménagé , à la pointe nord de l’île où la Senne est plus profonde , (à hauteur de la rue de la Vierge Noire / Zwarte Lieve-Vrouwstraat) . De là les bateliers naviguent sur des barques à fond plat vers le Rupel et l’Escaut . La Senne alimentera aussi en eau une partie des fossés longeant la deuxième enceinte de la ville .
En 1561 le creusement du canal de Willebroeck étant terminé , la navigation cessa sur la rivière .
Collection GS
La Senne dessine ses lits au travers de Bruxelles .
Plan dressé par G. Jacowick en 1812 .
La Senne dans un atlas .
« Het rivierken de Sinne vloeyt tot verscheyden plaetsen door de stadt , en is met twaelf steenen bruggen overleydt. Daer zijn 160 schoone straten , seven groote en soo veel kleyne Marckt-velden , seven poorten , seven parochie-kercken ,seven oude , edele , en geprivilegieerde geslachten , en eyndelijck seven Schepenen “ . (Atlas de Blaeu “Secunda pars Brabantiae” 1650)
La Senne dans la littérature .
« Roulant ensuite ses eaux pures et tranquilles presque jusqu’au milieu de la Ville , elle forme trois îles…… Elle fournit ses eaux à plusieurs Fabriques de papier , de Peaux de Cuirs et d’Etoffes ; les Brasseurs n’en usent pas d’autre pour leur bière qui est la boisson ordinaire du pays » .
(Description de la Ville de Bruxelles. A Bruxelles chez Georges Fricx. Imprimeur de Sa Majesté 1743)
« La Senne est fort poissonneuse ; aussi ses bords , en amont de Bruxelles ,
offrent-ils un grand nombre de guinguettes où l’on prépare du poisson » .
(Henne et Wauters. Histoire de la Ville de Bruxelles. 1845).
Mais cette description dit bien en amont, car l’installation de nombreuses petites industries et métiers en bord de Senne en ville augmente dramatiquement les pollutions , surtout en été lorsque le manque d’eau assèche quasi la rivière . En hiver , par contre , et lors de grosses pluies d’orage , elle aurait plutôt tendance à déborder et le quartier sera en effet plusieurs fois inondé , surtout en 1643 et 1658 . Pour empêcher ces débordements , la ville bloqua de nombreuses fois la rivière à son entrée à Bruxelles , causant bien sûr de grands soucis en amont et principalement au quartier de Cureghem inondé à son tour .
«Mais ce qui faisait de notre jardin un séjour de perpétuel enchantement pour moi, c’est qu’il est margé sur une longueur de près de cinquante mètres , par la Senne qui coulait en profond contrebas .
De ce côté , un mur très peu élevé laissait apercevoir les maisons de l’autre rive , tout un noir fouillis , une eau-forte de bicoques en bois dressées sur d’innombrables pilotis , pourries ,sordides , se bousculant hors de l’aplomb et dont les petites fenêtres aux vitres crevées et crasseuses se pavoisaient en toutes saisons de guenilles magnifiques .
Un terrible tapage de bâtons écurant le ventre des tonneaux s’échappait de ces masures lacustres où de volumineux brasseurs vêtus d’un pilou encroûté et confit , besognaient sans relâche , triturant , mélangeant , clarifiant les glorieuses bières bruxelloises .
En hiver les brassins faisaient d’odorants brouillards qui stagnaient longtemps au-dessus de la rivière « . (Léopold Courouble . La Maison Espagnole . Souvenirs d’enfance et de jeunesse . Bruxelles 1904 . L.C. habitait rue des Chartreux ) .
Collection GS
A l’extrême gauche le jardin de la famille Courouble . (carte postale)
L’avis du poète .
« O Senne infortunée , sœur de cette Bièvre puante qu’échelonnent les tanneries , tu es ,toi aussi , confisquée par cette raison d’Etat : les nécessités de l’industrie . Et elles s’en donnent , les nécessités , elles se fichent pas mal de tes nécessités à toi , de ta prétention légitime après tout à errer , impollée,
parmi les bondissantes campagnes . Tu n’as pour plaider ta cause , ô Senne !
que le chant des oiseaux et l’amour des rêveurs ……….
(Franz Mahutte . Bruxelles vivant . 1891)
Qui dit Senne pense moulins .
Très tôt au XIIème siècle les moulins de notre quartier et d’ailleurs apparaissent à la bonne initiative des ducs de Brabant voyant la nécessité
à moudre le grain , à fouler les draps , à battre le fer , à broyer les écorces des chênes dont le tanin est utilisé par les tanneurs . Les moulins qui nous intéressent sont au nombre de deux : le Moulin de l’Âne et du Cygne / Ezel en Zwaanmolen regroupés au début du XIXème siècle sous l’appellation de Bon-Secours / Bijstand et le Moulin de la Barbe ou des Barbiers /Baertmolen . Dans les comptes des moulins datant de 1406 il est déjà fait mention de dragage de la Senne . Nous y reviendrons en détail .
Les Rues .
Selon Des Marez , la rue du Marché au Charbon / Kolenmarkt – vu son tracé capricieux – pourrait être née du comblement d’un ancien bras de Senne . Elle était déjà mentionnée en 1174 . Son nom lui vient des marchands de charbon de bois y établis , fournisseurs des artisans du quartier . Le charbon était préparé en forêt de Soignes . Dès le XIVème siècle les marchands sont « priés » de s’installer hors de l’enceinte . Des demeures patriciennes sont construites à leur place .
Anciennement , la rue du Marché au Charbon comprise entre le Jardin des Olives / Oliventenhof et l’actuelle Place Fontainas faisait partie de la rue de la Petite-Île qui traversait la Petite-Île depuis le pont de Bon-Secours jusqu’au pont de la Barbe / Baertbrug.
À hauteur du parvis de l’église de Bon-Secours , la porte de Saint-Jacques ou du Moulin-Supérieur / Overmolen . Edifiée entre le XIème et le XIIème siècle elle était constituée d’un bâtiment massif , crénelé , percé de meurtrières et de la porte proprement dite . Epaisseur des murailles
0.85m. et hauteur des arcades de renforcement intérieures : 2.21m.
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Cette muraille qui existe toujours dans les jardins du doyen de Sainte-Gudule est du même type que celle qui était implantée rue du Jardin des Olives .
Au XVème siècle , après construction de la deuxième enceinte , on l’appela fausse porte , la porte d’origine étant remplacée par une grosse chaîne tendue au travers de l’ouverture . C’était le passage obligé vers Mons et Paris en traversant la Petite-Île et en suivant le chemin d’Anderlecht .
Le nom de la rue du Jardin des Olives lui viendrait du fait qu’au milieu du XIVème siècle un habitant avait reproduit dans son jardin – avec des statues du Christ et des Apôtres – le Jardin des Oliviers . Les habitants du quartier surnommèrent l’endroit Notre Seigneur dans le petit jardin /
Ons Heer in’t hofken .
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Rue du Jardin des Olives 21 . Maison de la fin du XVIIème siècle .
Photo 1910 .
La rue du Jardin des Olives reliait la porte Saint-Jacques à la rue de la Gouttière en longeant la première enceinte . Avant 1850 la rue de la Gouttière s’appelait rue de la Mauvaise Gouttière / Kwade Gootstraat d’après l’enseigne d’une auberge avec écurie sise à son extrémité côté rue des Grands Carmes / Lievevrouwbroerstraat .
Au XIIème siècle , après construction de la première enceinte , aboutissait à hauteur du carrefour actuel le Rollebeek pour se jeter dans la Senne . Il était un des trois affluents de celle-ci , descendant du haut de la ville – ici du Sablon – par le rue de Rollebeek et puis en coulant par le fossé de l’enceinte . Les deux autres étaient le Smaelbeek par la rue de Ruysbroeck et le Coperbeek par la rue du Marché aux Herbes .
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Rue de la Gouttière 14 coin rue des Moineaux . Maison de la fin du XVIIIème siècle . Photo 1945 .
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Cour intérieure de l’ancienne brasserie « In den Luypaert » rue de la Gouttière 16 . Photo 1910 .
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Pompe à eau du puit , robinet d’eau de la Ville , et pissotière .
Cour de la brasserie . Photo 1945 .
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Rue de la Gouttière 22 . Maison de la fin du XVIIIème siècle .
Photo 1945 .
Rue de la Gouttière et tout son caractère du XVIIIème s. (sauf le volet !) GS
La rue de Bon Secours actuellement piétonne , s’appelait jusqu’en 1869 Coin des Teinturiers et recevait le charroi des brasseurs y établis .
Entrée du Coin par la rue des Teinturiers , pour ressortir vers le Marché au Charbon . Nous en reparlerons plus en détail .
La rue de Bon Secours s’offre un petit air de Montmartre avec ses trottoirs de pierre bleue en escalier et son balconnet pavé à balustrade de fer . Là est bien visible cette différence de niveau d’un mètre vingt provenant de la voussure du tunnel de la Senne qui coulait sous le boulevard Anspach . Cette dénivellation était appelée par les bruxellois
« la bosse d’Anspach » , du nom du bourgmestre qui fit disparaître la Senne sous terre . Le bas de la rue correspond toujours au niveau originel. Les ferrures de façade de la maison du coin Marché au Charbon indiquent 1693 . La façade hausmanienne du n°4 – 6 est remarquable d’équilibre et l’épicerie du rez-de-chaussée possède encore un élément rare à Bruxelles : sa devanture datée 1878 . La petite maison au n°7 et son atelier sont sans doute les seuls témoins marquants de ce type , possédant encore son jardinet à l’arrière .
(copyright B. R. Cabinet des Estampes)
Rue du Coin des Teinturiers n° 49 51 53 55 57
vers rue du Marché au Charbon .
Le 28 septembre 1869 . Photo Jean Kämpfe .
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La même photo en 1945, maintenant rue de Bon Secours .
Seul souvenir le côté gauche du portail Louis XV
en pierre bleue .
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Rue de Bon Secours 14-16-18 . Maisons de la fin du
XVIIIème siècle sauf la dernière marquée 1693 .
Photo 1945 .
Aujourd’hui avec la case BD “Ric Hochet” d’André-Paul Duchâteau et Tibet . GS
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Rue de Bon Secours 8 et 10 . Maisons du début du
XVIIIème siècle . Photo 1944 .
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1 ) Coin Boulevard Anspach et rue de Bon Secours 2-4-6 .
Façade hausmanienne .
Dessin de James Ensor qui a logé sur le boulevard .
Réalisé début 1887 .
(copyright IRPA-KIK Bruxelles)
2 ) Du même point de vue James Ensor avait déjà dessiné la rue de Bon Secours fin 1886. Il était venu à Bruxelles pour visiter l’exposition des « Vingt » (des impressionnistes français) . Comme il s’agit ici d’un dessin transposé par un graveur , la vue est inversée . De plus Ensor a dessiné le clocheton de l’église derrière les façades du fond , trouvant cela plus joli . Il était coutumier du fait .
La même vue redressée et exacte .
copyright IRPA-KIK Bruxelles
Les maisons de la rue Marché au Charbon en 1945 .
Elles ont aussi disparu .
copyright IRPA-KIK Bruxelles
Détails du 74 Marché au Charbon. Porche vers 1704.
Photo 1945.
Les maisons .
1200 . Le petit peuple , vit dans des huttes de torchis couvertes de chaume installées à même le sol de terre battue . Pas d’étage .
D’autres de bois avec un ou deux étages bâtis en saillie pouvaient être dotées de locaux pavés de carreaux de terre cuite . Poutres et traverses de charpente à découvert .
Dans les petites maisons de bois sans étage , on entre directement dans la cuisine placée devant la chambre . La cheminée est adossée au mur de refend . Le fond de la cheminée est constitué d’une taque de fonte , qui chauffe à l’arrière dans la chambre un réduit surmonté d’un placard .
La crémaillère pend du manteau fait de plâtras . Dans la cuisine , l’escalier vers l’étage en soupente . Sous la chambre ,une cave –non voûtée- accessible par une trappe . Plus tard , suite à l’évolution , un corridor mènera à la cuisine placée maintenant à l’arrière .
Quant aux maisons bourgeoises , si elles ont des fenêtres , celles-ci n’ont pas de vitres mais des étoffes . Les façades sont badigeonnées de rouge ou de blanc pour donner une note de couleur . Seules les demeures patriciennes ont de petites fenêtres à vitres plombées .
Les maisons de qualité du quartier participaient à la défense en cas d’attaques venant de l’extérieur de l’enceinte , en ce sens que leur porte d’entrée était étroite et disposée de façon à rendre l’accès difficile .
D’une hauteur de 2m à 2m50 et de peu de largeur , elle ne pouvait laisser passer qu’une personne à la fois . La porte était constituée de planches en chêne reliées solidement entre elles ; à l’intérieur, de fortes traverses , et à l’extérieur des pentures en fer .
Quant aux portes des boutiques , elles étaient coupées en deux horizontalement et la partie inférieure fermée à l’aide d’un loquet .
La partie supérieure ouverte assurait la bonne ventilation du local .
1249 . Les Carmes Chaux ou Grands Carmes / Onze Lieve Vrouw Broeders s’installèrent près des murs de la première enceinte depuis la rue du Chêne jusqu’à la rue de la Gouttière où se trouvait une porte de sortie . Le couvent fortement endommagé en 1695 fut reconstruit avec magnificence . Tous les bâtiments étaient de bon goût et très propres .
Le cloître était vitré ! et en son centre , de nombreux arbustes en caisses :
lauriers , orangers et une profusion de fleurs . Dans l’église , il y aurait eu un « Jaquemart » qui sonnait l’heure avec son phallus . Les prêtres visitaient les malades et prêchaient dans différentes églises en vivant d’aumônes . Le couvent fut démoli en 1797 (période française).
Collection GS
Le couvent des Carmes . Gravure du Théâtre Sacré du Brabant .
1276. Un tiers des maisons de bois sont détruites par un incendie .
1380. De nouvelles maisons poussent comme des champignons au détriment des prés et des jardins et certaines d’entre elles s’adossent déjà à la première enceinte désaffectée . La deuxième enceinte fut construite entre 1357 et 1383 .
1405. Le vendredi Saint le quartier de la Chapelle est dévoré par un monstrueux incendie . Deux mille quatre cents maisons sont détruites .
L’Amman exige le remplacement des toits de chaume par des toits en tuiles . Il est aussi prescrit de construire les nouveaux bâtiments avec des façades de briques qui peuvent toutefois être parées de bois . Ce revêtement en bois commence normalement à partir du premier étage , chaque étage porté sur de gros corbeaux faisant saillie sur l’inférieur et le pignon d’un troisième étage pouvant atteindre une avancée d’un bon mètre au-dessus de la rue . En 1867, une seule maison à façade de bois subsistait rue Plattesteen , elle disparut lors des travaux de voûtement de la Senne ! ( Une façade de bois existait aussi rue Ducale , mais plus récente .Elle fut démontée à la fin du XIXème siècle et transférée à Bruges où elle existe toujours ) .
1601. Le 26 octobre , les magistrats promulguent – à nouveau – une réglementation qui interdit aux habitants de refaire leurs pignons en bois ; les murs extérieurs doivent être d’une épaisseur d’au moins un pied, les étages en saillies sont interdits , les maisons en bois et en argile existantes ne peuvent être réparées , et il faut respecter le niveau de la rue et supprimer les vues directes pouvant gêner le voisin . Si les façades de bois et les étages en surplomb disparurent , les manières de construire ne changèrent guère car menuisiers , maçons et tailleurs de pierre restèrent fidèles aux traditions .
1760. Lors de l’introduction des styles français du Louis XIV au Louis XVI , de nombreuses façades sont mutilées . Les belles briques rouges disparaissent sous un épais enduit couvert de peinture blanche . Des façades postiches sont élevées , même sans lien avec la distribution intérieure ! Ainsi la plupart des façades devinrent Louis « Quatorzeke » ,
Louis « Quinzeke » etc.. à la bruxelloise , ou tout simplement anonymes .
Collection GS
Rue du Marché au Charbon 42 en 1907 .
copyright IRPA-KIK Bruxelles
Coin rue du Marché au Charbon et rue de la Chaufferette .
Photo 1945 .
copyright IRPA-KIK Bruxelles
Marché au Charbon 47 . Travail de la fin du XVIIIème siècle
Photo 1905
copyright IRPA-KIK Bruxelles
Marché au Charbon n°66 . Maison Puttaert .
Escalier de la fin du XVIIIème siècle .
Photo 1920
La chapelle et l’hospice Saint-Jacques en 1572
L’église .
A l’emplacement de l’église de Bon Secours se trouvait la modeste chapelle de l’hospice déjà connue sous le nom de Saint-Jacques au XIIIème siècle . En effet en 1201 un diplôme de Henri Ier mentionne que sur les sept chapelles qui relèvent de l’église-mère de Sainte-Gudule , seule la chapelle Saint-Jacques est dispensée de l’impôt annuel à payer à Sainte-Gudule . Le quartier lui doit son nom . L’hospice et sa chapelle recevaient les pèlerins pauvres sur la route de Saint-Jacques de Compostelle . Ils y avaient droit à trois jours de logement . L’hospice était financé par des bourgeois à hauteur du prix du voyage à Compostelle , leur permettant ainsi d’échapper – peut-être – à une obligation de pèlerinage pour une raison judiciaire ou religieuse .
En 1328 , par une charte , Jean III , duc de Brabant , prend l’hôpital sous sa protection . À l’hôpital il y avait un « bayart » ou salle de logement pour les hommes et un autre pour les femmes . Chaque salle était pourvue de lits , dits « slaepkoetsen » et du nécessaire pour l’hébergement des pèlerins pauvres . Il y avait aussi un chauffoir et même un cellier .
La chapelle attenante était divisée en deux parties l’une donnant sur l’hospice et l’autre sur la rue et comprenant deux autels : l’autel Saint-Jacques vers l’hôpital et l’autel Sainte-Ontkomene vers la rue .
L’importance de la chapelle est démontrée par la grande procession organisée après la Saint-Jacques , qui trouvait place le dimanche , chaque année .
En 1625 une statuette de la Vierge fut découverte selon les uns sur des immondices par Jacques Meeus , maître-cordonnier , et selon d’autres , le même aurait trouvé la statuette , couverte d’étoffes grossières , dans une niche de la chapelle lors de travaux de nettoyage . Taillée dans du chêne , l’expression de son visage et son attitude font penser à une œuvre du XIVème siècle . Plusieurs guérisons miraculeuses ayant eu lieu la même année, le peuple lui attribua une vertu miraculeuse et elle fut vénérée comme Notre- Dame de Bon-Secours en donnant son nom à l’église qui l’hébergera , car comme la statuette attirait énormément de monde dans la vieille chapelle aussi délabrée que l’hospice , le Magistrat de la Ville autorisera la reconstruction d’un édifice plus grand et la réfection de l’hôpital .
Grâce aux archives de Bon Secours , on peut constater l’engouement pour la chapelle et sa Vierge miraculeuse : en 1656 – 1657 , accusé de réception de 20000 grandes hosties et une toute aussi extraordinaire vente de chandelles dans la petite boutique tenue par Lucrèce Van Beughem .
En 1658 , à l’âge de 84 ans , la brave dame voulut remettre sa fonction à son fils et voilà comment elle formula sa requête :
« Lucrèce Van Beughem , veuve de Jean Van Campenhoudt , âgée de quatre-vingt-quatre ans environ , remontre avec révérence que , depuis les débuts de la dévotion de Notre-Dame de Bon Secours jusqu’à ce jour , elle a toujours administré et habité la petite boutique servant à la vente des chandelles et appartenant à la Chapelle , avec obligation de faire la lessive du linge de la Chapelle et de nettoyer celle-ci trois à quatre fois par an ; considérant que la Remontrante s’est toujours bien acquittée de ses obligations , sans jamais avoir encouru de blâme , elle aimerait tant à résigner l’administration de la petite boutique en faveur de son fils , Gilles Van Campenhoudt et de Marie de Colerschouwere , sa légitime épouse , il est actuellement concierge de l’hôpital Saint-Jacques , avec les charges habituelles « (Archives de Bon Secours in A l’ombre d’un vieux sanctuaire . J. Van Tichelen 1925) .
Ce qu’elle obtint sans peine .
Le nouvel hôpital fut achevé en mai 1665 . Les lits seront fournis par le menuisier Straetman .
Si le 9 août 1664 la première pierre de la nouvelle église fut posée au nom du roi d’Espagne , il fallut trente années pour construire l’édifice , car on tergiversa quant aux plans de la façade .
De plus , la Ville devait se dessaisir d’une maison sise au coin de la chapelle et louée par Nicolas Trousset , ancien cordonnier . Comme son bail courait encore quelques années , Trousset ne quittera la maison qu’à la mi-mars 1667 après paiement de 100 florins et démolition d’une partie de la maison pour 60 florins !
On commença par construire la partie postérieure de la nouvelle église avec sa coupole sans détruire l’ancienne chapelle à front du Marché au Charbon .
Le 1er septembre 1665 , Messieurs les Mambours Mesdach et Claes en compagnie de l’architecte Jean Cortvrindt , se rendent en carrosse à la forêt de Soignes pour choisir les arbres cédés par le Conseil des Finances pour la construction de la chapelle et de les faire scier d’après leurs longueurs et diamètres .
Avant de rentrer à Bruxelles ,ils s’arrêtèrent au Couvent de Groenendael,
où le Père Prieur leur fit servir des rafraîchissements .
Les pierres devant servir à la construction de la chapelle étaient extraites d’une carrière de la Ville à certaines conditions déjà écologiques :
« ……..à condition cependant que Messieurs les Suppléants fassent rejeter la terre sur le bord de la carrière , au fur et à mesure qu’elle s’ouvre ; qu’ils rendent cette terre cultivable et y enlèvent les pierres et déchets de pierres ;
dans le cas où la Ville elle-même aurait besoin de cette carrière , la dite permission prendrait fin « (Archives de Bon Secours) .
Le 14 mars 1671 , Maître Jean Cortvrindt , se rendit , hors la porte d’Obbrussel à la carrière du « Schijnsput « accompagné du hallebardier Maître Pierre Volckaert . Ils régalèrent les ouvriers à l’auberge près de la porte d’Obbrussel dans le but de les encourager au travail (un florin et deux sols de dépenses)
Entre la chapelle et le pont sur la Senne se trouvait un abreuvoir pour les chevaux , obstruant le passage vers la nouvelle porte – côté Senne – des habitations des employés de la chapelle .et du concierge de l’hôpital .
Le 13 avril 1671 , une autorisation fut accordée de supprimer l’abreuvoir, à condition de le réimplanter de l’autre côté du pont près de la brasserie dite « De Swaen » ; en outre on autorisa également l’alignement du mur de la Senne , depuis le pont jusqu’à la maisonnette du rémouleur , à condition de nettoyer la rivière devant les moulins du Métier des Tanneurs .
À peine achevée , l’église fut touchée lors du bombardement de la ville par le Maréchal de Villeroy en 1695 ; toiture et coupole s’effondrèrent . Heureusement les murs épais , les piliers et les voûtes en maçonnerie résistèrent . L’hôpital partit aussi en fumée mais les murs , eux , résistèrent aussi . Par contre la demeure du Receveur de l’hôpital et la maison basse attenante à l’église derrière l’autel Saint-Jacques , furent préservées . Le recteur Alexandre Vander Linden – dès les premiers boulets – emporta la statuette de la Vierge pour la déposer à Sainte-Gudule , hors de la ligne de tirs . Les très nombreux ex-voto en argent et la plupart des lampes qui n’étaient pas à portée de main fondirent dans l’incendie .
On devait retirer des cendres pour plus de 3000 florins d’argent fondu
que l’on employa pour la restauration de la chapelle . La femme du Maître de Chapelle Rendant quant à elle , enfouit la bourse contenant l’argent des messes , bourse qui fut récupérée intacte avec son contenu, soit 1202 florins et 16 sols .
Fut aussi sauvée du désastre un bague transformée en pendeloque qui ornait la Vierge miraculeuse . Il s’agissait d’un gros diamant entouré d’une série de plus petits diamants formant une rose et valant au bas mot cent patacons .
Aussitôt après le bombardement , l’église fut nettoyée , l’ouverture de la coupole fermée à l’aide de sapins et les verrières détruites remplacées par du chaume . La Vierge fut remise en place et le 8 septembre, on redit la messe !
Dès 1699 , l’église était restaurée .
Le temple est un gracieux joyau issu du baroque brabançon . La façade bien proportionnée est très élégante . Les sculptures de la porte : coquille et chapeau , rappels de Saint-Jacques et de la Vierge .
Son intérieur ressemble aux églises de la renaissance italienne du XVIIème siècle par sa coupole , ses absides et ses tribunes . Les nefs très petites servent plutôt de parvis au chœur hémisphérique . Les portes latérales sont entourées d’un encadrement de marbre noir et blanc . Le décor est riche mais d’un goût parfait .
Au-dessus des fenêtres , à l’intérieur de l’église , vous remarquerez un
« bourrelet » ornemental issu du bourrelet qui empêchait – au-dessus des portes et fenêtres des façades extérieures anciennes – le ruissellement de la pluie le long des façades . Il s’appelait alors le larmier .
Les superbes têtes d’anges surplombant les bénitiers ont été sculptées vers 1705 . Les quatre confessionnaux Louis XIV confectionnés en 1727 furent refaits à l’identique en 1858 , les originaux étant par trop dégradés.
Ils sont toujours visibles dans l’église .
Le Saint-Jacques garnissant la niche de droite est le seul élément restant d’un autel exécuté en 1724 .
La Vierge , habillée , trône dans l’axe de l’église . Lors de sa découverte elle aurait tenu une grappe de raisins remplacée ultérieurement par un sceptre .
La statue de Notre-Dame au Rouge datée de la fin du XVème siècle provient de l’église Saint-Géry / Sint-Goriks détruite en 1798 .
Le 15 septembre 1837, les trésoriers des deux Fabriques d’église de Notre-Dame de Bon Secours et des Riches Claires entrèrent en possession d’un legs , un calice en or massif . Le calice sera gardé alternativement et annuellement par chacune des deux églises .
Ce calice en or avait été fondu et ciselé à Anvers en 1711 par Antoine Le Pies ou Dedalus .
En 1851 , son Altesse Royale l’infante Isabelle de Bourbon offrit à la Vierge – à l’occasion de son inscription comme membre de la Confrérie de Notre-Dame de Bon Secours – un magnifique manteau de velours rouge , bordé d’hermine , parsemé de fleurs de lis et brodé de ses armoiries . Après achèvement de la tour de l’église , des paroissiens « promirent leur concours pécuniaire pour qu’une horloge , avec trois cadrans , soit placée sur la tour » .
La chaire de vérité , en style de transition Louis XIV- Louis XV , provient de l’église des Carmes qui fut détruite pendant la période française
Les facteurs d’orgues J. Billion et H. Van de Loo de Rotselaer ont construit les orgues mises en place en 1878 . Elles remplaçaient les anciennes tellement mal en point « que le service divin est à tout moment entravé par l’impossibilité de se servir de l’instrument actuel « .
Ce qui n’empêcha pas le conseil d’administration de la chapelle de Pede-Sainte-Gertrude sous Schepdael d’acquérir les vieilles orgues de l’église pour 1200 francs ! Les nouvelles coûtaient 8000 frs , au quels il faut ajouter 1900 frs. pour la caisse d’orgue en chêne .
L’église fut restaurée de 1847 à 1849 et de 1922 à 1925 pour son trois centième anniversaire .
Notre-Dame de Bon Secours est classée depuis 1936 .
GS
Le clocheton et la coupole de Bon Secours.
(copyright B. R. Cabinet des Estampes)
Notre-Dame de Bon Secours le 18 mai 1870 .
Les démolitions ont débuté . Photo Jean Kämpfe .
copyright IRPA-KIK Bruxelles
Notre-Dame de Bon Secours en 1916 .
« Le précieux édicule « a été remplacé et ne permet
plus les rencontres anonymes
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Scène de rue en 1892.
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Gros plan sur le portail de Jean Cortvrindt .
Armoiries de Charles de Lorraine . La statue de la Vierge
en bois de chêne du XVIIème siècle déposée au musée
communal sera remplacée en 1910 par une oeuvre
sculptée par Van den Kerckhove.
copyright IRPA-KIK Bruxelles
Mauclair en chêne du XVIIème siècle.
copyright IRPA-KIK Bruxelles
Autel majeur . JP Van Baurscheit . 1705 . Photo 1916
GS
Bénitier de droite surplombé d’une tête d’ange sculptée par Duquesnoy vers 1705 .
Représentation identique du côté gauche .
copyright IRPA-KIK Bruxelles
La Vierge à l’enfant et les Saints-Innocents . Anonyme XVIIème
siècle , d’après Pierre-Paul Rubens
Vierge miraculeuse Notre-Dame de Bon Secours .
Oeuvre du XIVème siècle .
(copyright IRPA-KIK Bruxelles)
copyright IRPA-KIK Bruxelles
Christmatoire-tourelle en argent . Armoiries Van Helten-Hannon .
1601-1610
Le temps en ce temps là .
1316 . Février . Il pleut presque sans discontinuer depuis mai 1315 .
1408-1409 . Depuis la Saint-Martin (11 novembre) jusqu’à la Chandeleur
(2 février) dix semaines de gel consécutif . Le radoucissement vient trop vite : notre quartier est inondé .
1423 . Il fait si froid qu’en moins de trois jours , vinaigre et vin sont gelés dans les caves . Dans les celliers des glaçons pendent aux voûtes . La Senne est complètement prise et même les puits sont gelés .
1480 . Hiver si rigoureux que de nombreux enfants , des pauvres , des pèlerins et même des chevaux périssent de froid .
1481 . Toute l’année , des pluies continuelles , d’où famine . Il faut tuer les chiens . Une taxe de 2 à 5 mites par jour pour ceux qui désirent garder leur animal favori .
1504 . La veille de la Saint-André , d’importantes secousses telluriques causent beaucoup de dégâts .
1692 . Depuis le 10 juillet tout le quartier est sous eau . Il a tellement plu que les rues sont transformées en torrents . Décrue le 12 .
1709 . Entre le 5 janvier et le 20 mars , il a gelé jour et nuit .
1740 . Le 5 janvier , boulangeries et magasins d’alimentation sont pillés . Il gèlera 63 jours consécutifs .
1767 . En traîneau sur la Senne .
1778 à 1781 . Étés exceptionnellement chauds et secs .
1783 . Le 31 décembre , 14 degrés sous zéro entre six et sept heures du matin .
Us et coutumes du quartier .
1300 . Les rues naissantes ne portent pas de noms définitifs et n’ont pas de numérotation . Un cabaret , une enseigne , une fontaine , un personnage peuvent leur donner un nom éphémère .
L’animation du quartier peut « s’entendre » par le chant du coq au petit matin , suivi des sonnailles de cloches des couvents .
Collection GS
Les enseignes .
« Au petit Bonhomme » rue du Marché au Charbon 47 en 1907
« Saint-Joseph » rue du Marché au Charbon 72 en 1907.
1314 . La draperie bruxelloise occupe déjà à Paris une place importante aidée des teinturiers du quartier qui sont les meilleurs d’Europe .
Ils atteignent l’apothéose avec la formule pour teindre en écarlate flamboyant indélébile . L’écarlate sanguine est réservée pour les robes du roi et de la reine de Navarre . Les pièces de drap seront exportées jusqu’au Moyen-Orient !
Le métier de teinturier comprenait deux classes . La plus prestigieuse
était celle de grand teint qui n’utilisait que des draps de qualité provenant du quartier de la Chapelle pour teindre en écarlate résistant à la lumière et aux lavages .
Le teinturier de petit teint employait des draps portant défauts ou de mauvaise qualité . Il en était de même quant aux colorants extraits de plantes comme les genêts pour le jaune , des mûres pour le bleu ou du châtaignier pour le marron , toutes teintes peu résistantes .
Pour fixer les couleurs en grand teint , on employait l’alun . Pour le petit teint , le vinaigre ou l’urine .
1907 Collection GS
La chapelle Sainte-Anne , rue de la Montagne , au coin de la rue du Singe
n’est pas située dans le quartier Saint-Jacques . Mais elle appartenait à la corporation ou nation des Teinturiers de notre quartier , qui l’avait érigée sur un terrain acheté en 1519, terrain sur lequel avait existé une auberge dite Sainte-Anne . L’acquisition avait eu lieu grâce à un legs important d’un négociant bruxellois . Transformée en cinématographe en 1909 , les projections furent arrêtées pendant la guerre de 1914 – 18 . Abandonnée
ensuite ,elle fut démontée en 1960 pour être accolée à l’église de la Madeleine .
Collection GS
Boutique de savetier.
Adriaen van Ostade spécialiste de la représentation
du petit peuple paisible et réfléchi au travail.
Gravure 1671
1352 . Des ordonnances sont prises pour l’enlèvement des boues et ordures accumulées au milieu des rues , et l’on cherche à prévenir les incendies .
1398 . Toutes les rues du quartier et d’ailleurs dans la ville sont pavées .
L’on avait commencé vers 1335 .
1438 . Dans un but de prophylaxie sanitaire , le magistrat a édicté l’interdiction de jeter les immondices dans les rues , la fermeture pendant huit semaines des maisons où sont morts des contagieux , et défense d’en vendre les meubles .
1441 . Il est interdit aux femmes de boire dans les estaminets . Seules les femmes étrangères ou pèlerines en gardent le droit .
1521 . Le magistrat ordonne – qu’après la cloche de retraite – il sera interdit de circuler la nuit sans lumière sous peine d’un vieil écu d’amende . La nuit , l’obscurité est totale sauf les lumignons qui brûlent devant les représentations des saints sur les façades .
1650 . Vers cette époque le seuil des maisons va commencer à jouer un rôle d’ordre social : voisins et voisines s’y réunissent pendant les beaux jours pour y échanger les nouvelles du jour . Aussi les portes extérieures s’embellissent et les entrées reçoivent un beau décor .
1667-1669 . Dernière grande épidémie de peste .
1692 . Très grosse inondation de la Senne le 10 juillet . Les rues du quartier sont transformées en torrent . Décrue le 12 .
Le 18 septembre vers 2 heures un quart de l’après-midi , pendant une bonne minute , le quartier et la ville est ébranlé par une forte secousse tellurique , mais il n’y a pas de blessés à déplorer.
1695 . Le 13 août au soir , le maréchal de Villeroy bombarde la ville sous le fallacieux prétexte que les flottes anglaise et hollandaise avaient bombardé les villes maritimes françaises . Les batteries tireront depuis les hauteurs de Scheut jusqu’à quatre heures de l’après-midi du 14 . Le quartier Saint-Jacques dans la première ligne de tir est fortement touché . Les victimes sont nombreuses . L’église de Bon-Secours voit son dôme et son clocher nouvellement achevés détruits . Les français nous envoyèrent 3000 bombes et 1200 boulets rouges . Les serments qui servaient sur les remparts se défendirent avec la dernière énergie et à court de boulets utilisèrent des pavés . Des secours nous parviendront de toutes les villes belges . Le quartier se relèvera de ses ruines en huit ans .
Après le bombardement , la population du quartier put aller camper dans le parc de Bruxelles .
Toute la partie au-dessus du pointillé a été ravagée par le bombardement
44 : Notre-Dame de Bon Secours .
45 : Couvent des Bogards .
46 : Couvent des Grands Carmes .
47 : Mont de Piété (rue du Lombard) .
49 : Saint-Géry .
1714 . Grand bruit et élévation d’un énorme nuage de poussière, c’est le beffroi de l’église Saint-Nicolas – juste reconstruit – qui s’écroule . Les bombes françaises ont sûrement par trop ébranlé ses fondations .
1747 . Des passants trouvent la statue de Manneken-Pis abandonnée à la porte d’un cabaret de la rue de la Petite-Ile . Des grenadiers de Louis XV l’avait volée au grand émoi de la population du quartier . Louis XV alerté fit punir les ravisseurs et offrit en dédommagement au plus Vieux Bourgeois de Bruxelles son premier et magnifique habit de brocart brodé d’or et une distinction : la croix de Louis XV .
Collection GS
Carte postale vers 1915
1775 . Pour aller de Bruxelles à Paris , il fallait prendre la diligence à la Place Vieille-Halle-au-Blé (derrière la fondation Brel) d’où elle partait à 4 heures du matin du 1er avril au 1er octobre . Le voyage durait trois jours et coûtait 70 livres de France par personne y compris la nourriture et 63 livres sans . Arrivée rue Saint-Denis « vis-à-vis » les Filles Dieu . Il y avait cinq hôtels Place Vieille-Halle-au-Blé , dont la Couronne d’Espagne , l’Aigle d’Or et rue de l’Escalier , l’Hôtel de la Paix . Soit le plus grand nombre de la ville .
Période française .
Au cours de la première occupation française (14 novembre 1792 – 24 mars 1793) les révolutionnaires anti-royalistes pillent l’église de Bon-Secours et le couvent des Grands Carmes .
1793 . Le 9 juillet , retour des français . Le 29 août ,tous les hommes et toutes les femmes doivent arborer la cocarde tricolore , sous peine d’arrestation .
1796 . Le 9 juillet les rues des Grands Carmes et des Bogards sont débaptisées et reçoivent une dénomination républicaine : rue de la Constitution et rue Jean-Jacques Rousseau .
1797 . Le 27 mai , les cabaretiers et les habitants qui ont encore des enseignes portant des désignations étrangères au régime républicain , tels que noms de saints , saintes , princes , ducs , cardinaux etc . sont tenus de changer ces dénominations . L’usage des boulangers d’annoncer certains jours la cuisson de leur pain par le son du cornet ou autres instruments quelconques , leur est interdit , comme rappelant l’ancien ordre des choses !
1804 . Le 20 mai , Bonaparte Premier Consul est couronné Empereur des Français . Les pauvres du quartier ont droit à une distribution gratuite de charbon et de pain pour fêter l’événement .
1805 . Décembre . Lorsque Napoléon gagne une bataille , il faut le soir placer devant chaque fenêtre une bougie fichée dans le goulot d’une bouteille . Féerique ? ou pour les âmes des pauvres incorporés d’office !?
C’est au son de sa « cloche de retraite » que Bon-Secours rappelle l’heure de fermeture des lieux publics : minuit du 1er avril au 30 septembre et 23h30 du 1er octobre au 31 mars .
1806 . Le 14 janvier les anciens noms de rues sont rendus définitivement.
Dans les façades de certains estaminets , une petite fenêtre d’environ une soixantaine de centimètres de côtés servait de lieu de passage pour les brocs à bière qu’y déposaient les femmes mariées ne pouvant entrer dans la brasserie sans être accompagnées de leurs maris , ce qui aurait été mal vu . Une seule ouverture de ce style a subsisté jusqu’au début des années soixante rue Montagne de l’Oratoire avant démolition pour cause de construction de la Cité Administrative .
1820 . Quand le soir tombe , on guette le pas de l’allumeur de réverbères; armé de sa perche à bout de mèche à pétrole il enclenche le clapet laissant fuser le gaz hors des petites bonnets blancs qui éclaireront la nuit
1er janvier . Dans les rues du quartier , les cloches des maisons tintinnabulent . Des hommes vêtus d’une blouse bleue , d’un tablier blanc et de gants de laine blanche , circulent dans la rue . Ce sont les allumeurs de réverbères et les ouvriers de la ferme des boues(Mest-Bak) , qui vont de porte en porte solliciter des étrennes , en remettant ,qui, une image grossière représentant un homme monté sur une échelle adossée à un réverbère , qui , un ouvrier appuyé sur un balai devant la tête du cheval attelé à sa charrette . Les enfants attendent ces images avec la plus vive impatience (M.Adan) .
Chaque année , en date du 19 janvier , le quartier Saint-Jacques participait à la fête dite de la Veillée des Dames / Vrouwkens Avondt pour rappeler le retour inattendu des croisés survivants le 19 janvier 1101 . L’accueil des épouses fut si vif et si gai que les femmes furent obligées de porter leur mari de la table au lit . Cette fête se perpétua jusqu’aux années 1840 et Bon-Secours et d’autres églises la rappelèrent jusqu’à la fin du XIXème siècle en sonnant les cloches à partir de 19 heures toutes les demi-heures jusqu’à 22 heures .
1823. Un hollandais C. van der Vijver a écrit un guide édité à Amsterdam “Wandelingen in en om Brussel” et il a visité notre quartier .
Quelques extraits : Procession .
Les maisons , dans les quartiers où la procession défile , comportent pour certaines , des drapeaux , tandis que d’autres sont décorées avec de la verdure et des fleurs , dans les rues et on a répandu du sable blanc et ci et là déposé des tapis et des tissus .
La procession que je décris ici est celle de Notre-Dame de Bon Secours , de la Chapelle du même nom .
La procession , d’abord composée de bourgeois de la paroisse qui tiennent chacun dans les mains une longue bougie de cire bénie allumée , et ensuite , de militaires armés , commence .
1. Par de très petits garçons en habit traditionnel, ornés de clochettes, avec lesquelles ils sonnent . Ensuite suivent
2. Quelques garçons un peu plus grands que les premiers , qui tiennent aussi quelques clochettes dans les mains . Au milieu une vieille femme du petit peuple suit (probablement l’institutrice des petits enfants ) .
3. Un homme portant un étendard .
4. Un homme avec un instrument à vent (pour donner le ton au cas où les prêtres entament un chant).
5. Un rang de prêtres revêtus d’habits sacerdotaux allaient deux par deux en chantant , avec un missel dans les mains .
6. Les grands officiers de la Couronne , appartenant à la paroisse et au service religieux catholique , ou invités pour la circonstance , en habit de la Cour , avec un cierge de cire allumé à la main .
7. Des fonctionnaires , etc .
8. Deux hommes portant une sorte de bure joliment décorée et ornée dans laquelle se trouvaient des bougies de cire sacrées et des chapeaux .
9. Un homme portant un grand étendard sur lequel la Vierge de Bon Secours est représentée .
10. Une dame voilée et élancée , vêtue de satin bleu , représentant la Vierge de Bon Secours .
11. Des personnes du haut clergé .
12. Des prêtres en habit de chœur .
13. Un homme avec un grand drapeau et deux autres avec des étendards.
14. Un vieil ecclésiastique vénérable , occupant un haut rang dans sa classe , revêtu d’habits correspondant à son statut , se promène sous un splendide baldaquin , soutenu par quatre sacristains , avec le Saint-Sacrement dans la main . Dès que cet ecclésiastique soulève le Saint-Sacrement , toute la procession s’arrête . Les gens
tournent le tête vers le Saint-Sacrement . La femme qui représente la Vierge de Bon Secours enlève son voile , et tout le monde s’agenouille (de préférence) .
Les cérémonies religieuses et les honneurs prescrits en cette
circonstance par l’église se déroulent pendant que la chorale
chante jusqu’au moment où sur un signe , la procession se remet
en marche .
15. Chœur de prêtres .
16. Des hommes avec des drapeaux et des étendards .
17. Deux hommes comme nombre huit .
18. Des hommes avec des instruments à vent .
19. Quelques membres de l’église .
20. Des sacristains , et finalement ,
21. Un corps de militaires armés , ferment la marche .
Le cortège est digne et solennel ,suscite le respect auprès de la foule et n’ennuie pas ceux qui n’appartiennent pas à la religion catholique » .
Dans ce même Guide on peut lire que l’ordre règne avec les patrouilles de vieux soldats . Le soir de 11h25 à 11h30 la cloche de Sainte-Gudule résonne . À ce moment des patrouilles sillonnent la ville . Plus question après 11h30 de se balader pour les dames de petite vertu . Sinon elles sont emmenées au poste .
Existent aussi les entrepreneurs de bains à domicile qui viennent avec leur charrette surmontée d’une baignoire de zinc et d’un grand tonneau d’eau .
Le fiacre en ville coûte 1fr . , la première heure 1,50fr .de l’heure et les suivantes 1fr .
Le règlement communal veut que chaque jour on nettoie son trottoir à grande eau et interdiction de jeter des eaux par la fenêtre .
S’il fait chaud arroser la rue . Amende de 1 à 5frs . si l’on dépose des excréments . Mettre des perches si l’on travaille sur le toit . Ne pas jeter dans la rivière ou dans les abreuvoirs à chevaux des saletés , suie , verre ou autres pollueurs . Si l’on repeint sa façade il faut une autorisation .Il est interdit de rouler plus vite qu’au pas . Celui qui laisse conduire une charrette par un enfant reçoit 6 à 10frs . d’amende . Par contre les enfants peuvent conduire les charrettes tractées par des chiens .
Lors de la construction ou de la transformation d’un bâtiment le patron est obligé d’être sur les travaux toute la journée .
1830 . Si , les combats de la révolution eurent lieu loin de notre quartier ,
de nombreux habitants y participèrent . Deux noms de teinturiers : d’une part , Jacques Klein , chef d’atelier , blessé d’un coup de feu à la jambe droite le 23 septembre en combattant rue de Namur et d’autre part , Jean Mellaert , blessé d’un coup de feu à la face en combattant place Royale le 24 septembre .
Lorsque Léopold Ier devint roi , il n’y avait aucun moyen de transport en commun à Bruxelles . Donc on quitte rarement son quartier . On y naît,
on épouse quelqu’un de sa rue par intérêt ou par amour , on y meurt .
Généralement on travaille dans une des petites industries proches .
À partir de 1840 , les transports vont amener du changement dans le quartier . En effet à cette date , un omnibus-diligence part de la rue des Alexiens / Cellebroersstraat pour s’arrêter à l’extrémité de la Longue rue Neuve . On l’appelait le Lézard .
La même année vit la construction de la station des Bogards ou du Midi , dans les prés des blanchisseurs entre la rue de Terre-Neuve et la Senne . Ce n’était pas encore une gare monumentale comme la future gare du Midi , à peine plus importante que la première gare bruxelloise de l’Allée Verte . Elle comportait un bâtiment avec d’une part une salle d’attente pour voyageurs aisés où ceux-ci pouvaient échapper aux fumées des machines , s’asseoir sur des banquettes et se réchauffer en hiver auprès d’un gros poêle , et d’autre part une deuxième salle pour les voyageurs modestes où se trouvaient aussi les guichets . Un petit bâtiment était réservé aux marchandises et il y avait aussi un hangar à locomotives .
Inaugurée le 18 mai 1840 , cette gare fonctionnera jusqu’en 1869 .
1841 . Devant la gare on dessine la future place Rouppe à partir de laquelle on entreprend de percer à travers les terrains du couvent des Bogards la rue du Midi jusqu’à la rue des Bogards . Pendant les années
1861-62 on continuera la percée vers l’église Saint-Nicolas et la rue des Fripiers .
Dès 1841 les stations du Midi et du Nord sont raccordées pour l’acheminement des marchandises par les nouveaux boulevards de petite ceinture . Il faut se représenter le spectacle extraordinaire d’une locomotive crachant feu , flammes et fumées au milieu de la circulation déjà intense de charrettes et carrioles en tous genres . La locomotive était précédée d’un cheminot agitant un drapeau rouge pour éviter les accidents (ce raccordement ne sera remplacé que 30 ans plus tard par le chemin de fer de ceinture) .
Collection GS
Sur cette carte postale datant de 1900, à gauche, les restes de la jonction: gare de marchandises.
1842. En fin d’année, déjà 151.049 voyageurs au départ de la station du Midi .
Des colombiers , il y en avait dans de très nombreux greniers . Ils participaient à la vie du quartier et étaient reconnaissables aux petites ouvertures grillagées dans les toits , au bruit des graines secouées dans les boîtes en fer blanc pour faire rentrer les pigeons lâchés pour se dégourdir les ailes , et aussi au bruit du raclage des planchers pour éliminer les défécations , car un pigeonnier doit être très propre : badigeonnage au blanc d’Espagne des murs au printemps et en automne . Les sociétés et les journaux colombophiles étaient nombreux et le dimanche , certains voisins parieurs gardaient le nez en l’air en attendant les pigeons à l’heure probable de la rentrée d’une zone lointaine de lâchers .
Des journaux tel le Martinet comptaient plus de mille abonnés fidèles .
Une chanson , même , avait été écrite et copiée par Franz Mahutte :
Tous les goûts sont dans la nature ,
J’aime le pigeon voyageur .
Trouvez-moi un plaisir plus pur
Et je renonce à ce bonheur .
Quand mon roux rentre de voyage,
Qu’y a-t-il de plus ravissant ,
Lorsqu’il demande en son ramage
À sa compagne en roucoulant :
Roucoutoucou coucou coucou
N’as-tu pas eu de galant
Roucoutoucou coucou coucou
Pendant que j’étais absent ?
1847 . L’ordonnance communale du 23 décembre fixa le premier uniforme des agents de police copié de celui adopté par la ville de Paris quelques années plus tôt .
« À la fraîche qui veut boire ? » . C’est le marchand de coco qui se promène avec sa fontaine sur le dos . Le réservoir est embelli par un cercle de cuivre à la base et au sommet . Bien poli , il brille au soleil . Il est composé de deux réservoirs à eau . Dans l’un quelques bâtons de réglisse trempent pour donner son goût et sa couleur à l’eau ; dans l’autre l’eau de rinçage des trois gobelets cabossés portés à la ceinture . Le seul et même tablier servira toute la journée à essuyer les gobelets . Le marchand marche en s’aidant d’un gros bâton qu’à chaque halte il glisse sous la fontaine , s’en aidant comme d’une troisième jambe formant support .
Il y avait énormément de petits métiers : le marchand d’almanachs ;
par ses recettes de toutes sortes, l’almanach resta longtemps l’unique bibliothèque du bourgeois et du paysan ; la marchande d’allumettes qui vendait celles-ci en bottes ; les marchands de journaux à la criée ; le marchand de sable blanc pour litières , sa carriole tirée par un âne placide qui passait encore dans le centre au début des années 1950 .
Il y a aussi les commissionnaires qui peuvent être aussi bien facteurs transportant un pli unique , qu’emballeurs pour déménageurs . Payé d’un « pourboire » ils iront le dilapider – la plupart du temps – en boissons . Voici ce qu’en écrivait le poétique Franz Mahutte :
« Debout dès le matin pâle , sortis du sordide logis où grouille le ménage , lestés de café chicoracé et de pain à la margarine , les voilà piétés au poste de trimage , attendant l’illusoire clientèle . Autour d’eux , c’est l’éveil de Bruxelles , des ouvriers raclant le trottoir de leurs souliers ferrés , l’invasion des maraîchers dont les chiens haletants traînent les bondissantes charrettes ,
le rais de jaunâtre lumière fusé d’un cabaret d’où s’essorent des clameurs enrouées , la fuite molle d’un couple « chic » au rez des maisons blafardes , et , dans un souffle triste , le clignotement , à la lueur accrue , des nocturnes réverbères « (Mahutte F. Bruxelles vivant 1891).
Et les cochers poivrots en hiver pour se réchauffer et en été pour se désaltérer à qui il était enjoint l’interdiction de FUMER ! Quant à l’ordonnance de police article 36 : « Au tournant des rues , les voitures doivent aller au pas « , avec un verre dans le nez ce n’était que justice .
Collection GS
Ces cartes postales étaient vendues au profit de l’œuvre Nationale Belge de Défense contre la Tuberculose .
1850 . Le 15 août une écluse du canal de Charleroi se rompt suite à de violents orages . Le 17 , l’eau remonte à travers notre quartier jusqu’à inonder la gare des Bogards . Décrue le 18 . Le quartier Saint-Jacques payera un lourd tribut . Le lundi 19 , le quartier recevra la visite du public bruxellois venu constater les dégâts . Les pompes à vapeur des pompiers vident les caves et les paveurs comblent les trous .
Collection GS
Ce dessin – coïncidence extraordinaire – est sous titré :
« Vue de la Station du Midi prise du Second Etage de notre maison
rue de terre-neuve . Le jeudi 22 août 1850 à 2 heures « .
signé Louis-Constantin Bosquet
1854 . Le guide Bädecker renseigne dans la rue Marché au Charbon l’Hôtel de Brabant . Chambre 1fr50 , petit déjeuner 1fr , table d’hôte de 1 heure à 5 heures 2fr , ½ bouteille de vin 0.50fr . À table on peut boire
« aussi » de la bière .
Pour l’animation des cabarets : un orchestrion . Il arrive que les femmes dansent en couple , et les hommes de même . Dans les bals dits « renversés » , la femme invite l’homme et au milieu de la valse l’homme empoignant sa partenaire par la taille la fait follement tournoyer sans qu’elle touche terre . Les danses coûtent cinq à dix centimes chacune , mais certains cabaretiers les augmentent d’un sou pour les danses à plusieurs figures telles les lanciers et les quadrilles .
Dans l’estaminet on joue au vogel-pik , au pietjesbak , au palet , à la boule , aux quilles qui se jouent au bout d’un couloir débouchant sur l’une de ces innombrables cours de jardinets donnant sur la Senne et souvenirs des anciens champs et vergés disparus au XVIème siècle .
Le jour du ramassage des ordures ménagères , bien avant l’aube , les chiffonniers – très souvent du sexe féminin – passent et fouillent les ordures avec un croc ou plus simplement avec une fourchette . Dans un sac ils entassent papiers , ferrailles ,boutons , ficelles , rubans et vieux os .
Bien après eux passera la charrette à ordures tirée par un gros cheval placide , le boueux , étant debout dans les immondices qui s’accumulent .
Peu après , un bruit monotone et régulier s’entend , brosse , brosse,
accompagné du choc des sabots de bois sur les pavés . C’est le balayeur de rues . Dès qu’un petit tas s’accumule , le bruit de la pelle sur les pierres renseigne de son enlèvement , suivi du bruit de la brouette de bois poussée un peu plus loin . Une brosse de remplacement , constituée de branchages assemblés d’une corde , qui ressert maintes fois ,émerge du tas d’immondices . Un petit quart d’heure plus tard , l’inspecteur des travaux finis , le supérieur du balayeur passe très à l’aise .
Crissement sur les pavés , c’est Wiske la marchande de fruits qui pousse sa charrette .Elle n’est plus jeunette et d’un certain embonpoint .
Son père est mort sur les barricades de la Place Royale en 1830 . Elle porte une robe-tablier de serge noire , et un énorme peigne retient ses cheveux . Les fruits déposés dans un cornet de papier journal sont pesés avec une balance qui sert « généreusement » la cliente ; à la maison , en repesant il manque généralement entre cinquante et cent grammes . Les marchandes ambulantes qui , du matin au soir , poussent leur charrette n’ont le droit théorique de s’arrêter que pour vendre leurs produits. Souvent mère et fille se partagent la besogne , l’une vantant la marchandise , l’autre refaisant l’éventaire au fur et à mesure de la vente en disposant les plus beaux fruits et légumes sur le dessus . Le vendredi, elles vendront plutôt des harengs et des moules .
Collection GS
Les charrettes des laitières tirées par la force canine circulaient couramment dans les rues de notre quartier . Les colliers des chiens étaient souvent de vrais objets d’art rehaussés de découpages de cuivre . La laitière porte encore le bonnet brabançon à barbes brodées (photo vers 1890) .
1867 . Création d’une nouvelle ligne d’omnibus au travers du quartier Saint-Jacques . Partant de la gare du Midi , par la rue du Midi , la Grand Place , la rue du Marais , la porte de Schaerbeek (attelage supplémentaire pour la montée du Botanique ) jusqu’au terminus à l’église Sainte-Marie à Schaerbeek .
Collection GS
Mieke quitte son logement de la rue de la Gouttière pour s’en aller vendre dans les rues du centre ses ballons multicolores accrochés au bout d’une perche . Les jours de grand vent elle sort ses moulins à vents :
des petits nœuds de papiers de couleur plantés sur un bâtonnet .
Au matin , un bruit de ferraille que l’on malmène , c’est le rémouleur qui se signale à l’attention des habitants du quartier . Le pied basculant sur une planchette , il fait mouvoir la roue qui tourne et entraîne sa pierre à aiguiser ; de l’eau tombe goutte à goutte d’un récipient en bois sur les lames qui lancent de petites étincelles et grincent au frottement sur la meule .
1901 . Sur quelques toits du quartier poussent d’inesthétiques poteaux et grilles métalliques destinés à recevoir les fils du réseau téléphonique en pleine gestation . Il s’en trouvera même une sur le toit d’une maison de la Grand Place .
Le recouvrement .
De fait , si les petites industries établies le long de la Senne firent la prospérité du bas de la ville et donnèrent du travail aux habitants du quartier , ces mêmes brasseries , tanneries , teintureries furent aussi les pollueurs de la rivière . Déjà que toutes les eaux usées des maisons la longeant y étaient rejetées . D’où des épidémies de choléra à partir de 1832 . Cette première fois notre quartier fut épargné . Par contre , les nombreuses petites impasses étroites et sans soleil où les immondices s’accumulaient payèrent un lourd tribu . De plus , les puits étaient infiltrés aussi bien par les fosses d’aisance (quand elles existaient) que par les eaux polluées de la rivière . 1849 – 1857 – 1866 : nouvelles épidémies À cette dernière date : 3500 morts à Bruxelles ! .
Vendu au profit des victimes du choléra à Cureghem , 1866 .
Collection Michel Demeyer .
Collection GS
Des médailles furent réalisées , bénies et portées en tant que protection contre le choléra
Quant aux hommes qui devaient curer la rivière en été – au moment d’un débit quasi inexistant – debout ou plutôt enfoncés dans un cloaque pestilentiel , remplissant à la pelle des brouettes , on se demande comment ils tenaient le coup . Il est vrai que si les statistiques avaient déjà existé ……
En 1865 , l’arpenteur juré Victor Besme préconise aussi pour la Senne le même trajet que la Jonction Nord-Midi : emprunter les boulevards de l’Ouest ( à la place des anciens remparts) pour ne pas détruire le centre historique ! Mais comme beaucoup de visionnaires , il ne fut pas écouté alors qu’il avait l’appui d’un autre visionnaire : Léopold II . Hélas , même après 1950 , de belles façades de notre quartier ont encore disparu et ce n’est pas fini .
En 1866 , l’artiste peintre Edouard Gisler présente un projet que l’on peut qualifier de poétique car s’il reprend l’obligatoire boulevard au centre de Bruxelles , il garde néanmoins une Senne canalisée , assainie et régulée au centre de nouvelles voies bordées de chaque côté d’arbres et traversée de larges ponts . Il prévoit même de rafraîchissants jets d’eau au milieu de la rivière ! Joli non ? le quartier Saint-Jacques et la petite Venise.
Léon Sys , l’architecte choisi pour le voûtement de la Senne , avait projeté à l’emplacement de la place Fontainas , appelée précédemment Petite-Île, une grande fontaine monumentale ce qui , aurait aussi été marquant pour notre quartier .
(copyright IRPA-KIK Bruxelles)
Les premiers travaux en ville débutent en septembre 1868 à hauteur
de la Grande Ecluse (près de l’actuel Square de l’Aviation) .
Le voûtement construit en briques comportait deux arches centrales et deux grands égoûts-collecteurs .
(copyright B. R. Cabinet des Estampes)
La voussure à hauteur de la rue Plattesteen . À gauche le clocheton
De Notre-Dame de Bon Secours .
Photo J. Kämpfe . Juillet 1870 .
(copyright B. R. Cabinet des Estampes)
La défunte Petite-Ile en 1871 . À droite la cheminée du moulin de
Bon Secours et l’arrière de l’église . Photo attribuée à J .Kämpfe .
(.
copyright IRPA-KIK Bruxelles
La double voussure devant la Petite-Ile en venant de ce qui sera le Boulevard du Hainaut et futur boulevard Maurice Lemonnier . À droite la Senne et le clocheton de Bon Secours .
Après le recouvrement , en 1872 , « The Belgian Sreet Railways » ou Compagnie Vaucamps installe des rails sur les boulevards ainsi créés ,
soit trois lignes de trams hippomobiles qui fusionneront en 1874 avec les
« Trams Bruxellois » .
Par après on reliera la Place Stéphanie à la Bourse en élargissant l’ancienne rue du Lombard et en perçant une voie entre la rue de l’Etuve et la Place Saint-Jean . Le projet fut adopté en 1902 mais plusieurs années furent nécessaire pour les expropriations et les travaux de voiries ne seront exécutés qu’en 1909 . Déjà en 1861 , Suys architecte de la Ville avait présenté un projet de percement au même endroit .
Collection GS
Par cette percée Place Saint-Jean – rue du Lombard le tram 5 venant de la rue Haute par la rue de l’Escalier , descend jusqu’à la Bourse , son terminus . Mai 1961 .
Rappelons que se situait dans le bas de la rue du Lombard-anciennement appelée rue des Foulons- le premier Mont-de-Piété du pays, ouvert en date du 28 septembre 1618.
Si certaines façades d’immeubles remarquables de notre quartier bordant le boulevard Anspach ont un petit air hausmannien , c’est parce que l’entrepreneur Jean-Baptiste Mosnier aidé de son architecte Pierre-Joseph Olive , tous deux parisiens , les ont construits . Ils étaient accompagnés de leurs propres ouvriers ! Ces immeubles appartiennent pour la plupart à la Ville de Bruxelles car Mosnier dut déposer son bilan en 1878 , obligeant la ville à les racheter , les Bruxellois de l’époque étant peu intéressés par ce type d’immeubles de rapport .
Après le recouvrement, pour qui aimait les frissons, on pouvait visiter en barque le voûtement de la Senne
L’atmosphère .
Voici quelques extraits choisis dans l’introduction au livre «Bruxelles » qu’écrivit Alfred Mabille en 1886 . Il fait certainement partie des auteurs qui ont le mieux traduit l’âme bruxelloise .
« ……….le voisinage s’est perdu ; les gens d’un même quartier formaient en quelque sorte une tribu , qui avait son doyen . Les cœurs se touchaient comme les pignons , les familles qui avaient voisiné l’espace de plusieurs générations n’en formaient qu’une et très souvent des mariages transformaient l’intimité habituelle en parenté effective .
Un déménagement était une trahison , presque un déshonneur , et l’on se glorifiait d’avoir demeuré pendant trente ou quarante ans le même logis ; les baux étaient d’ailleurs habituellement de douze et dix-huit ans et on les renouvelait . Mourir dans la maison où l’on était né était un titre de noblesse ……….
………. L’estaminet antique et solennel , aux lourds bancs de chêne polis par l’usage , aux chaises et aux tables massives où les bons bourgeois venaient régulièrement chaque soir faire leur partie de cartes , arrivant toujours à la même heure , partant de même , salués du même bonjour , s’asseyant à la même table , dans la même société, buvant un invariable nombre de verres de bière et fumant la même quantité de pipes . La bière mousseuse – si c’était du faro – sans mousse , si c’était du lambic – était consciencieusement humée en connaisseur , après le mouvement traditionnel :deux ou trois frottements circulaires du fond du verre sur la table pour empêcher l’égouttement et le verre levé à la hauteur de l’œil
pour s’assurer de la clarté de la bière ……….
………. Ainsi en était-il des Kermesses de quartiers «
dont la kermesse de Notre-Dame au Rouge – aussi vénérée en Notre-Dame de Bon Secours – mais située dans le quartier s’étendant de l’autre côté de l’actuelle Place Fontainas par la rue d’Anderlecht . Cette kermesse avait lieu fin juillet , et notre quartier y participait naturellement
À cette occasion les pas de portes et les trottoirs étaient lavés à grandes eaux , les façades sales badigeonnées de frais , les vitres nettoyées . Les familles de province pouvaient être dignement reçues . Il y avait aussi fête pour rappeler la révolution les 23 , 24 et 25 septembre .
………. « Alors tout était en liesse ; dans chaque rue , ruelle ou impasse , sur chaque place du quartier , dans chaque maison , il y avait joie obligatoire , nul ne se faisant prier . Chacun selon ses moyens ,faisait ripaille et il régnait une atmosphère de goinfrerie , où les senteurs des boudins se mariaient fraternellement aux parfums des crêpes ……….
………. Les rues recevaient une décoration spéciale : des chaînes aux maillons de papiers colorés , étaient suspendues le long des façades ou en travers de la rue , et formaient des entrelacs variés ; de petits drapeaux aux couleurs nationales , des lustres de papier tressé ,des branches de sapin descendant des fenêtres , ou même des sapins entiers plantés le long des trottoirs composaient une débauche ornementale , témoignant du besoin jamais rassasié de ne laisser aucun coin , aucune surface sans une note de couleur , sans une manifestation de joie commune ……….
………. Le soir , on plaçait des chandelles allumées et l’illumination était complète . Tout cela mettait dans les rues étroites et sombres ainsi enguirlandées , un joyeux papillotage de couleurs , un inextricable fouillis de lianes fleuries , et donnait au quartier un air de fête tout particulier .
À part la mangeaille , la fête était dans la rue : on y dansait , on y chantait ,on processionnait ,on cavalcadait, ; et c’est là qu’on grimpait au mat de cocagne , qu’on courait dans les sacs , qu’on jouait au blanc-et-noir /outernoeien , tous jeux dont les épisodes plaisants faisaient jaillir comme des fusées les gros rires et les lazzis « (Alfred Mabille Bruxelles 1886) .
Un autre auteur Victor Devogel dans le prologue à son livre
« Légendes Bruxelloises » 1890 décrit une fin de journée dans une petite rue de quartier . En voici un extrait :
« Le soir tombe . La journée ayant été très chaude , les habitants viennent prendre le frais au seuil des demeures . Assis sur de vieilles chaises boiteuses ou sur des bancs , plus souvent au bord des trottoirs ou sur les escaliers des maisons , les hommes et les femmes , celles-ci portant presque toutes un enfant dans les bras , rient , jasent , s’interpellent d’un bout à l’autre de la rue : ce sont des bruits divers , des éclats de voix , des exclamations bruyantes entrecoupées par les cris des gamins qui courent , se heurtent , se bousculent , jouent et dont les pieds nus claquent contre les pierres .
Les hommes fument leur pipe , les jeunes filles tricotent , occupation familière des femmes de ces quartiers .
Tout ce monde parle à la fois : les mots s’entrechoquent , les quolibets se croisent , les rires résonnent ; le tout forme un ensemble confus montant vers le ciel qui s’obscurcit et qu’on aperçoit là-haut entre les deux rangées de toits qui semblent vouloir se toucher tant les rues sont étroites .
Cependant la nuit vient peu à peu. Les bruits s’éteignent un à un, les mères rentrent les bébés , les hommes s’en vont aux cabarets voisins ; il ne reste guère que quelques groupes de jeunes filles et de jeunes gens qui babillent entre eux . C’est une habitude des enfants des anciens quartiers , dernier reste peut-être des veillées de famille ou produit du besoin de satisfaire à l’imagination , si vive chez le peuple . Dans les ruelles vous verrez , les soirs d’été , des groupes de jeunes de dix à quinze ans , plus âgés même , accroupis sur les marches d’un escalier de pierre , écoutant attentivement un des leurs qui conte par le menu , les aventures extraordinaires , mais VÉRIDIQUES , d’Uilenspiegel , de Robert le Diable et surtout de Cartouche et de Mandrin ……… »
Quant aux impasses , Franz Mahutte les décrit comme :
« venelles étranges au pavé rocailleux , douloureusement accidenté pour ceux qui n’en on pas la suétude , murailles resuantes , portes branlantes aux gonds disjoints ; fenêtres entre-baillées , révélatrices d’intérieurs sordides ; escaliers à pic qui conduisent à des misères inexplorées . Une vieille tricote , des marmots se culbutent ; au fond d’une cour le dos d’un homme qui fend du bois ; un chat maigre d’échine couve la cage où des pinsons aveugles pleurent , en chantant ,les plaines de libre lumière ; des chiens efflanqués grondent ,échangeant de féroces regards ,devant l’aubaine d’un monticule d’ordures « .
Les expertises des maisons du quartier.
Voici des extraits des expertises(copyright AGR) faites à l’occasion des expropriations situées sur le tracé du futur boulevard Anspach et de la place Fontainas . Ces expertises déposées au Tribunal de Première Instance se trouvent aux Archives du Royaume. Elles permettent au travers de la précision quasi chirurgicale des expertises de particulièrement bien se représenter la façon de vivre et d’habiter dans ce qui fut notre quartier il y a à peine 150 ans .
Les experts qui devaient analyser les lieux à exproprier : « ont prêté entre nos mains le serment de remplir leur mission en leur honneur et conscience , avec exactitude et probité , en ajoutant :
Ainsi Dieu et tous les Saints me soient en aide !
Collection GS
Détail du plan de Martin de Tailly anno1640 .
1 . Chapelle Saint-Jacques . 2. Pont de Bon Secours . 3. Rue de la Petite-Ile . 4. Moulins de l’Âne et du Cygne . 5. Moulin de la Barbe .6. Ancienne Ecluse . 7 . Coin des Teinturiers . 8. Marché au Charbon . 9. Rue des Teinturiers . 10 . Rue des Sœurs Noires .
Collection GS
(copyright B. R. Cabinet des Estampes)
Rue des Teinturiers 33-35-37 vers le croisement Marché au Charbon
à droite et rue du Lombard au fond . Au 35 T.J. Van Mons , fabricant
d’absinthe . Photo J. Kämpfe le 29 septembre 1869 .
copyright IRPA-KIK Bruxelles
Cabaret de l’Etoile démoli en 1896 . Maison de la fin du XVIIème siècle .
Marché au Charbon n°43 , angle Plattesteen et rue des Teinturiers .
L’étoile au milieu de la façade est le symbole des Francs-Maçons .
(copyright B. R. Cabinet des Estampes)
Rue des Teinturiers n°29 et Coin des Teinturiers
Photo J. Kämpfe le 20 septembre 1869 .
Le Coin des Teinturiers commençait rue des Teinturiers et se terminait rue du Marché au Charbon .
Rue Coin des Teinturiers 2 – 5 – 7 .
Monsieur Malherbe propriétaire . Brasserie dite le Coin des Teinturiers ,
avec maison d’habitation et magasin .
Le 2 occupe l’angle de la rue des Teinturiers et Coin des Teinturiers , bâtiment avec cour . Porte d’entrée en chêne donnant sur un palier carrelé avec escalier de chêne . La cour présente vers la rue une grande porte d’entrée . Dans le fond de celle-ci , une écurie pavée en grès avec crèches en pierre de taille . À droite de l’écurie , une autre dépendance et une deuxième cour avec une fosse à fumier et encore un bâtiment à deux étages .
Au 5 la brasserie proprement dite . On entre par une première cour , à sa droite , l’on voit au-dessous d’un abri couvert un grand robinet pour la décharge des bières de la cuve guilloire et un autre robinet pour les eaux de la ville . Au rez-de-chaussée , la halle à entonner . Au premier des cuves de refroidissement et au deuxième étage quatre chaudières à bière . La chaudière à bière , portant le n° 1 , construite en cuivre rouge , avec fond d’une seule pièce , battue au marteau , de forme hémisphérique adaptée au pourtour cylindrique , a une capacité de cent cinquante deux hectolitres cinquante trois litres .
Au 7 en face des deux premiers bâtiments , le magasin à bières . L’entrée qui occupe le milieu de la façade communique à un dégagement pavé de briques sur champ .
Les souterrains (caves) forment une vaste salle voûtée en arcs-de-cloître.
Au rez-de-chaussée , même vaste salle pour le dépôt des bières . Au plafond , de fortes poutres de chêne de 40cm sur 30 cm . Premier et deuxième étage : même disposition . Le grenier renferme une roue avec corde sans fin pour la montée des tonnes (tonneaux) vides au moyen d’un moufle placé à l’extérieur vers le côté de la rue des Teinturiers .
(copyright B. R. Cabinet des Estampes)
Coin des Teinturiers n°1 , à droite rue des Teinturiers .
Photo J. Kämpfe le 28 septembre 1869 .
(copyright B. R. Cabinet des Estampes)
Brasserie dite du Coin des Teinturiers n°5-7 . Vue vers la rue des Teinturiers .
Photo J. Kämpfe le 28 septembre 1869 .
(copyright AGR)
(copyright AGR)
(copyright AGR)
(copyright B. R. Cabinet des Estampes)
Rue Coin des Teinturiers 6 .
Madame Veuve Vandenbosche , houille , charbon , marchande de bois à brûler .
Photo J. Kämpfe le 28 septembre 1869 .
Rue Coin des Teinturiers 10 . Monsieur F. Vrever , tailleur .
Rue Coin des Teinturiers 12 . Monsieur B . Hermans , serrurier .
Rue Coin des Teinturiers 21 – 23 :
Magasin à bières appartenant à Messieurs
Edouard Herremans , brasseur , 2 rue de la Petite-Ile
Sami Rokens , cabaretier , rue des Pierres
Lucien Malréchauffé , cabaretier , rue de la Colline .
Au 21 , bâtiment composé d’une cave voûtée , de deux étages et d’un grenier . Tous les plateaux sont pourvus pour soutenir leurs plafonds respectifs de colonnes de fer (Josse Goffin- Clabecq) du même type que les quatre encore visibles dans l’épicerie du 4-6 rue de Bon-Secours .
Entre étages un large escalier de douze marches en pierres de taille avec guides-mains en fer battu . Il s’y trouve deux puits et une pompe .
Au 23 , même disposition .
Le 21 peut contenir un maximum de 1350 tonneaux .
Au 27 janvier 1870 on y trouvait : 308 tonneaux de FARO
351 « de LAMBIC
10 « de MARS
284 « vides
appartenant au Sieur Malréchauffé .
Le 23 peut contenir un maximum de 1740 tonneaux .
Au 27 janvier 1870 on y trouvait : 621 tonneaux de LAMBIC
729 « de FARO
1 « de MARS
appartenant au Sieur Herremans .
Le grenier contenait 500 hectolitres d’orge , malt , froment .
Il s’y trouve un puit donnant de l’eau d’excellente qualité , (on n’ose y croire) et une pompe (photo et plan) .
Rue Coin des Teinturiers 29 (au fond de la rue à droite) comprend
L’Impasse des Papillons n° 1 – 2 – 3 – 4 – 5 .
La façade comprend seulement la largeur de la grande porte cochère de l’immeuble , qui se compose de quatre corps de bâtiment autour d’une même cour , et l’un des bâtiments s’étend au-dessus de la Senne par l’entremise d’un élément de la première enceinte au lieu dit de l’ancienne écluse .
Tous ces bâtiments de construction ancienne présentent des dispositions différentes et forment dans leur ensemble l’Impasse des Papillons .
Immédiatement derrière la porte cochère un large dégagement . Au fond,
une grande porte donnant accès à un palier carrelé et communiquant directement avec la cour au moyen d’une porte cintrée . Dans l’angle du deuxième bâtiment , un lieu d’aisance .
Les locataires : Monsieur Lehman , papetier , qui abrite dans le large dégagement une petite charrette à l’usage de son commerce .
Messieurs Bouré , Demunter menuisier et son atelier , De Gyter , Mergaerts , Serneels , De Backer , Bouré fils sculpteur et Madame
Veuve Paulie .
Un escalier de dix-sept marches en pierre donne accès à la partie d’habitation de deux pièces au-dessus de la Senne . Cette construction faisant partie de la première enceinte repose sur de fortes voûtes de pierre appuyées sur des pilastres solidement construits au milieu de la rivière . Au niveau du sol une latrine s’étendant au-dessus de la Senne .
À côté , un escalier de dix marches descendant à la rivière .
Locataires : Messieurs Teniers , Joris tailleur et son atelier .
Dans le dernier bâtiment les locataires : Messieurs Hendrickx , Hofman ,
Laurent , Allard , Leblanc , Annert , Desmedt , Mademoiselle Loix .
Ainsi que Dame Anne-Marie Vandroogenbroeck propriétaire , qui a l’usage exclusif du gazon au milieu de la cour !
Cour dans laquelle se trouve « LE » robinet d’eau de ville à l’usage de tous les locataires .
(copyright AGR)
L’impasse du Papillon et ses bâtiments .
Collection V
La première enceinte (amont), au fond à droite le moulin de
Bon Secours, à droite la Petite-Ile, au milieu les maisons de
l’impasse des Papillons. Aquarelle de J-B van Moer.
copyright IRPA-KIK Bruxelles
Première enceinte lieu-dit Ancienne Ecluse , en amont .
Photo Ghémar 1867 .
Collection V
La première enceinte du XIIème siècle (aval)
Collection V
La Senne depuis le pont de la rue des Teinturiers.
Collection GS
Début des démolitions en aval et les restes du pont
de la rue des Teinturiers.
La Senne depuis la première enceinte (aval). Collection V
Collection V
La Senne depuis le pont de la rue des Pierres (amont)
Depuis le pont de la rue des Pierres (aval). Collection V
Collection V
Le pont de bois près la rue des Pierres (aval)
Collection GS
La même maison sur pilotis à hauteur de la rue des Pierres.
Début des démolitions et abaissement du niveau des eaux.
Dans le haut rue du Borgval.
Ancienne Ecluse en aval . P.Dagobert d’après Paul Lauters .
Rue Coin des Teinturiers 31 . Baptiste Vanderborght , propriétaire-
Meunier (voir Impasse des Meuniers) .
Rue Coin des Teinturiers 37 , locataire pour 35 frs. par mois , Monsieur Aerts , facteur à l’administration des Messageries Van Gend .
Le rez-de-chaussée est composé d’un vestibule d’entrée dallé de terre cuite et précédé de trois marches . Dans le fond le lieu d’aisance et la pompe . Deux pièces entresolées , cuisine au fond où prend naissance l’escalier de chêne conduisant à l’étage composé de deux pièces et aux mansardes sous toit .
Rue Coin des Teinturiers 39 , même disposition , locataire Monsieur Judah Delmoux , occupant les lieux depuis « environ vingt-trois ans »
sans bail (plan) .
(copyright AGR)
Rue Coin des Teinturiers 43 , au point où les trois tronçons de la rue se réunissent . Locataire Monsieur Emile Vankelekom, peintre en bâtiment , et sa famille , pour 62.50 frs. par mois . La maison se compose d’une cave , d’un rez-de-chaussée avec une pompe à deux robinets : eau de ville et eau de citerne , de deux étages à deux chambres chacun et d’un grenier.
La cuisine est dans un petit bâtiment annexe comportant un rez-de-chaussée , une cour et le lieu d’aisance .
Rue Coin des Teinturiers 45 dont la description est très complète et intéressante . Propriétaires : Reynders Frères , fabricants de faux-cols ,
cols-cravates, manchettes et devant de chemises .
La propriété comprend un bâtiment , une cour , un jardin .
Le bâtiment se subdivise en :
A . Souterrain . Deux caves voûtées dont l’une contient du charbon de terre et l’autre outre huit loges à vin ,des approvisionnements de ménage. Pavement en briques posées de plat et l’escalier qui y conduit en pierre blanche .
B . Rez-de-chaussée . Un vestibule donnant accès à toutes les pièces . Ce hall est pavé de carreaux de pierre de Basècles ; à l’arrière un cabinet d’aisance . L’escalier vers les étages en chêne . Deux pièces à front de rue : un cabinet (bureau) avec une grande table sur tréteaux et aux murs des rayons contenant les cartons à marchandises ; une réception avec comptoir , dix-huit rayons , trois chaises et une cheminée de bois surmontée d’une glace et d’un médaillon peint . La troisième pièce sur cour est identique plus un poêle de fonte et ses accessoires . Une cuisine donnant sur le jardin , pavement en carreaux de terre cuite , cheminée en granit , « pièce à laver « et une armoire incrustée dans le mur . Contient en outre un garde-manger , une table , trois chaises , un poêle dit cuisinière avec ses accessoires , trois rayons et une batterie de cuisine .
C . Premier étage . Une chambre à coucher , un salon avec un poêle , une table , sept chaises , un guéridon , une machine à coudre , deux gardes-robes . À l’arrière une chambre à coucher .
D . Deuxième étage . Toutes les pièces servent d’ateliers de « coupure » .
Un seul poêle .
E . Grenier . Occupe toute la surface de la maison , la charpente est en chêne . Il contient un pigeonnier .
F . Cour . Pavement en dalles de pierre bleue , pompe à eau de pluie , robinet d’eau de la ville , les murs sont garnis de vignes .
G . Jardin . Il contient des vignes , une fontaine en pierre bleue , un poulailler et une clôture en lattis .
Comme il s’agit d’un procès se tenant devant le Tribunal de 1ère Instance
concernant des indemnités pour expropriation qui n’avaient pas été acceptées par les défendeurs j’ajoute ici les intéressantes observations présentées par Monsieur l’avoué Slosse-jeune au nom de Messieurs Reynders frères , défendeurs .
« Messieurs Reynders frères sont fabricants de faux-cols , cols-cravates , manchettes et devant de chemises . Cette fabrication , celle de faux-cols principalement est des plus difficile et exige des ouvrières fort au courant de leur métier . Ces ouvrières résident pour la plupart en ville et ne consentent point facilement à se déplacer , pour la raison qu’elles se trouvent au centre de l’industrie qui les fait vivre et ensuite parce qu’en ville elles sont assurées du secours du bureau de bienfaisance .
Messieurs Reynders obligés de quitter la maison qu’ils occupent et qui se trouve au centre des affaires commerciales d’une part , et d’autres parts à proximité d’un quartier où habitent les ouvrières risquent fort pour les motifs déjà exposés , de devoir suspendre leur fabrication ou tout du moins verront s’aggraver les charges de leur industrie …………….
Par curiosité supplémentaire : il n’y avait pas moins de 22 espèces de cols , chaque espèce avait une série de numéros qui variaient de 28 à 45 cm soit 18 numéros par col , soit pour les 22 espèces 396 numéros . Les cols se fabriquaient soit en percale soit en toile , donc ensemble 792 numéros !
Le reste de la fabrication prenait le même chemin . Pas étonnant le nombre de rayonnages dans les diverses pièces .
Coin des Teinturiers 55-57 . Monsieur P. Bernaerts , houille et bois à brûler .
Rappelons ici que le Coin des Teinturiers , bien tenu , n’eut pas spécialement à souffrir de l’épidémie de choléra .
Marché au Charbon 87-89 . Les deux maisons à droite de l’église datent du XVIIème siècle . Le pignon du 87 est superbe (il y en eut beaucoup d’autres du même type dans le quartier) . La maison était habitée en 1870 par Monsieur J.F. Doms , droguiste ; ce qui se perpétua jusqu’à la fin des années quatre-vingt .La petite maison au 89 était occupée à la même époque par Monsieur E. Lecerf , horloger .
copyright IRPA-KIK Bruxelles
Le 87 rue du Marché au Charbon .
Photo 1905
Collection GS
Carte postale publicitaire de « La Dernière Heure » 1932 .
(copyright B. R. Cabinet des Estampes)
Pont de Bon-Secours , moulin de Bon-Secours et
impasse du Meunier à droite. Photo Ghémar 1867 .
Sous le pont de Bon Secours coulait l’eau de la petite Senne (du centre ville car il existait un autre bras du même nom qui traversait Molenbeek) .
Parenthèse au sujet de la petite Senne à Molenbeek .
Détail du plan de G.Jacowick 1812 .
Dans le cercle le site de la photo suivante situé entre les rues Comte de Flandre et Vandermaelen actuelles
Vue révélée lors de la démolition de bâtiments « provisoires » construits sur le lit de la petite Senne supprimée .
GS
Authentique mur de quai du bord de Senne . 29 octobre 2004 .
(copyright B. R. Cabinet des Estampes)
Impasse des Meuniers . Photo J Kämpfe 1867 .
Impasse des Meuniers 1 . Segers , + 1867 , Charles Noël , prêtres .
Impasse des Meuniers 2 .T. Heukeshoven , menuisier .
Impasse des Meuniers 3 . Jean-Baptiste Vanderborght ,
propiétaire-meunier .
La propriété est sise au fond de l’impasse et aboutit par deux autres de
ses côtés : d’une part au fond de la rue du Coin des Teinturiers et d’autre part au fond de l’impasse Waefelaer , laquelle débouche dans la rue de
la Petite-Ile .
La propriété est formée de deux parties distinctes :
A .de constructions situées à droite de la Senne comprenant maison d’habitation , moulin à eau et moulin à vapeur .
B . de constructions situées à gauche de la Senne comprenant des dépendances avec écuries et une petite maison d’habitation .
Ces deux blocs de constructions sont reliés entre eux et mis en communication directe par le barrage et le ponton qui sont établis en cet endroit sur la rivière .
(A) La maison d’habitation forme le côté gauche de l’impasse des Meuniers , vers la Senne , et s’étend jusqu’au fond de l’impasse , contre la façade du bâtiment du moulin . L’habitation comporte deux étages . Le vestibule est dallé de marbre noir et blanc . En son centre un escalier en chêne qui divise la maison en deux parties . À droite de l’escalier un lieu d’aisance . Les fenêtres du rez-de-chaussée et du premier étage sont garnies de volets à l’extérieur . Toute cette maison est occupée par des locataires :
Messieurs Pierre Delfosse typographe , Hubert Auqier passementier , Desmedt peintre , Hochart fabricant de lingeries confectionnées .
(B) Les bâtiments renfermant les moulins à eau et à vapeur . Au nombre de deux , l’un renferme le moulin à eau ayant trois paires de meules mues
par une roue hydraulique sur la Senne . Grande porte d’entrée sur l’impasse . À l’arrière une cour dallée de pierres bleues et deux grandes vitrières prenant jour vers le jardin . Cette cour renferme contre la Seine un lieu d’aisance à côté duquel est construite une douche en cuivre rouge maçonné avec foyer au-dessous . Dans le petit jardin une volière avec quelques poules et pigeons . Dans l’angle formé par la volière et la cour couverte est placée la cheminée à section carrée de la machine à vapeur : soubassement de deux mètres quarante et de vingt-cinq mètres de hauteur . Le deuxième bâtiment renferme un moulin ayant quatre paires de meules mues par une machine à vapeur . Une porte donne sur le Coin des Teinturiers .
(C) Constructions situées à gauche de la Senne . Un bâtiment –dépendance du moulin par le barrage – contigu à la rivière et situé au fond de l’impasse Waefelaer qui aboutit rue Petite-Ile . À gauche dans ce bâtiment une écurie pour quatre chevaux et son dépôt de fumier dans la cave . Au-dessus de l’écurie et d’une partie de l’impasse , deux grands greniers à charpente de chêne servent de magasins « aux fourrages et aux pailles « .
L’impasse Waefelaer du nom du propriétaire habitant derrière ces dépendances . Avant 1851 et depuis fort longtemps impasse du Cygne / Zwaanegang .
La maison d’habitation à droite au fond de l’impasse au n° 5 comporte rez-de-chaussée , premier étage et deuxième mansardé .
Locataire : Louis Van Keirsbilck , ouvrier sellier .Coincée entre l’impasse, la maison précédente et la Senne ,une petite habitation le n° 1 rue Petite-Ile . Celle-ci n’appartient pas au meunier .
L’historique du Moulin de Bon Secours rappelle qu’il s’agit de la réunion de deux moulins . 1) Le moulin de l’Âne/Ezelmolen mentionné en 1346
Dès 1347 , 31 tanneurs prennent les lieux à cens . D’après le plan de Braun et Hogenberg il semble qu’il s’agisse du moulin de l’Âne puisque contre le mur de la première enceinte où se situait aussi une brasserie dite l’Âne . 2) Le moulin du Cygne :Zwaenmolen qui se trouve sur le Petite-Ile est d’abord connu sous le nom de moulin du Charpentier/ Timmermans-molen .
(copyright AGR)
Cette copie d’un tableau du peintre Van Moer – qui se trouve aux murs de l’Epicerie Fine de la Senne rue de Bon Secours (avec de nombreux autres souvenirs du Vieux-Bruxelles) – représente le moulin de Bon Secours au centre, et l’arrière de l’église . L’original de ce tableau se trouve à l’Hôtel de Ville de Bruxelles . Actuellement il faudrait se placer en face de la rue du Jardin des Olives sur le trottoir du boulevard Anspach pour avoir la même vue .
(copyright AGR)
La rue de la Petite-Ile / Kleine-Eilandstraat est très ancienne , elle faisait partie du premier tronçon pavé vers Anderlecht et le sud de la Belgique .
Elle s’est aussi appelée rue Entre-Deux-Ponts / Tussen-Twee-Bruggen straet . En 1346 s’y trouvait déjà le Molensteen , maison fortifiée avec moulin à eau et une brasserie t’Hoogehuys .
Collection GS
Rue de la Petite-Ile . Au milieu de la vue on aperçoit le frontispice de l’église de Bon Secours et la plage plus claire indique l’emplacement du pont . Fac-simile d’une lithographie de T.S. Cooper .
Collection GS
Même angle de vue que la lithographie de T.S. Cooper mais les beaux pignons flamands ont disparus .
Carte postale PLB (vers 1920)
Place Fontainas . Vers 1910 . Photographie anonyme .
Collection GS
place Fontainas vers 1915
Rue de la Petite-Ile 3 . Monsieur Van den Velde propriétaire .
Rue de la Petite-Ile 5 . Monsieur Waefelaer propriétaire .
Rue de la Petite-Ile 2 . Le Sieur D’Zboker liquoriste .
Monsieur Corneille Deburger propriétaire .
Rue de la Petite-Ile 4 . Propriétaire Monsieur Edouard Herremans , brasseur . Locataires Monsieur André Appelmans et son épouse Catherine Lequeux . La maison comprend le rez-de-chaussée , deux étages , un grenier ; la maison est à pignon .
Le rez-de-chaussée comprend un magasin dont l’entrée vers la rue est garnie d’un porche vitré . Il est éclairé par deux fenêtres-vitrines . Les murs peints à l’huile , sont en partie revêtus de cymaises et étagères en corniches , pilastres , rayons , armoires et tonnelets à liqueurs , le tout en imitation bois de chêne . Il est garni d’un comptoir avec retour , muni d’un bec de gaz et d’une pompe à bière avec trois robinets , le tout fixé à demeure . Au fond du magasin l’escalier menant aux étages et une salle d’estaminet avec bec de gaz . Cette salle communique avec une cour qui est en partie vitrée , et qui contient une pompe sur citerne et un urinoir en zinc . Au fond de la cour , un bâtiment de derrière . Au rez-de-chaussée , quatre pièces dont une cuisine , un dégagement avec robinet d’eau de la ville et un lieu d’aisance . Au fond une porte donnant sur une petite cour servant de sortie à la maison n° 6 et aboutissant à la rivière . Dans la cour un lieu d’aisance . Au premier étage , quatre pièces surmontées de trois greniers à charpentes de chêne .
Le bâtiment principal possède un étage avec deux pièces et un deuxième mansardé . La cave est établie sous le n°2 !
Les propriétés de Monsieur Herremans
(copyright AGR) .
Rue de la Petite-Ile n°6 . Propriétaire Madame Obrie , Veuve Pierre .
Rue de la Petite-Ile n°8 . Propriétaire Monsieur Théophile Schuermans , bijoutier .
Rue de la Petite-Ile n° 10 . Propriétaire Monsieur François Mangelschots,
boulanger .
Rue de la Petite-Ile n° 12 . Propriétaire le Sieur Edouard Herremans brasseur . La propriété comprend : une maison d’habitation , une cour , une écurie et un magasin à bières surmonté de greniers situés à droite de la cour , un bâtiment de touraille sis à gauche de la cour et un bâtiment forment la brasserie proprement dite .
L’habitation : rez-de-chaussée avec passage carrossable vers la cour ; à droite , une porte vitrée établie au haut d’un escalier en pierre de taille de quatre marches débouchant sur un vestibule dallé de marbre . Salon sur rue , murs lambrissés , cheminée en granit surmontée d’un panneau avec glace , chambre à manger vers la cour avec cheminée en marbre avec foyer , panneau avec glace , armoire buffet attachée à demeure avec tablette de marbre . Communique avec une cuisine carrelée , horloge , pompes à bières fixées à demeure ! donnant sur une petite cour intérieure et une petite pièce avec lieu d’aisance , douche en cuivre et robinet d’eau de ville . Au premier , cinq chambres . Au deuxième deux chambres sur rue et à l’arrière plusieurs greniers au-dessus de la brasserie proprement dite jusqu’à la façade arrière donnant sur la Senne .
La grande cour est pavée en pierres bleues et blanches . Il s’y trouve une fosse à fumier , un robinet des eaux de la ville et un robinet d’eau chaude communiquant à la chaudière de la brasserie .
Un bâtiment avec rez-de-chaussée et écurie pour trois chevaux , un magasin à bières . Deux étages avec dans le supérieur une chambre de logement pour les garçons-brasseurs et un grenier à céréales .
La brasserie proprement dite avec deux étages et un grenier . Le rez-de-chaussée comprend une halle à charbon pavée en grès , ouverte vers la cour , dans laquelle se trouvent l’ouverture des foyers des chaudières , la base de la cheminée . Dans la halle les installations techniques et un lieu d’aisance . La place prend jour par trois fenêtres sur la rivière , dont deux s’ouvrent sur un poulailler disposé en encorbellement sur la rivière .
Le service des eaux de la Ville dans la maison est apuré par un acte de concession perpétuelle (plan) .
Rue de la Petite-Ile n° 14 . Madame Veuve Herremans propriétaire .
Rue de la Petite-Ile n° 18 . Messieurs Smet frères propriétaires .
Rue de la Petite-Ile n° 20 . Monsieur et Madame Hauwaerts propriétaires
Brasserie dite LA FLEUR D’OR .
Comprend cinq bâtiments .
La maison d’habitation : au rez-de-chaussée une porte d’entrée avec encadrement en pierre de taille , garnie de chasse-roues en fer et en pierre donne accès à un vestibule carrossable qui aboutit à une cour devant la brasserie , derrière l’habitation . Ce vestibule est pavé en pierres équarries , avec à gauche vers le milieu de sa longueur une cour intérieure couverte en verre et pavée . De cette cour on a accès à une chambre de réception ou parloir . Vers le côté de la rue , la fenêtre de cette chambre ainsi que celle de l’étage au-dessus constituent un ensemble de façade ayant un cachet particulier de l’architecture . La baie de fenêtre du rez-de-chaussée est encadrée dans un simulacre de portail avec moulures , archivolte surbaissée et clé formant console , supportant des ornements en feuilles de laurier . La fenêtre de l’étage est également encadrée de moulures en pierre avec couronnement sculpté ; ses festons de lauriers retombent de chaque côté de ce couronnement . Le pignon en galbe est contourné et il renferme une lucarne de forme ovale au-dessous de laquelle existent des moulures saillantes ; un vase en pierre sert de couronnement à cet ensemble . À droite du vestibule carrossable , trois pièces et une cuisine , trois pièces au premier et au-dessus un grand grenier pour les céréales . Charpentes en chêne. Dans la cour pavée un réverbère au gaz , une pompe .
On sent que l’expert qui a détaillé cette maison était ébloui . Et encore ce qui n’est pas décrit tel le décor constitué de lourdes tentures de velours , les coussins aux tapisseries anglaises , les papiers peints aux dessins compliqués et l’ameublement de chêne .
2) la tonnellerie et le germoir : le bâtiment à droite de la cour principale avec au-dessous la tonnellerie . Ce local est voûté sur ses poutres en bois de chêne disposées diagonalement et soutenues par quatre piliers en chêne , trois contreforts aux murs et un étançon en pierre au centre .
Eclairage : un bec de gaz . Au rez-de-chaussée le germoir et son bac mouilloir cimenté au trass d’Allemagne et alimenté par les eaux de la ville Le plafond gîté en chêne . Au-dessus un grenier à céréales et toutes les charpentes en chêne .
3) la brasserie : au fond de la cour à droite avec deux chaudières et la cuve matière . À l’étage cuve matière en fonte , deux chaudières en cuivre , un bac à clarification , un bac à houblon , un bac à jeter les trempes de la cuve matière , une grande pompe en cuivre pour le servir d’un réservoir , et un réservoir également en chêne muni d’un robinet pour l’alimentation par les eaux de la Senne ( !!!!!!) ; une grande pompe pour l’alimentation de l’usine par les puits ( !!!!!!) et un robinet des eaux de la Ville pour suppléer ou remplacer au besoin ces deux genres d’alimentation . Une porte communique sur la Senne au-dessus de laquelle est établi un puisard en chêne avec son cuffat .
4) le grand magasin à bières : sur la gauche de la cour en contrebas de cinq marches en pierre bleue , il est divisé en cinq nefs dont les voûtes en briques portent sur de fortes colonnes de fonte de fer reposant sur des socles en pierre bleue . Les premier , deuxième , et troisième étages ont la même disposition . Un grenier avec un cabestan en fer , muni de sa corde est placé au devant d’une ouverture avec porte et sert à la montée des tonnes et des sacs .
5) l’écurie : à gauche de la cour , le rez-de-chaussée comporte une écurie pour trois chevaux , avec un même nombre de crèches en pierre de taille.
Dans un espace ouvert , la fosse à fumier . L’écurie est surmontée par une chambre destinée au logement des domestiques ; on y communique par une trappe établie sous le plafond de l’écurie et par l’intermédiaire d’une échelle mobile . Le grenier sert de dépôt pour les fourrages .
Brasserie La Fleur d’Or (copyright AGR) .
Rue de la Petite-Île n° 22 . Propriétaires les époux Hauwaerts . Locataire le sieur F.H.Smeesters fils serrurier . Au rez-de-chaussée , une chambre servant d’atelier renfermant une forge surmontée d’une hotte en fer , un bac en pierre , une pierre à affûter , un tour , deux bancs d’ajustage , quatre étaux , une enclume avec son massif en bois , un soufflet , des porte-marteaux , des porte-limes , deux machines à forer et un approvi-
sionnement de fers laminés . Derrière, une petite place avec un banc d’ajustage , un étau et un porte-limes . Sortie sur une petite cour avec un appentis , un lieu d’aisance et un robinet des eaux de la Ville . Le mur qui la clôt au fond longe l’impasse de la Porte Haute . Les deux étages comportent chacun deux pièces . Un grenier .
Rue de la Petite-Ile n° 24 . Propriétaires les époux Hauwaerts . Locataire Monsieur Adrien Charles Mariette , libraire . Cette habitation est bâtie sur une cave voûtée . Le rez-de-chaussée se compose d’un corridor séparé d’un magasin contigu au moyen d’une cloison en bois dans laquelle est établie une porte vitrée . Les pavements de ce magasin et de ce corridor : des carrelages . Deux croisées éclairent la boutique qui est séparée d’une petite place servant d’arrière-boutique par une cloison vitrée , le pavement est en terre cuite . La cheminée est en briques , on y voit un robinet de la distribution d’eau de la Ville . L’escalier qui mène aux deux étages semblables et au grenier est en bois de chêne ; à mi-chemin , on y voit une armoire qui renferme le lieu d’aisance .
Rue de la Petite-Ile n° 23 . Locataire Monsieur Josse Spitz , négociant .
Au rez-de-chaussée , une place servant de boutique éclairée par une vitrine renfermant un comptoir en bois qui comprend des petites caisses et des coffres subdivisés en plusieurs cases . Le fond de commerce consiste en :
Articles d’épicerie , tels que café , sucre , vermicelle , amidon , pâtes d’Italie , sel , etc… renfermés dans des caisses .
Des pains , du beurre .
Des bas de laine et grosses couvertures .
Des brosses , sabots en bois , seaux en fer et en zinc , des casseroles en fer et autres articles de ménage .
Des pommes de terre , et autres articles servant à l’approvisionnement .
Derrière la boutique , une chambre donnant sur une petite cour avec lieu d’aisance , une pompe avec bac d’évier abritée sous une toiture en planches , deux tonnes servant à recevoir l’eau de pluie .
Une cave renferme des pommes de terre servant à la vente , deux demi-tonnes de bière , des cuves et une partie de charbon . Un premier étage avec deux pièces dont l’une vers la rue sous-louée à un ébéniste qui occupe aussi l’un des greniers où se trouve un banc de menuisier , une étagère avec outillages et des meubles en confection .
Les observations faites par Monsieur Spitz quant à l’évaluation de ses indemnités sont intéressantes .
Entre autres : il lui reste quatre années de bail à raison de 700 francs l’an .
En changeant de lieu il devra payer 1100 frs . pour une situation moins bonne et dans une maison qui n’a pas plus de valeur locative que la sienne : rue Jardin des Olives , il n’y a guère de passage , tandis que rue de la Petite-Ile , on a le passage de tout ce qui va rue d’Anderlecht et autres rues très suivies . Perte de bénéfices : selon production des livres et quittances dans la maison actuelle le sieur Spitz réalise des bénéfices considérables , les affaires étant très prospères . Tout le voisinage s’approvisionne chez lui , il perdra nécessairement cette clientèle ?
À hauteur du 28 rue de la Petite-Ile débouche l’impasse de la Porte-Haute déjà mentionnée au n°22 . Il y a huit maisons pour plus de cent habitants . Son nom ancien était impasse de la Haute-Porte / Hooghehuys qui existait déjà en 1358 , d’après un document de l’époque.
À l’extrémité droite de la rue de la Petite-Île , côté n° impairs , passé le pont sur la Senne se trouve une dernière maison occupée par Monsieur
A. Vanhulst modiste-tailleur et derrière ce coin , soit rue des Sœurs Noires 60 , la mercerie de Madame J. Dilmolé .
Ici je reprends ces quelques phrases d’un poète au nom oublié du XIXème siècle :
« la mercerie est un commerce tranquille . Une paix que rien ne trouble règne dans la boutique . Tout est calme . Les tiroirs où sont les aiguilles , les pelotes de laine et les bobines de fil , les boutons cousus sur des cartons sont faciles à ranger . Ailleurs de légers pyjamas , écharpes , chemisettes ,rubans .
Tout est menu , délicat et dans l’humble magasin , il y a toujours sur le comptoir et, selon la saison , une fleur « .
(copyright B. R. Cabinet des Estampes)
Coin Petite-Ile « outre-pont » et rue des Sœurs Noires .
La rue des Sœurs-Noires / Swerte Sustersstraete se trouvait sur le tracé de l’actuelle rue de la Grande-Ile / Groot-Eilandstraat . Appelée Soeurs
Noires du nom des chanoinesses du couvent Saint-Augustin y établi au XIVème siècle . Toutefois l’origine de la rue est beaucoup plus ancienne car on pense qu’elle reliait la Petite-Ile à la Grande et son castrum au XIème siècle . Dans cette rue se trouvait jusqu’en 1594 , date de sa démolition , une poterne nommée Guichet du Lion qui était un passage au travers de la première enceinte .
Au 58 rue des Sœurs-Noires : le moulin de la Barbe ou des Barbiers / Baertmolen .
Ici aussi au départ il s’agit de deux moulins distincts : le Clapschette ou Slapscheetmolen sur la Petite-Ile et le moulin du Coin /Cantermolen .
Le Clapschette est déjà renseigné dans un acte de 1312 et le moulin du Coin est connu depuis 1413 . Les deux moulins n’en deviendront qu’un sous le nom de Baertmolen vers 1757 . Ce nom semble influencé par l’existence dans son proche voisinage d’une brasserie dite Den Baert déjà citée en 1381 .
En 1832 le meunier Joseph Servaes l’avait équipé de la première machine à vapeur de Bruxelles .
En 1870 le moulin appartient au sieur François Westen domicilié Avenue Louise n°9 ; locataire le sieur André Wera meunier .
L’ensemble est formé par : à front de rue au n° 54 , une écurie divisée en deux parties , la plus petite destinée au dépôt de charbon et de fumier , la plus grande avec crèche en pierre de taille et un lieu d’aisance appartenant en propre au locataire ! À l’étage , un grenier à fourrage . Derrière ce bâtiment , la salle du moulin contenant quatre paires de meules : trois d’entre elles , dont l’une en pierre de France et les deux autres en pierre bleue , ont un mètre cinquante de diamètre , la quatrième en pierre de Bouvignes de première qualité a un mètre trente-six de largeur et appartient au meunier . Dans la dite halle se voit en outre une machine à vapeur fixe , sans détente ni condensation , de la force de six à sept chevaux , à cylindre vertical ayant volant et arbre moteur .
L’étage supérieur sert de magasin surmonté d’un grenier à charpente de chêne.
Une dernière partie s’étend au-dessus de la Senne et s’appuie sur l’autre rive . Elle comprend la roue hydraulique d’un diamètre de six mètres et d’un mètre de largeur .
Au n°58 , une maison d’habitation contiguë .
À l’époque , l’on faisait remarquer qu’aussi bien le moulin de Bon Secours que le moulin de la Barbe ne profitaient chacun que d’une partie du courant de la Senne puisque celle-ci se partageait en deux autour de la Petite-Ile . Le plein courant ne profitait qu’au Bantmolen installé en aval .
De plus , l’administration pouvait restreindre la hauteur des eaux retenues quand elles ne faisaient pas carrément défaut en été . Dés l’année 1851 une partie des eaux était détournée .
Le moulin de la Barbe depuis la première enceinte .
Tableau de J.-B. Van Moer en l’Hôtel de Ville de Bruxelles .
Le moulin de la Barbe (copyright AGR) .
Collection GS
Cette partie de la place Fontainas est formée par le côté droit de la rue d’Anderlecht qui se trouvait derrière le moulin de la Barbe .
(photo vers 1895)
Collection GS
Cette carte postale d’époque 1900,mais dont la vue doit dater de 1880, est intéressante car les trams sont encore en traction hippomobile – la remorque attend son attelage – tels les lendemains de la couverture de la Senne.
Conclusion .
Quand au Cabinet des Estampes , je me suis plongé dans les quatre fardes de photographies de J.Kämpfe et que j’ai ainsi pu revoir ces rues qui nous parviennent par la magie de la jeune photographie (30 années d’existence à peine) , j’ai pensé qu’il faudrait élever un monument à l’arpenteur-juré Victor Besme qui voulait simplement assainir la Senne pour ne pas détruire le centre historique de Bruxelles où de nombreuses maisons des XVIème et XVIIème siècle subsistaient encore . Les autres reconstruites après le bombardement de 1695 étaient souvent encore plus belles . Et si les bords de Senne aux façades arrière pourries devaient être détruites rien n’empêchait de sauver le reste . De fait , le centre a été détruit trois fois : le bombardement , la construction du pertuis et la modernisation . Ces deux dernières destructions étant des opérations purement immobilières , car l’épidémie de choléra de 1866 aurait été évitée avec une Senne assainie .
Une Senne propre avec ses ponts , un centre ville avec ses petites rues .
Pas besoin d’élargir les trottoirs pour freiner la circulation .
On aurait pu rêver ! .
Et en parodiant les vers de Baudelaire :
« Le vieux Bruxelles n’est plus , – la forme d’une ville
Change plus vite , hélas ! que le cœur d’un mortel…… »
Bibliographie sommaire :
Atlas de Blaeu « Secunda pars Brabantiae » 1650 .
Archives du Tribunal de Ière Instance (AGR)
Abeels , Gustave . La Senne. Ministère de la Communauté française 1983 Bibliothèque Royale de Belgique . Bruxelles et le voûtement de la Senne .
2000.
Clés et défense d’une ville . Bruxelles et son histoire . 1984 .
Christyn , J-B . Coutumes de Bruxelles . Costuymen van Brussel . 1762 .
Cloquet L. Les maisons anciennes de Belgique . 1907 .
Courouble L. La Maison Espagnole . Souvenirs d’enfance et de jeunesse .
Bruxelles 1904.
Description de la Ville de Bruxelles. A Bruxelles chez G. Fricx .
Des Marez G. Guide Illustré de Bruxelles . Monuments civils et religieux Touring Club de Belgique 1917 .
Desmeth P. Paysages bruxellois . 1937 .
Devogel , V. Légendes Bruxelloises . 1890.
Hanrez Prosper . Faut-il continuer les travaux de la Jonction
Nord-Midi ? Bruxelles 1918 .
Henne et Wauters . Histoire de la Ville de Bruxelles. 1845 .
Hymans Louis . Bruxelles à travers les Âges . 1882 .
Jacquemyns Guillaume . Histoire contemporaine du
Grand Bruxelles 1936 .
Mabille A. Bruxelles . 1886 .
Mahutte F. Bruxelles vivant . 1891 .
Martens Mina . Introduction à l’étude des moulins à eau de Bruxelles ,
le Folklore Brabançon n° 149 . Mars 1961 .
Schmitz Marcel . Figure de Bruxelles . 1944 .
Société d’Archéologie . Le Vieux Bruxelles . Les travaux du Comité du Vieux Bruxelles . 1907 .
Van Der Vijver . Wandelingen in en om Brussel . 1823 .
Van Hamme M . Les origines de Bruxelles . 1945 .
Van Neck L. 1830 Illustré . 1904 .
Van Tichelen J. À l’ombre d’un vieux sanctuaire . 1925 .