Archives de catégorie : Logement

Bruxelles s’endette.

A politique inchangée, la dette bruxelloise devrait exploser et se chiffrer à 19 milliards en 2028 au lieu des 13 milliards d’aujourd’hui. Ce sont des journalistes de L’Echo qui le révèlent, sur base d’une étude entreprise par des économistes de l’UNamur, coordonnée par l’ancien commissaire au Plan Henri Bogaert.

« A politique inchangée », s’empresse de rétorquer notre ministre du Budget Sven Gatz (Open VLD), qui affirme que cela ne sera pas le cas, tant pour ce gouvernement que pour le suivant. Comprenez: la dette devra rester soutenable et pour cela il n’y a pas d’autre issue que de diminuer les dépenses et d’augmenter les taxes. Le Plan d’Urgence Logement devrait aussi en faire les frais, mais pas seulement.

Le chantier du Métro3 – et ses dépenses non anticipées par l’équipe Vervoort – n’est pas pour rien dans cette situation qui va mettre la Région en disette. Bruxelles espère toujours la baguette magique de Beliris et du Fédéral pour amortir ces frais, liés à une infrastructure qui devrait aussi profiter aux navetteurs. L’article de L’Echo vous en dira bien plus.

Exode urbain.

Les Bruxellois qui continuent à quitter la Région ont un revenu plus élevé que les nouvelles personnes qui viennent vivre à Bruxelles, dixit l’Institut bruxellois de statistique et d’analyse (BISA), qui vient de publier ses travaux. Une certaine classe moyenne quitte Bruxelles pour la périphérie et parfois même plus loin, à la recherche d’un jardin et de prix d’immobilier plus abordables. Le phénomène n’est pas neuf mais se maintient depuis des années.

BX1 y consacre un bref article, mais Bruzz pousse l’analyse plus loin et Immovlan se montre plus alarmiste. Cet exode d’une population plutôt aisée se voit cependant remplacé par de nouveaux arrivants. Certains disposent de peu de revenus et parfois pas du tout. Le montant des contributions disponibles pour gérer la Région et offrir des services de qualité à tous s’en ressent. 200 millions de revenus imposables de moins rien qu’en 2019.

Et pourtant, chaque fois que des promoteurs privés créent du logement moyen dans les quartiers, le mot « gentrification» retentit, alors que Bruxelles souffre plus de paupérisation que de gentrification. Oui, il faut lutter contre les excès de la gentrification. Oui, les pouvoirs publics doivent créer plus de logements sociaux et rénover leur parc immobilier énergivore. Mais non, il ne faut pas lutter contre les tentatives de retenir une classe moyenne à Bruxelles, malgré le clientélisme qui se manifeste dans certains partis, soutenus par un monde associatif, souvent prompt à dénoncer les « riches », qui font pourtant aussi partie d’une ville mixte et doivent être amenés à « contribuer » en fonction de leurs moyens.

Une écologie populaire.

A Bruxelles la semaine dernière, la politologue antiraciste Fatima Ouassak est venue jeter un pavé dans la mare. « L’écologie de la classe supérieure blanche est un projet de confort ». Pour elle, le projet écologiste doit être pensé et initié dans les quartiers populaires. Avec son livre coup de poing « Pour une écologie pirate », Fatima Ouassak donne une véritable claque aux écologistes européens et aux mouvements pour le Climat. Une claque salutaire ? Une claque qui discrédite les dits « bobos » qui ont initié le mouvement ?

Ce sont effectivement les classes populaires qui payent le prix le plus élevé aux changements climatiques, avec leurs logements “passoires énergétiques” et leurs vieilles voitures interdites en zones basses émissions. C’est pourtant dans la classe moyenne blanche que le mouvement écologiste s’est développé. Faut-il le lui reprocher ? Qu’un mouvement de révolte naisse dans les quartiers populaires est indispensable. Il ne peut que renforcer la lutte contre le changement climatique « en pause », même si elle la divise. Qui prendra la tête d’un tel mouvement à Bruxelles, alors que les classes populaires ont des préoccupations quotidiennes urgentes d’un autre ordre ?

« Les enfants des quartiers populaires sont en Europe les personnes les plus vulnérabilisées, les plus touchées par les désastres écologiques. C’est donc d’abord de leur point de vue que le monde doit devenir plus respirable et qu’il faut construire le projet écologiste. Le point de vue des enfants est stratégique s’agissant de repenser et refonder les lieux de vie dans les quartiers populaires à l’usage de tous ». Fatima Ouassak

Happy End !

Inoccupé depuis longtemps, l’immeuble iconique de la Royale Belge à Boitsfort a bien failli être démoli pour laisser la place à l’ambassade américaine. Inspirés par un bâtiment conçu par Eero Saarinen en 1964, les architectes René Stapels et Pierre Dufau ont conçu leur oeuvre en 1967. Désireux de conserver ce témoin prestigieux de l’architecture de cette époque, le gouvernement bruxellois l’a classé en dernière minute, provoquant le désistement de l’ambassade qui voulait y construire son bunker.

Encore fallait-il trouver un autre acquéreur et une nouvelle affectation pour ce bâtiment qui a de l’espace à revendre. Chose faite. Permis accordé en un temps record. 400 ouvriers finissent d’y travailler. On y trouve des espaces de bureaux, un centre de coworking, un hôtel, des salles de conférences, des restaurants, des bars, un Food Market, un club de wellness, une piscine extérieure et une intérieure, plus 165 logements en annexe. Les derniers parachèvements sont en cours.

Vous verrez en photos à quoi ressemble l’hôtel MIX, conçu avec le très créatif Atelier Lionel Jadot, à qui nous devons déjà le Jam Hotel Brussels. Quant au Fox, c’est un nouveau Food Market qui vient de s’y ouvrir sur le modèle du Wolf en ville, mais en plus gastronomique et avec une immense terrasse en bord de l’eau. Même si les promoteurs de tous ces espaces veulent proposer des formules moins chères hors affluence, ce lieu prestigieux ne sera pas pour toutes le bourses. Boitsfort compte déjà 18% de logements sociaux et voir s’y amarrer ce paquebot de luxe, ne peut que lui assurer une encore plus grande mixité.

Photo la Royale Belge, © août 2020 Bruno D’Alimonte

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Une génération automobile.

Les Bruxelloises et les Bruxellois nés après la guerre ont sans doute vécu la période la plus prospère de l’humanité. L’eau, l’électricité, le chauffage central, les loisirs et les vacances sont devenus accessibles à la majorité d’entre eux. Enfants gâtés des trente glorieuses, ils ont vécu dans le confort et pu consommer tout ce que la pub leur faisait désirer. Tant mieux pour tous eux qui en ont joui en ignorant, de bonne foi, le prix à payer un jour pour toute cette abondance.

L’ascension sociale de cette génération a permis à plusieurs d’entre eux d’accéder à la propriété et d’assouvir leurs rêves de villa quatre façades ou de résidence secondaire, souvent exclusivement accessibles en voiture. Ma voiture, ma liberté ! La voiture comme mode de déplacement privilégié, au risque d’en devenir complètement dépendant, dans un monde qui change et qui remet en question la place de la voiture individuelle et de la voiture de société en ville: zones basses émissions, stationnement réduit, plan Good Move, fin programmée des voitures thermiques …

Une analyse intéressante de la situation dans la métropole lilloise révèle l’impasse dans laquelle se trouvent aujourd’hui un certain nombre de seniors, captifs de leurs déplacements en voiture. Peu coutumiers des transports en commun, des initiatives doivent anticiper pour les accompagner vers une mobilité quotidienne sans voiture. Trottoirs plus larges, bancs, voitures partagées plus proches, taxis abordables, offre élargie de transports en commun, autant d’éléments qui permettraient sans doute de se passer plus facilement de sa voiture personnelle.