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Le co-living en question.

Vous vous souviendrez du billet annonçant que l’échevine de l’Urbanisme de la Ville – Ans Persoons – partait en guerre idéologique contre les personnes qui louent une chambre dans un ensemble Coliving & Coworking. Trop cher. Trop chic. Trop jeune. Trop bruyant. Pas accessible aux familles. Pour mettre fin à cela, elle voulait imposer une charge annuelle de 1.520€ par chambre … ce qui les rendrait encore plus chères, mais n’en diminuera pas le nombre. Où voulait-elle en venir, alors que la Ville peine à retenir la classe moyenne ?

Coup de théâtre, cet article de La Capitale révèle que la Région a pris un arrêté de suspension de ce règlement-taxe. La Tutelle estime que cela créerait une différence de traitement entre les titulaires d’un droit réel de jouissance sur l’immeuble dédié au co-living (ayant confié la gestion de ce dernier à un tiers) et les titulaires d’un droit réel de jouissance sur l’immeuble dédié au co-living n’ayant pas confié la gestion à tiers. La Ville viole ainsi le principe d’égalité de traitement.

C’est parce qu’elle ne démontre pas en quoi la différence de traitement ainsi opérée repose sur un critère susceptible de justification objective et raisonnable que la Ville est condamnée à retirer son règlement-taxe. Mais déjà, Etterbeek – qui est dans la même situation – envisage de modifier cette motivation en espérant ainsi maintenir la mesure. De nouveaux modes de vie émergent en ville, faut-il les encourager ou les dissuader ? Affaire à suivre.

Des résistants à l’oeuvre.

Progressivement, mais sans volonté affirmée, le canal est devenu une véritable frontière entre sa rive droite – riche et prospère appréciée des expats – et sa rive gauche – essentiellement peuplée de personnes issues de l’immigration. Une véritable « ghettoïsation » de la ville. Un “ghetto européen” côté droit du canal qui traverse Bruxelles du sud-ouest au nord-est et un “ghetto d’immigrés” côté gauche.

La Région dispose de peu de moyens pour lutter contre cette évolution, qui semble irrésistible et a conduit à l’actuel apartheid de fait, en contradiction avec nos idéaux de ville mixte et équilibrée. L’implantation des logements sociaux figure cependant dans les compétences de la Région et des Communes. En les construisant volontairement du côté droit du canal, une certaine mixité pourrait se développer dans les quartiers et les écoles. Du côté gauche, on pourrait se limiter à la rénovation (urgente) des logements sociaux existants.

Avez-vous remarqué que toutes le écoles européennes se trouvent du côté droit du canal ? Le choix de l’emplacement d’une école est pourtant l’un des rares instruments à disposition de la Région pour rendre la ville plus mixte. Le combat militant et abouti pour l’installation de la nouvelle école européenne sur la rive gauche –  à Laeken – est exemplaire. Philippe Van Parijs le raconte fort bien dans cet article du  Brussels Times, traduit ICI pour vous.

photo Régie des Bâtiments

En voyage avec la STIB.

Billet d’humeur

Par cette belle journée fraîche, mais ensoleillée, la ville est belle. Les ombres et les lumières lui donnent du relief. Assis dans le bus 95, de la rue des Teinturiers en centre-ville jusqu’à son terminus place Wiener, c’est toute l’architecture bruxelloise qui défile par les fenêtres. Des maisons patriciennes à l’ordonnance classique de la place Royale, en passant devant des maisons Art Nouveau ou Art Déco, et puis cette architecture moderniste qui suit le style paquebot et les villas de style normand rattrapé par les cités jardins et le minimalisme. Sans compter des panoramas superbes sur la ville et un retour par l’avenue Roosevelt en tram 8.

Le  bus 48, lui il démarre de la place Fontainas et offre aussi des découvertes surprenantes en traversant les Marolles et la Porte de Hal, avant de s’aventurer au travers d’une série de parcs, dont les arbres n’attendent qu’à fleurir. Ensuite c’est la montée vers l’Altitude 100 qu’on découvre après avoir détaillé tant de belles demeures sur les rives de ces parcs. La descente vers Uccle Stalle est impressionnante, on se croirait dans une autre ville. On peut cependant s’en retourner à la gare du Midi en train en moins de 10 minutes.

La ville a bien changé. Sous le soleil les façades éclectiques s’avèrent attrayantes. Fini les immeubles noircis par le chauffage au charbon. Bien assis et sans le stress de la conduite, la ville s’offre sous un jour nouveau. Merci la STIB. C’est le verre à moitié plein qu’on oublie trop souvent d’admirer. Oui, la ville est belle, même si on ne peut oublier le verre à moitié vide, qu’il s’agit de remplir pour mettre fin aux inégalités criantes qui déchirent encore cette ville duale.

Que consomme votre logement ?

Le certificat PEB chiffre votre consommation théorique. Elle est associée à un code couleur ou un label énergétique (A, B, C, D, …). Il est établi par des certificateurs indépendants (liste) formés et contrôlés par la Région. Il vous donne une idée de l’efficacité de l’isolation de votre logement … qui peut aussi s’avérer être une passoire énergétique. Il est obligatoire de le produire en cas de vente ou de mise en location. Tout est résumé LA et ICI. Voilà une idée des tarifs.

Bruxelles prévoit cependant de rendre obligatoire l’obtention d’un certificat PEB pour chaque logement existant, en dehors de toute transaction immobilière et avec un calendrier de rénovation qui vise des logements à énergie quasi nulle d’ici 2050. Fort bien, mais la Région va-t-elle montrer l’exemple en isolant ses très nombreux bâtiments publics et scolaires ? Va-t-elle s’assurer de conclusions similaires dans son registre, quel que soit le certificateur ?

Vu que les travaux nécessaires pour améliorer votre score PEB ont un coût important, Test Achats propose ICI, six pistes d’amélioration du label ainsi qu’un renforcement des mesures de soutien et d’accompagnement. « Rénover les logements afin que chacun puisse disposer d’une habitation décente avec des charges supportables est une priorité ».

Good Living: peut mieux faire.

Je ne sais si vous avez été nombreux à réagir à l’enquête publique Règlement Régional d’Urbanisme (RRU), mais les critiques ont fusé de toutes parts, tant des associations, que des particuliers et même des communes et des députés de la majorité. La Libre Immo livre un bon résumé des diverses réactions à propos de l’avenir urbanistique et architectural de Bruxelles. Pascal Smet va devoir se mettre au boulot pour revoir son règlement d’urbanisme.

Soyons de bon compte, l’orientation et les intentions sont appréciées et vont plutôt dans le bon sens. Mais au-delà de ces bonnes intentions, un Règlement Régional d’Urbanisme doit définir des règles claires et justes pour tout le monde. C’est là le manque essentiel du document. Le BRAL le détaille clairement ICI. Quartier des Arts s’inquiète surtout de l’absence de mesures susceptibles de préserver les perspectives qu’offrent les grands axes sur la ville historique.

Ce projet ne convainc pas, parce qu’il n’est pas à la mesure des enjeux tant sociaux  qu’environnementaux de la ville de demain. Si une simplification des procédures s’imposait, elle amène finalement surtout de la dérégulation, soit une porte ouverte au règne de l’arbitraire. Pascal Smet entend proposer un nouveau texte avant la fin de la législature.