Happy Monday: experts remis à leur place

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Les risques d’un « gouvernement des juges » ont déjà été évoqués ici, mais qu’en est-il d’un « gouvernement des experts » ? Il est heureux que virologues et statisticiens existent, il faut bien évidemment les écouter et parfois même les départager, surtout quand la présentation des chiffres n’est pas relevante. Faut-il pour autant, que ceux que nous avons élus pour veiller à l’intérêt général de notre vie en société, les suivent aveuglément ? même au risque de détruire nos lieux de rencontre, nos cultures, nos liens sociaux, nos amitiés ?

Éradiquer le virus est l’objectif final des experts. C’est le but d’un vaccin. Ils y sont parvenus avec la polio, mais pas avec le Sida ou l’Hépatite C. Alors nous vivons avec, grâce aux traitements qui ont été découverts pour ces maladies. Avec le temps qui s’allonge et les mesures sanitaires qui se renforcent, le prix que nous payons pour les mesures d’éradication du Covidus-19 est-il encore acceptable ? Le risque zéro est-il atteignable ?  et quand on monte dans une voiture ? et quand on respire l’air de la vill ? ou lorsque l’on vit dans une zone Seveso ou près d’une centrale nucléaire ? Le risque zéro peut-il être un objectif de santé publique ?

Ce sont les questions utiles et rafraîchissantes que viennent de poser François Gemenne et Olivier Servais. Ils élèvent le débat avec intelligence et affirment leur position, dans une carte blanche publiée par Le Soir. Quels risques sommes-nous prêts à prendre pour avoir le plaisir de manger, de boire, d’aller au théâtre, de voyager, d’aimer, … Vivre avec les autres comporte des risques. Vivre reclus et sans microbes (?) est-il garant d’une vie humaine longue et accomplie ? Les auteurs estiment qu’il revient au pouvoir politique de ne pas céder à l’hystérie hygiéniste – qui nous a déjà fait enterrer notre seul cours d’eau – mais d’arbitrer un débat démocratique sur le niveau de risque que citoyens et citoyennes sont prêts à accepter pour continuer à vivre ensemble … non sans danger. Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik annonçait déjà en avril: « On a le choix entre vivre mieux ou subir une dictature ».

2 réflexions sur « Happy Monday: experts remis à leur place »

  1. Paul Vanham

    Mais accepterons-nous de prendre le risque que les hôpitaux soient débordés, et que le personnel médical doive choisir qui peut être soigné et qui ne le sera pas?
    Accepterons-nous de prendre le risque que nos parents ou proches les plus âgés ou les plus fragiles soient mis en danger de mort pour un peu plus de confort?

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    1. Francois Carton

      Très juste M. Vanham !
      Une pandémie nécessite des mesures sociales exceptionnelles. Cette carte blanche, qui pose de vrais questions, repose aussi sur un préalable tout à fait hypothétique : la permanence du Covid. Si ma mémoire est bonne, la grippe espagnole a sévi, avec des hauts et des bas, pendant trois ans avant de disparaître.
      Il suffit d’attendre, vaccin ou pas vaccin…

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