Qui « mérite » de rester en vie ?

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La question est crue. Les malades continuent à affluer. Les places en soins intensifs ne tarderont pas à se faire rares.  Commence à se poser la question du tri des patients. Le journal De Morgen (traduit par DaarDaar) y consacre un article. Sur quelle base les places en soins intensifs vont-elles être attribuées ? L’auteur Barbara Debusschere, relate que l’hôpital universitaire de Gand a décidé que désormais seuls les  patients les plus robustes auront encore droit aux soins intensifs …

« Afin d’éviter que les médecins ne doivent décider qui sauver ou non sur le tas, dans ce contexte de pandémie, un manuel éthique destiné aux hôpitaux universitaires a vu le jour”. Les médecins sont priés de trier les patients sur le volet, selon une échelle d’évaluation de santé courante, allant des gens les plus robustes et en meilleure santé à ceux qui sont fort affaiblis, malades en phase terminale et en situation de dépendance complète. Les trois « pires » catégories parmi les neuf n’auront dorénavant plus accès aux soins intensifs. Les meilleurs soins possible doivent pouvoir leur être prodigués au domicile ou au sein de la maison de repos.

Jamais, auparavant, notre société ne s’est trouvée confrontée aussi concrètement à un tel choix. La pandémie nous amène à poser crûment la question de la fin de vie, de l’acharnement thérapeutique, d’une mort souvent inutilement longue et douloureuse, d’une mort coûteuse pour la société.

 

2 réflexions sur « Qui « mérite » de rester en vie ? »

  1. Rosette DE STEFANO

    ‘Quel cynisme que d’imputer à la propagation du fléau la déplorable insuffisance des moyens médicaux mis en œuvre ! Cela fait des décennies que le bien public est mis à mal, que le secteur hospitalier fait les frais d’une politique qui favorise les intérêts finuanciers au détriment de la santé des citoyens …… 17 mars 2020 Raoul Vaneigem

     » Contester le danger du coronavirus relève à coup sûr de l’absurdité. En revanche, n’est-il pas tout aussi absurde qu’une perturbation du cours habituel des maladies fasse l’objet d’une pareille exploitation émotionnelle et rameute cette incompétence arrogante qui bouta jadis hors de France le nuage de Tchernobyl ? Certes, nous savons avec quelle facilité le spectre de l’apocalypse sort de sa boite pour s’emparer du premier cataclysme venu, rafistoler l’imagerie du déluge universel et enfoncer le soc de la culpabilité dans le sol stérile de Sodome et Gomorrhe. La malédiction divine secondait utilement le pouvoir. Du moins jusqu’au tremblement de terre de Lisbonne en 1755, lorsque le marquis de Pombal, ami de Voltaire, tire parti du séisme pour massacrer les jésuites, reconstruire la ville selon ses conceptions et liquider allègrement ses rivaux politiques à coups de procès «proto-staliniens.» On ne fera pas l’injure à Pombal, si odieux qu’il soit, de comparer son coup d’éclat dictatorial aux misérables mesures que le totalitarisme démocratique applique mondialement à l’épidémie de coronavirus. Quel cynisme que d’imputer à la propagation du fléau la déplorable insuffisance des moyens médicaux mis en œuvre ! Cela fait des décennies que le bien public est mis à mal, que le secteur hospitalier fait les frais d’une politique qui favorise les intérêts financiers au détriment de la santé des citoyens. Il y a toujours plus d’argent pour les banques et de moins en moins de lits et de soignants pour les hôpitaux. Quelles pitreries dissimuleront plus longtemps que cette gestion catastrophique du catastrophisme est inhérente au capitalisme financier mondialement dominant, et aujourd’hui mondialement combattu au nom de la vie, de la planète et des espèces à sauver. Sans verser dans cette resucée de la punition divine qu’est l’idée d’une Nature se débarrassant de l’Homme comme d’une vermine importune et nuisible, il n’est pas inutile de rappeler que pendant des millénaires, l’exploitation de la nature humaine et de la nature terrestre a imposé le dogme de l’anti-physis, de l’anti-nature. Le livre d’Eric Postaire, Les épidémie du XXIe siècle, paru en 1997, confirme les effets désastreux de la dénaturation persistante, que je dénonce depuis des décennies. Evoquant le drame de la «vache folle» (prévu par Rudolf Steiner dès 1920), l’auteur rappelle qu’en plus d’être dés armés face à certaines maladies nous prenons conscience que le progrès scientifique lui-même peut en provoquer. Dans son plaidoyer en faveur d’une approche responsable des épidémies et de leur traitement, il incrimine ce que le préfacier, Claude Gudin, appelle la “ philosophie du tiroir caisse “. Il pose la question : « À subordonner la santé de la population aux lois du profit, jusqu’à transformer des animaux herbivores en carnivores, ne risquons-nous pas de provoquer des catastrophes fatales pour la Nature et l’Humanité ? » Les gouvernants, on le sait, ont déjà répondu par un OUI unanime. Quelle importance puisque le NON des intérêts financiers continue de triompher cyniquement ? Fallait-il le coronavirus pour démontrer aux plus bornés que la dénaturation pour raison de rentabilité a des conséquences désastreuses sur la santé universelle – celle que gère sans désemparer une Organisation mondiale dont les précieuses statistiques pallient la disparition des hôpitaux publics ? Il existe une corrélation évidente entre le coronavirus et l’effondrement du capitalisme mondial. Dans le même temps, il apparaît non moins évidemment que ce qui recouvre et submerge l’épidémie du coronavirus, c’est une peste émotionnelle, une peur hystérique, une panique qui tout à la fois dissimule les carences de traitement et perpétue le mal en affolant le patient. Lors des grandes épidémies de peste du passé, les populations faisaient pénitence et clamaient leur coulpe en se flagellant. Les managers de la déshumanisation mondiale n’ont-ils pas intérêt à persuader les peuples qu’il n’y a pas d’issue au sort misérable qui leur est fait ? Qu’il ne leur reste que la flagellation de la servitude volontaire ? La formidable machine médiatique ne fait que ressasser le vieux mensonge du décret céleste, impénétrable, inéluctable où l’argent fou a supplanté les Dieux sanguinaires et capricieux du passé. Le déchaînements de la barbarie policière contre les manifestants pacifiques a amplement montré que la loi militaire est la seule chose qui fonctionnait efficacement. Elle confine aujourd’hui femmes, hommes et enfants en quarantaine. Dehors, le cercueil, dedans la télévision, la fenêtre ouverte sur un monde fermé ! C’est une mise en condition capable d’aggraver le malaise existentiel en misant sur les émotions écorchées par l’angoisse, en exacerbant l’aveuglement de la colère impuissante. Mais même le mensonge cède à l’effondrement général. La crétinisation étatique et populiste a atteint ses limites. Elle ne peut nier qu’une expérience est en cours. La désobéissance civile se propage et rêve de sociétés radicalement nouvelles parce que radicalement humaines. La solidarité libère de leur peau de mouton individualiste des individus qui ne craignent plus de penser par eux-mêmes. Le coronavirus est devenu le révélateur de la faillite de l’État. Voilà au moins un sujet de réflexion pour les victimes du confinement forcé. Lors de la parution de mes Modestes propositions aux grévistes, des amis m’ont remontré la difficulté de recourir au refus collectif, que je suggérais, d’acquitter les impôts, taxes, prélèvements fiscaux. Or, voilà que la faillite avérée de l’État-escroc atteste un délabrement économique et social qui rend absolument insolvables les petites et moyennes entreprises, le commerce local, les revenus modestes, les agriculteurs familiaux et jusqu’aux professions dites libérales. L’effondrement du Léviathan a réussi à convaincre plus rapidement que nos résolutions de l’abattre. Le coronavirus a fait mieux encore. L’arrêt des nuisances productivistes a diminué la pollution mondiale, il épargne une mort programmée à des millions de personnes, la nature respire, les dauphins reviennent batifoler en Sardaigne, les canaux de Venise purifiés du tourisme de masse retrouvent une eau claire, la bourse s’effondre. l’Espagne se résout à nationaliser les hôpitaux privés, comme si elle redé couvrait la sécurité sociale, comme si l’État se souvenait de l’État-providence qu’il a détruit. Rien n’est acquis, tout commence. L’utopie marche encore à quatre pattes. Abandonnons à leur inanité céleste les milliards de bank-notes et d’idées creuses qui tournent en rond au-dessus de nos têtes. L’important, c’est de « faire nos affaires nous-mêmes » en laissant la bulle affairiste se défaire et imploser. Gardons-nous de manquer d’audace et de confiance en nous ! Notre présent n’est pas le confinement que la survie nous impose, il est l’ouverture à tous les possibles. C’est sous l’effet de la panique que l’Etat oligarchique est contraint d’adopter des mesures qu’hier encore il décrétait impossibles. C’est à l’appel de la vie et de la terre à restaurer que nous voulons répondre. La quarantaine est propice à la réflexion. Le confinement n’abolit pas la présence de la rue, il la réinvente. Laissez-moi penser, cum grano salis, que l’insurrection de la vie quotidienne a des vertus thérapeutiques insoupçonnées. » 17 mars 2020 Raoul Vaneigem ________________________

    Rosette DE STEFANO rosette.destefano@gmail.com http://www.rosettedestefano.com

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