De la peste au coronavirus

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Les fléaux sont une chose commune, mais on croit difficilement aux fléaux lorsqu’ils vous tombent sur la tête […]. Le fléau n’est pas à la mesure de l’homme, on se dit donc que le fléau est irréel, c’est un mauvais rêve qui va passer. Mais il ne passe pas toujours et, de mauvais rêve en mauvais rêve, ce sont les hommes qui passent […]. Ils n’étaient pas plus coupables que d’autres, ils oubliaient d’être modestes, voilà tout, ils pensaient que tout était encore possible pour eux, ce qui supposait que les fléaux étaient impossibles. Ils continuaient à faire des affaires, ils préparaient des voyages et ils avaient des opinions. Comment auraient-ils pensé à la peste qui supprime l’avenir, les déplacements et les discussions ? Ils se croyaient libres et personne ne sera jamais libre tant qu’il y aura des fléaux ».
« La Peste », Albert Camus (1947)

 Un fléau mondial – le premier de l’ère numérique – et dans lequel télévisions et réseaux sociaux remplacent le chœur des tragédies antiques. Un fléau qui nous convainc qu’il n’y a pas de continent ni de statut social privilégiés. L’épreuve nous rappelle que la vie n’a pas de prix, et que l’Etat qu’on voulait brûler redevient protecteur. L’Europe riche, l’Occident dédaigneux, la Chine puissante retrouvent leurs peurs séculaires.
Jean-Claude Soulery (La Dépêche)

2 réflexions sur « De la peste au coronavirus »

  1. LM

    Merci pour ce texte de Camus qui nous rappelle qu’un fléau peut nous enlever la liberté à laquelle nous croyions. Merci aussi pour cet extrait journalistique qui nous rappelle que, face à ce fléau, nous sommes tous égaux, il n’y a pas de privilégiés. Beaucoup d’entre nous, avons reçu une bonne claque ! LM

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