Le coronavirus masque une autre tragédie

___________________________________

Les décisions drastiques du gouvernement fédéral désarçonnent Bruxelles et tout le pays. Les scientifique les estimaient indispensables. Y a-t-il encore place pour autre chose ? Une certaine empathie pour les tragédies vécues par d’autres que nous est-elle encore d’actualité ? Les médias multiplieront sans fin les articles sur l’évolution de la pandémie qui bouscule le continent et la planète. Tout le reste passera désormais à l’arrière-plan. Et pourtant, je voudrais vous entretenir de la situation des réfugiés de guerre en détresse à la frontière gréco-turque. Face à cette situation dramatique, que le CIRÉ avait déjà dénoncée ICI, une septantaine d’intellectuels européens viennent d’exhorter l’Union européenne à accorder une protection temporaire à ces personnes qui cherchent refuge.Leur brève carte blanche, parue notamment dans Le Soir, mérite d’être lue.

 Après s’être déchargée de ses responsabilités sur la Turquie, l’Union européenne se plaît à saluer le rôle de « bouclier » (dixit Ursula von der Leyen) d’un de ses Etats-membres. La Grèce a en effet été chargée de contrer le flux de migrants, ce qui rend impossible la tâche d’accueillir ceux qui fuient l’horreur d’une guerre menée contre eux par un État criminel. Jean Ziegler, qui s’est rendu en Grèce sur l’île de Lesbos, décrit dans un texte poignant, les conditions inhumaines dans lesquelles sont entassées des dizaines de milliers de personne qui fuient la guerre en Syrie. Cette stratégie, mise en œuvre intentionnellement par la Commission européenne, est une stratégie de la terreur: en créant des conditions inhumaines dans les camps d’accueil il s’agit d’éviter que les réfugiés quittent leur pays d’origine, découragés devant ce qui les attend à Moria, à Samos…

Née des leçons tirées des catastrophes identitaires du XXe siècle, « l’Europe n’a pour légitimité que le respect du droit qui la fonde » disent les signataires de la carte blanche. « Que vaut l’Europe, si elle se fait l’ennemie de ce droit premier et fondamental ? À quoi bon des institutions européennes, s’il est permis aux États membres de refuser les obligations que leur impose le droit européen, la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, la Convention européenne des droits de l’homme et la Convention de Genève de 1951 ? »

 

1 réflexion sur « Le coronavirus masque une autre tragédie »

  1. potteve

    C’est la première chose que j’ai dite à ma plus jeune fille, accablée par la fermeture de son université pour 6 semaines: tu as un toit, du chauffage, des vêtements, un lit pour dormir, de la nourriture de qualité et en suffisance, un ordinateur avec une connexion internet, un téléphone, des livres, et la quasi-certitude que cette pandémie se calmera dans un avenir plus ou moins proche. Eux là-bas entre la Turquie et la Grèce, ils sont rejetés de partout, crèvent de faim et de froid, mangent de la nourriture avariée (quand il y en a) et dorment sur des cartons et du béton, sans vêtements chauds, sans hygiène, sans soins médicaux, et ils ne savent pas de quoi demain sera fait. Ils n’ont pas choisi d’être les victimes d’une guerre que prolongent deux autocrates russe et syrien, dans l’impunité totale que leur donnent le silence et l’inaction des autres nations occidentales soi-disant humanistes et civilsées. On se croirait revenu aux lâches accords de Munich de 1938. Des terroristes potentiels les réfugiés? mais non enfin: a-t-on oublié que les terroristes responsables des attentats étaient nés et avaient grandi chez nous ? Mes grands-parents et mes parents (et mes oncles et tantes) ont été, temporairement, des réfugiés en France lors de l’exode de 1940, bien que dans des conditions bien plus humaines. Nous pouvons tous être amenés un jour àdevenir des réfugiés malgré nous.

    Répondre

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.