Bruxelles s’émancipe

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Bruxelles, petite métropole d’âmes multilingues, mais aux règles bilingues. 184 nationalités (et plus encore d’idiomes) mais deux Communautés. Décalage entre la ville qui vit et les institutions qui se figent sur l’ambiguïté belge. La Belgique s’est construite sur deux modèles : celui qui divise le territoire en trois Régions et celui qui répartit les citoyens en trois Communautés. A l’intersection de ces deux théories, Bruxelles. Qui doit se battre, depuis trente ans, pour s’asseoir à la table des grandes, la Flandre et la Wallonie. Et s’arranger avec la coexistence, sur ses 162 kilomètres carrés, de deux Communautés. D’où une organisation d’une complexité paralysante. C’est Véronique Lamquin qui résume ainsi Bruxelles dans un article du journal Le Soir.

Septante pour cent des Bruxellois citent le bilinguisme de la Ville-Région comme un élément fondateur de la bruxellitude, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir suivre des cours de néerlandais ou en faire suivre à leurs enfants. Une affirmation citoyenne du Soir, qui anticipe une évolution politique ? Pas sûr que les esprits soient mûrs, dans le reste du pays, pour concéder à Bruxelles l’émancipation institutionnelle dont elle a besoin pour devenir une véritable Ville-Région.

Bruxelles a toujours été le caillou dans la chaussure confédérale…
La N-VA veut imposer un « choix aux Bruxellois »: les habitants de la capitale devraient opter entre appartenance francophone ou néerlandophone. Des sous-nationalités inacceptables pour les francophones, pour nombre de Bruxellois néerlandophones et pour tant d’allophones. La fronde de l’Open VLD bruxellois face aux exigences de leur présidente nationale, le changement de nom des socialistes bruxellois néerlandophones de One Brussels ou le rapprochement de plus en plus fort entre les deux partis verts de Bruxelles, augurent bien d’une création possible de partis bruxellois multilingues, indépendants de leurs instances communautaires.
On veut y croire.

2 réflexions sur « Bruxelles s’émancipe »

  1. Francois Carton

    Bravo « mtdpt », absolument, bravo! Vous pointez la raison de notre relative pauvreté (état des infrastructures, fréquence STIB en chute libre quand les navetteurs sont absents etc.) et celle de l’opulence affichée des deux brabants. La RBC n’obtiendra jamais aucune sorte de reconnaissance d’être ainsi la vache à lait de la Flandre et de la Wallonie, c’est une évidence : mieux vaut mordre la main qui vous nourris que de reconnaitre sa dépendance ou pire la constitution d’une dette.
    Puisque nous sommes de toute façon « cordialement » détestés, voire carrément méprisés, je ne vois vraiment pas pourquoi la RBC se priverait de dénoncer ces transferts haut et fort ainsi que de demander une compensation plus juste que le fond Beliris par ailleurs surveillé par nos belles-mères.
    Nous n’obtiendrons de toute façon aucune justice en nous taisant : affirmons-nous !

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  2. mtdpt

    Est ce un voeux pieux, ou une vraie réalité d’espérer une vraie autonomie de Bruxelles.
    Les citoyens sont prêts, et ceux vivant à Bruxelles se reconnaissent essenciellement comme Bruxellois avant de mentionner leur langue principal.
    Les politiques ne sont en général pas prêts. Certes, les signaux se multiplient, mais les partis restent dans une marge mesure inféaudés à leurs directions en Flandre et Wallonie. Comme des parents qui ne divorcent pas, pour « protéger les enfants », Flandres et Wallonie ne veulent pas laisser Bruxelles prendre son autonomie complète. le principal challenge pour ces deux régions est qu’un autonomie accrue porterait sans doutes rapidement la question de la fiscalité, et donc des taxes payées sur le lieux de travail plutôt que sur le lieux de résidence. Comme démontré dans un de vos articles récents, les transfers, vus sous cet angle, seraient très différents, la Flandre bien moins contributrice, et la Wallonie face a un probleme encore plus important.
    La particratie Belge n’est juste pas prête pour une vraie régionalisation. Le sera t elle avant la faillite du systeme?

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