L’intégration pour toutes et tous

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Billet invité

Henri Goldman fait part d’un autre point de vue à propos du parcours d’intégration bruxellois, rendu obligatoire par le gouvernement, mais pas mis en œuvre et pas obligatoire pour tous les nouveaux Bruxellois. Il le développe plus largement dans un chapitre de Demain Bruxsels.

La décision d’obligation a été prise par le gouvernement bruxellois précédent. Mais elle pose des problèmes de mise en œuvre, notamment parce qu’il s’agit d’une compétence communautaire pour laquelle ce n’est pas le gouvernement bruxellois qui est compétent, mais le collège de la Cocom.

Je suis en faveur de cette obligation comme je suis en faveur de l’obligation scolaire. C’est-à-dire comme un service universel. Or, ce n’est pas du tout le cas : sont exemptés de cette obligation tous les ressortissants de l’UE ainsi que les ressortissants turcs, par convention bilatérale les assimilant à des Européens. Soit… une bonne moitié des nouveaux migrants.

De toute façon, le dispositif mis en place est incapable de rencontrer la demande. Seulement un tiers des primo-arrivants non européens trouveront une place auprès des institutions existantes (francophones et flamandes) dans les 3 ans de leur arrivée. Si on voulait pouvoir les accueillir tous, il faudrait au moins doubler les budgets.

 Dans ces conditions, l’accueil des nouveaux migrants s’apparente beaucoup plus au logement social : il n’y a pas assez de places par rapport à la demande. Il faut donc les réserver aux personnes prioritaires. Le système actuel de l’obligation est de ce point de vue complètement pervers, puisqu’il interdira désormais à une infirmière roumaine (donc européenne) recrutée pour s’occuper de nos aînés d’avoir accès au parcours, alors qu’elle obligera l’épouse au foyer d’un cadre japonais de multinationale à le suivre (gratuitement, hein) alors que ça ne lui sera d’aucune utilité, ni d’ailleurs à la société belge.

 

2 réflexions sur « L’intégration pour toutes et tous »

  1. Francois Carton

    « On » nous vante la flexibilisation numérique à tous les étages de la société; « on » mange notre bien-être à toutes les sauces pour y satisfaire et « on » est incapable de distinguer dans l’application d’un programme absolument nécessaire, une épouse de cadre japonais d’une infirmière roumaine ??
    C’est ahurissant.

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  2. potteve

    Je trouve qu’un parcours d’intégration OBLIGATOIRE est vraiment crucial pour les épouses de citoyens issus de pays où les femmes ne sont guère encouragées à fréquenter l’école ou des cours d’alphabétisation et d’apprentissage d’une langue autre que leur langue maternelle et à s’intégrer dans la société du pays d’accueil, quand cela ne leur est pas carrément interdit par leurs maris. Il s’ensuit un repli sur la communauté de personnes du même pays d’origine et des problèmes de communication avec la direction et les professeurs des écoles fréquentées par leurs enfants et avec les médecins et le personnel des hôpitaux. Je pense à des cas que j’ai observés personnellement dans la communauté albanaise (ce n’est qu’un exemple), où les épouses, arrivées assez récemment, sont censées rester claquemurées à la maison à faire les courses, les repas, le ménage, faire des enfants et les élever, sans pouvoir sortir de chez elles, sinon pour passer exclusivement du temps avec d’autres femmes albanaises.

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