Garder intacte sa capacité d’indignation


On nous donne à voir des enfants, des femmes, des vieillards, des hommes, rassemblés dans des cars et puis déversés comme des déchets en plein désert, sans réserves d’eau et de nourriture. Citoyens d’une ville, qui est aussi la capitale de l’Europe, pouvons-nous ne pas nous indigner devant le drame qui se déroule dans le désert algérien ? Pro ou anti Francken, les Bruxellois peuvent-ils faire autre chose que de condamner unanimement ce qui s’avère encore plus redoutable que le bannissement du Moyen Age ?

Devant l’horreur de l’innommable, il ne nous reste que les droits fondamentaux, l’ultime perche à laquelle nous raccrocher. La Ligue des Droits de l’Homme les rappelle fort heureusement. « Ces droits fondamentaux n’ont pas vocation à changer le monde, mais à garantir à chaque personne le respect de certaines prérogatives minimales liées à sa liberté et à sa subsistance. Ils reposent sur l’idée que nous sommes des êtres humains, pas des animaux ou des pierres. Quels que soient nos vices et nos qualités personnelles, nos capacités, notre niveau d’éducation et de richesse, ces droits sont censés nous être dus. C’est la raison pour laquelle la promotion des droits fondamentaux semble indissociable de la lutte contre les exclusions ».

Le respect des droits fondamentaux ne règle pas tout. « Il est a priori compatible avec le maintien des inégalités, il se borne à assurer à chacun le respect d’une série de prérogatives fondamentales. Il n’a pas pour objectif d’assurer le bien-être de tous. Le respect du pluralisme politique et social constitue justement une de ces prérogatives fondamentales. Cela signifie qu’une société respectueuse des droits fondamentaux verra forcément subsister des désaccords sur ce qu’est une société juste, sur la nécessité de promouvoir ou non davantage d’égalité réelle entre les individus, ou sur la manière de contribuer pratiquement à une société plus égalitaire.

Si vous trouvez le temps, vous pourriez lire la suite en pages 5 à 7 de l’article  » Aux marges des Droits  » de John Pitseys du CRISP dans la Chronique de la Ligue des Droits de l’Homme.

 

1 réflexion sur « Garder intacte sa capacité d’indignation »

  1. photoaponte

    Je me sens de plus en plus seul… Face au sort réservé à tous ces migrants, qu’ils soient réfugiés politiques ou économiques, je me sens de plus en plus seul. Autour de moi, des gens que je connais depuis longtemps tiennent des discours dignes de Theo. Des voisins, des collègues, des amis qui s’émeuvent de voir un pauvre chien souffrir de la chaleur enfermé dans une voiture sur un parking se montrent froids, indifférents au sort de ces milliers de personnes que l’on repousse dans le désert, qui se noient en mer ou qui sont réduits en esclavage dans des pays tels que la Libye. « La Belgique ne peut pas accueillir toute la misère du monde » semble être devenue la nouvelle devise nationale. Que dis-je? La nouvelle devise européenne ! Une Europe qui me déçoit de plus en plus ! Des gouvernements élus « démocratiquement » y bafouent joyeusement toutes les valeurs humanistes sur lesquelles est supposée bâtie l’Europe.
    Cela me fait mal d’entendre des connaissances dire qu’il est normal que l’on pénètre dans un domicile privé si l’on subodore que l’on y abrite des migrants. Je me fâche lorsque j’entends qu’il ne faut rien donner à ces migrants, pas même de l’eau ou de la nourriture, sinon ils vont s’incruster et ne vont pas vouloir repartir dans leur pays. Non, ce ne sont pas Jan Jambon ou Theo qui me tiennent de vive voix ces discours, mais bien des personnes que je connais parfois depuis plus de 40 ans, dont certaines que je pensais compter parmi mes bonnes relations. Je ne sais pas vous, mais pour moi cela devient de plus en plus difficile de rencontrer des personnes qui pensent autrement…

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