Beaubourg débarque à Bruxelles

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Citroën à peine parti, « Kanal Centre Pompidou », ouvrira déjà ses portes le samedi 5 mai pour une grande exposition de pré-ouverture. Elle contiendra plus de 300 œuvres prêtées par le Centre Pompidou, sculptures et installations. Pas de tableaux: l’hygrométrie n’est pas adéquate dans les locaux encore bruts de Citroën. Il y aura César, Tinguely, Rauschenberg, Juan Gris, Calder, Broodthaers, … et dix œuvres commandées à des artistes bruxellois.

Nous avons souvent dénoncé le manque d’ambition de Bruxelles. Là, l’argent n’a pas manqué pour acquérir les lieux, reloger Citroën, se lancer dans une (très) lourde rénovation. Et puisque le fédéral a refusé de prêter la fabuleuse collection d’art moderne qui croupit dans ses caves, un plantureux contrat de 10 ans a « dû »  être signé avec le Centre Pompidou et ses conseillers artistiques rémunérés à Paris. Certains ne sont pas loin de considérer qu’on va assister à une « colonisation française »  consensuelle, alors que « l’extraordinaire acuité du Belge et son intérêt pour l’art contemporain « est cependant reconnue à Paris.

Bernard Blistène, le patron du Musée d’Art Moderne du Centre Pompidou, sera à la manoeuvre. Il s’agit manifestement d’un grand Monsieur, avec une réflexion et une vision d’avenir. Il s’exprime dans une interview exclusive accordée au Soir« Il est plus difficile de collectionner l’art du temps présent que l’art du passé. Cela procède toujours d’une forme de pari sur le futur ». « L’un des vieux débats de Bruxelles, c’est de ne pas avoir constitué une grande collection d’art moderne et contemporain, alors que tout était là pour le faire : l’extraordinaire acuité du Belge et son intérêt pour l’art contemporain. Les plus grandes collections étaient là, les gens, même des institutions, les conservateurs ne demandaient que cela mais ils n’avaient pas les moyens. Donc l’idée de constituer les prémices d’une collection d’aujourd’hui est un des axes importants de cette exposition ». « Les œuvres sélectionnées sont celles d’artistes déjà bien repérés et qu’il était temps de pouvoir acquérir. Et puis l’opération sera renouvelée régulièrement, on verra véritablement s’établir une collection, et ça, c’est formidable  ».  « Créer un musée est un acte politique. C’est le lieu des consciences ».

Le futur projet ©D.R. Le Soir

1 réflexion sur « Beaubourg débarque à Bruxelles »

  1. Patricia

    Quand on a demandé à Winston Churchill de couper dans le budget des arts pour l’effort de guerre, il a répondu : “Alors pourquoi nous battons-nous ?”

    Patricia

    Répondre

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