L’échec inadmissible des enfants francophones en lecture

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Mauvais résultats pour les enfants de France, très mauvais pour les enfants francophones de Belgique et exécrables pour les Bruxellois francophones. La presse explique et s’émeut, le politique gesticule. On peut certes incriminer les enseignants, voire les élèves et leurs parents, mais ne faut-il pas s’interroger aussi sur cette langue élitaire qui s’impose à tous mais que peu maîtrisent ? Une langue a qui on a interdit d’évoluer depuis longtemps, contrairement à d’autres qui ont procédé à de salutaires simplifications ? Merci l’Académie française, qui ne manquera pas d’y voir une tentative de nivellement par le bas.

À Bruxelles, pour une majorité d’enfants, le français n’est qu’une lingua franca scolaire, distincte de leur langue maternelle et de leur culture.  C’est à partir de cette langue étrangère – dont ils maîtrisent mal le vocabulaire – que s’effectue l’apprentissage classique de la lecture. Pas par la méthode  « français, langue étrangère » toujours pas reconnue et peu pratiquée, malgré des résultats probants. Pas non plus par le plurilinguisme qui peut être un avantage comme le démontre Steven Van Garsse.

Qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas de technique de déchiffrage qu’il s’agit mais bien de la compréhension de ce que l’on lit, du plaisir qu’on y prend, de l’envie de lire par soi même. Ne pas être bon lecteur expose inévitablement à des échecs dans d’autres matières et même dans la vie.

Un premier pas pour Bruxelles ne pourrait-il être l’enseignement maternel obligatoire, pour que tous les enfants baignent déjà très jeunes dans la langue de l’école ?

4 réflexions sur « L’échec inadmissible des enfants francophones en lecture »

  1. Véronique de Potter

    Des études ont démontré que les personnes, tous âges confondus, qui regardent les films étrangers en V.O. avec sous-titres dans leur langue maternelle, non seulement ont une meilleure maîtrise des langues étrangères mais lisent aussi mieux et plus rapidement dans leur propre langue. Les petits pays dont la langue ne fait pas partie des « grandes » langues (comme le français, l’anglais, l’espagnol, l’allemand ou l’italien, par ex.), tels que les pays scandinaves ou même les Pays-Bas et la Flandre, n’ayant pas un marché suffisamment large pour justifier le doublage, diffusent les films étrangers en V.O. avec sous-titrage, et leurs populations n’ont pas l’air de s’en porter plus mal, bien au contraire. Il serait grand temps que les chaînes de télévision belges et françaises en prennent de la graine. Tous les citoyens concernés ont en principe fait au moins l’école primaire et sont donc théoriquement capables de lire des sous-titres. À ceux qui diront que le doublage de films représente de nombreux emplois, je rétorquerai que le sous-titrage c’est aussi des emplois. Seuls les dessins animés nécessitent un doublage pour les enfants qui ne sont pas encore capables de lire. Et la cinéphile que je suis ajoutera qu’on perd beaucoup à ne pas regarder les films en V.O. même si on ne connaît pas la langue des acteurs/actrices: voix, intonations, inflexions… particulières à chaque acteur/actrice. Je n’imaginerais pas un instant regarder un film japonais ou russe en version française et pourtant je ne connais aucune de ces deux langues. Mes filles ont plus appris l’anglais et le néerlandais en regardant des films en V.O. qu’à l’école et sont de surcroît des très bonnes lectrices. C’est d’autant plus simple aujourd’hui que la plupart des DVD permettent de choisir toutes sortes de combinaisons linguistiques: V.O. + sous-titres en français ou V.O. + sous-titres dans la langue du film si on veut apprendre ou perfectionner cette langue. C’est d’ailleurs le conseil que je donne aux jeunes à qui je donne des cours de remédiation en langues: d’abord regarder le film en VO avec les sous-titres en français, puis le regarder une 2ème fois avec les sous-titres en anglais ou en néerlandais, et éventuellement encore une 3ème fois sans sous-titres.

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  2. Edouard DE LOVINFOSSE

    Le journal METRO, que beaucoup d’entre nous connaissent, titrait le mardi 7 décembre 2004 « L’école francophone parmi les mauvais élèves ». Et d’ajouter « Selon Marie Arena (à l’époque ministre-présidente de la Communauté française), il faut donner de l’importance aux remédiations dès l’école primaire et revoir les taux d’encadrement (…) ».
    Il est regrettable de constater que treize ans plus tard la situation est quasiment inchangée…

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  3. gennotte

    Et si on appelait un chat un chat ? Notre Région est habitée par une quasi majorité d’étrangers dont la plupart ne maitrisent pas le français ni le flamand. A part cela, il y a aussi de écoles, celles que détestent les progressistes, où les élèves obtiennent d’excellents résultats. On n’atteindra une meilleure qualité qu’à force de volonté et d’autorité à tous les niveaux (voir Singapour) , mais avec l’organisation de notre pays et de notre région ce n’est pas gagné.

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    1. Yvan Vandenbergh

      À Singapour la population malaise d’origine est minoritaire chez elle. Suite à la colonisation anglaise les Chinois issus de l’immigration y sont prépondérants, suivis par les Indiens. C’est un Etat quadrilingue où nombre de citoyens pratiquent une sorte d’anglais dénommé « Singlish ». Dirigé fermement depuis 1965 par la famille Lee, qui maintien la bastonnade et ne craint pas les abus de pouvoir, mais qui reste très respectée pour son efficacité. Alors oui, rien de plus efficace qu’un Etat fort et éclairé … tant qu’il reste éclairé. Faut-il cependant rappeler que chez nous, la Région n’a pas la maîtrise de l’enseignement dispsensé sur son territoire ?

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