La présomption de culpabilité

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La présomption d’innocence est une garantie fondamentale pour tout citoyen d’un Etat démocratique. Mais quand un homme politique – qui exerce en parallèle une activité professionnelle – perçoit plus de 740.000 € d’honoraires (1) pour un lobbying en faveur du milliardaire belgo-kazakh Patokh Chodiev, n’y a-t-il pas présomption de culpabilité quant à la séparation de ses responsabilités civiles et politiques ? Après s’être livré à L’Echo et avoir reconnu qu’il  » n’aurait jamais dû aller trouver le ministre de la Justice à ce sujet « , ne serait-il pas sain qu’Armand De Decker fasse, comme d’autres, un pas de côté et démissionne de son mandat de bourgmestre d’Uccle pour assurer plus librement sa défense ?

Au-delà de ce geste attendu, Het Laatste Nieuws (traduit par Daardaar) demande un signal fort de la part du politique.  » A une époque où le gouvernement demande des efforts énormes au citoyen moyen, et où les réfugiés économiques sont assimilés à des « touristes sociaux », il est tout simplement scandaleux qu’un homme d’affaires ouzbek douteux puisse acquérir la nationalité belge sans parler un mot de français ou de néerlandais, et qu’il puisse ensuite échapper à une lourde peine de prison en ouvrant simplement un carnet d’adresses bien fourni. »

Et de conclure: » Le monde politique a l’obligation de réagir, s’il cautionne de telles pratiques, il ne faudra pas être surpris de voir nos citoyens, pétris d’indignation et de colère, se précipiter dans les bras des populistes et des extrêmes de tous bords « .

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(1) Armand De Decker aurait perçu plus de 740 000 euros d’honoraires pour 350 heures ( –à 2.114€ de l’heure) déclarées comme prestations d’avocat  auprès de M. Chodiev, prestations qu’aucune pièce de procédure judiciaire ne confirmerait. (La Libre et Le Soir)

2 réflexions sur « La présomption de culpabilité »

  1. LM

    Je suis tout à fait d’accord avec vous, Monsieur Vandenbergh. Malheureusement la présomption de culpabilité n’existe pas légalement ! Dans le cas de Monsieur De Decker, elle est tout à fait adaptée. Un citoyen lambda serait déjà en prison, depuis longtemps, pour de tels faits. LM

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  2. Pierre Motyl

    Le trafic d’influences peut, parfois et peut-être, ne pas être tellement différent de la « raison d’état » et en ce sens, les actes reprochés peuvent être présentés comme des « politiquement normaux » même si nous sommes libres de les désapprouver. A mon sens, c’est plutôt le Barreau qui devrait sanctionner l’avocat en le passant en commission de discipline car il a utilisé cette qualité professionnelle pour justifier de s’enrichir sans être en rien intervenu en tant qu’avocat.

    Le maïeur d’Uccle pourrait cependant, pour sa défense, citer son illustre ancêtre spirituel, Prince de Talleyrand:
    « Lors de sa nomination, il aurait dit à Benjamin Constant : « Nous tenons la place, il faut y faire une fortune immense, une immense fortune ». De fait, et dès cet instant, cet « homme d’infiniment d’esprit, qui manquait toujours d’argent » prend l’habitude de recevoir d’importantes sommes d’argent de l’ensemble des États étrangers avec lesquels il traite. Fin 1797, il provoque même un incident diplomatique en faisant demander des pots-de-vin à trois envoyés américains : c’est l’affaire XYZ qui provoque la « quasi-guerre ».
    « M. de Talleyrand évaluait lui-même à soixante millions ce qu’il pouvait avoir reçu en tout des puissances grandes ou petites dans sa carrière diplomatique. »
    — Charles-Augustin Sainte-Beuve, Nouveaux Lundis (cité dans Wikipedia)

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