Café Au Soleil et Bar espagnol asturien Llanes au Marché au Charbon (c)_saskia_vanderstichele
Un lecteur nous expédie cette étude,basée essentiellement sur l’analyse de la clientèle des nombreux établissements « branchés » créés par Frédéric Nicolay. La conclusion est prévisible: ces cafés ne créent pas de mixité sociale et favorisent l’entre soi, comme la plupart des cafés de Bruxelles et d’ailleurs.
Tout café tente de se donner une identité et crée un aménagement qui visent à attirer la clientèle qu’il cible et à décourager sa fréquentation par d’autres publics. Les écrans de télévision, les matchs de foot et les machines à sous attirent aussi une certaine clientèle et en écartent d’autres. On ne va pas au café parce qu’on a soif, mais pour se retrouver proche de gens qui nous ressemblent et ont les mêmes habitudes que nous. Quelques consommateurs plus aventureux sont heureusement intéressés par la rencontre de personnes qui ne leur ressemblent pas.
Ce qui me gêne dans cette étude, c’est l’échantillon des cafés (intentionnellement ?) retenus, c’est le mépris affiché pour ceux qui les fréquentent (qui flirte avec un racisme qui serait dénoncé s’il visait une clientèle populaire) et l’idéologie « anti gentrification » primaire sous-jacente. Si peu d’établissements ont une clientèle mixte (mais j’en connais et pourrais en citer) la présence d’établissements diversifiés dans une même rue peut cependant générer une certaine mixité dans l’espace public qui n’existerait pas sans eux.
Ah, combien reste-t-il de cafés à Bruxelles ? Et qu’est-ce qu’un café ? Bien sur il y a les références étrangères, le Café de Flore, les pubs genre Bear and Dragon, les établissements florentins, les Bier-ou WeinStubbe, tous agréables à fréquenter. Il y a en France les innombrables cafés/tabacs avec le comptoir en zinc et les banquettes en moleskine (à part les amateurs d’histoier d’O, qui connait encore les banquettes en moleskine ) et puis à Bruxelles il y avait et il y a encore quelques cafés style Stella Artois décorés en bois blond véritable ou imité en Eternit, avec de majestueuses pompes à bière soigneusement entretenues. Mais les vrais cafés, peu importe leur forme, sont ceux où on peut boire ce que l’on veut alcoolisé ou pas, et rencontrer des amis de hasard, des amateurs de foot, des gens sans plus; Et tant mieux si ce sont des amis. Et tant mieux s’il y a un grand beau long comptoir et de petites tables.
Ne soyons pas trop sévères avec ce travail puisqu’il a été réalisé par des étudiants (même si cela en dit long sur le niveau d’exigence de certains professeurs de sociologie). Comme tu le soulignes ce résultat était prévisible. Fréquenter des étudiants en école de commerce aurait permis à ces futurs sociologues de se familiariser avec le b.a.-b.a de l’entreprise: cibler clairement sa clientèle… Bref, moins d’entre-soi leur aurait évité d’enfoncer des portes ouvertes…