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” La ville est une implantation humaine où des inconnus peuvent se rencontrer ” (Richard Sennett) commence joliment Michel Hubert qui se réjouit dans la revue Politique de constater que le centre de Bruxelles soit au cœur des débats, même sans qu’on sache s’il en sortira gagnant pour autant.
Bruxelles n’a toujours pas retrouvé son statut d’espace privilégié de rencontre et de connexion, ainsi que d’espace agréable à vivre et dont les Bruxellois sont fiers. Comme le redéploiement commercial souhaité par la Ville n’a pas encore véritablement débuté, c’est la fonction de séjour qui a le plus bénéficié de l’entrée en vigueur du piétonnier, en particulier pendant les mois d’été. Il était ainsi réjouissant de voir les boulevards centraux devenir un lieu fédérateur favorisant les rencontres entre des populations d’origines diverses, et ceci loin de la gentrification redoutée par certains.
Michel Hubert épingle le rôle que les médias ont joué en mettant l’accent sur les problèmes de propreté, d’accessibilité en voiture et de sécurité pendant la période de test. Cela en a dissuadé plusieurs, notamment parmi les plus nantis, d’expérimenter ce nouvel espace public et d’y faire leurs achats, au grand dam de certains commerçants, spécialisés ou situés en périphérie du piétonnier, qui en sont venus à craindre pour leur survie économique. “Le moment est donc venu pour la Ville d’assumer pleinement son choix en faveur d’une zone centrale à la fois lieu de vie pour ses habitants et lieu de destination pour ses visiteurs, plutôt qu’espace de transit, de circulation et de distribution vers les différents quartiers”. Et déjà un commentaire.
Dans une “ville-Région polycentrique où les quartiers nantis sont de plus en plus éloignés de la ville-centre et lui tournent volontiers le dos en développant leurs propres socialités et centralités” il va être compliqué d’éviter que l’offre commerciale du centre historique ne se concentre à terme sur ses cibles « captives » : les touristes, les noctambules et les habitants des quartiers avoisinants…
Il n’y a en effet que pour ces publics que le centre historique soit incontournable. Tous les autres Bruxellois trouvent facilement leur bonheur dans d’autres “centres” et si la Ville ne met pas en place une politique commerciale réaliste et ambitieuse on assistera rapidement à un grand remplacement de commerces qui laissera un certain nombre de petits indépendants sur le carreau.
Il est en particulier nécessaire de « construire encore de nouveaux parkings” pour accueillir les voitures (bientôt électriques ou hybrides) de ceux qui, par goût ou nécessité, restent attachés à ce mode de transport et dont le centre-ville a besoin pour garantir la mixité sociale. Le Pentagone est effectivement “loin de la gentrification redoutée par certains” et si on se réjouit du « coup de pouce décisif que Picnic the streets donnèrent à la détermination de la Ville » on redoute que les aspirations « décroissantes » de certains ne conduisent en toute logique le commerce du centre-ville à la décroissance.
Arrêtons d’avoir peur de la gentryfication car le retour d’une classe moyenne contriburea à redynamiser cette zone au profit de tous.
Je suis tout à fait en accord avec Jean. Bruxelles trouvera son salut en grande partie dans le retour des classes moyennes en son sein.
Une gentrification serait d’ailleurs bien la preuve d’une amélioration de la qualité de vie dans le Centre, quand d’aucuns affirment (ou redoutent) le contraire.